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RIVAL TURF

L'Intro Manquante et Autres Absents

par sanjuro article, galerie d'images



Rushing Beat, la version japonaise de Rival Turf, comporte une intro qui a été retirée pour la distribution internationale. Elle n'était pas fabuleuse, d'accord, mais elle n'était pas mauvaise non plus; et puis c'était déjà bien qu'ils aient pensé à en faire une. Alors de là à l'éliminer, c'est franchement exagéré ! Si l'on devait trouver une raison à cette décision idiote, je ne serais pas surpris que ce soit la même que pour Pocky & Rocky, ils n'ont pas voulu traduire le texte (comprendre: payer un traducteur) mais eux n'ont même pas choisi de laisser les images.

Cette petite intro, qui apparaît immédiatement après le logo Jaleco, possède en particulier quelques modestes effets bien tournés que les fans de la Super Nintendo auraient mérité de voir. Ils donnent un style cinématographique dramatique convaincant. Il y a par exemple un zoom en transparence qui sert de transition assez sophistiquée.



Le scénario, de même, a été complètement altéré pour ne pas dire jeté par la fenêtre. Dans Rival Turf, on nous dit que ce sont deux amis, des justiciers, qui vont arrêter un gang, alors que le dos de la boîte parle lui, en anglais, de deux frères ! Dans la version américaine, il est apparemment aussi question de secourir la copine du héros, Heather.

En réalité, dans Rushing Beat, nos deux protagonistes sont des policiers d'une ville fictive Neo-Cisco (apparemment inspirée par Los Angeles, même si le nom fait penser à San Francisco) et leur relation plutôt filiale puisque le plus âgé est comme un père pour le plus jeune. Ce dernier a une soeur journaliste, Maria, qui lui a confié une cassette vidéo sur une organisation criminelle qui travaille sur un "stimulant" (comprendre: une drogue). Maria est kidnappée et les bandits veulent la cassette en échange de sa liberté. Plutôt que d'obtempérer, le duo de choc part leur casser la figure.

Du coup, la fin chez nous a aussi été modifiée. Elle se passe toujours entièrement sur le toit mais a été nettement raccourcie et un peu remaniée, le boss a une réplique et les héros le dernier mot, The End. Dans Rushing Beat, nos deux brutes au grand coeur retrouvent d'abord Maria, puis il y a un échange entre eux et seulement après le boss meurt. Flak ne dresse plus le poing, par contre leur bouche et leurs yeux sont animés. Et puis après surtout, on enchaîne avec un générique de fin et la liste de l'équipe de développement. C'est vraiment irrespectueux de l'avoir retiré de Rival Turf. Encore un sale coup des Américains (c'est de leur version dont on hérite, comme d'habitude).

Si vous voulez voir le générique de fin manquant, consultez le second supplément.



Un extrait de la fin de Rushing Beat




Mais ça ne s'arrête pas là. Je ne sais pas qui s'est chargé de l'adapter pour l'Occident (Jaleco USA probablement), mais ils avaient de toute évidence très envie de charcuter le contenu du jeu. Commençons par le moins important (encore que...): tous les noms ont été changés, les héros comme les ennemis. (Jack) Flak et (Oozie) Nelson s'appelaient en réalité (Rick) Norton et (Douglas) Bild et le big boss Kintark au lieu de Big Al. Les trois premiers ennemis qu'on rencontre ont pour nom Kamikaze, Ride, Slick et non Bullet, Case, Skinny. Mais c'est quelque chose que Final Fight faisait aussi, comme de retirer le sang d'ailleurs, qui apparaît dans Rushing Beat quand on se sert des armes.

En prime, ils ont noirci le visage de Nelson dans Rival Turf. Du coup, c'est maintenant un Noir ! C'est le seul changement contre lequel on ne va pas s'offenser. On a l'habitude avec les Américains et leurs histoires de race. La pause aussi assombrit l'écran maintenant, ce n'était pas le cas avant, mais ce n'est qu'un détail. Par contre, là où on atteint un nouveau degré de fumisterie est que la version occidentale a aussi été dégradée techniquement.

Rushing Beat : cette sortie rouge
en fond manque à Rival Turf

Rushing Beat : aux pieds du héros, on peut voir
une fine nappe de brouillard en transparence;
elle aussi est absente de Rival Turf

Dans Rushing Beat, l'eau est animée
et le bateau tangue !

Dans Rushing Beat, l'eau est animée
en scrolling parallaxe sur 7 plans !




Pourquoi tous ces retraits ? On ne sait pas. La cartouche fait la même taille dans les deux régions. Peut-être certains passages nécessitaient d'être reprogrammés alors au lieu de faire cet "immense" effort ils ont préféré carrément les couper, mais c'est juste une hypothèse. En tout cas une chose est sûre, le jeu y perd esthétiquement, surtout au niveau 5. Priver le décor de fond de son animation fiche vraiment un coup à l'ambiance, ça devient la mer morte.

Vous en voulez encore ? Non, mais il y en a quand même ! Le menu d'options de Rushing Beat est aussi différent. Il contient déjà une option difficulté à trois niveaux (Easy, Normal, Hard), la possibilité de s'ajouter une vie ou de s'en soustraire, ainsi que des continus, et le mode Anger est activé par défaut, ce qui n'est pas le cas chez nous. Notre Rival Turf n'a qu'une seule difficulté qu'on suppose Hard ou Very Hard étant donné le mal qu'il donne. Jaleco avait fait la même chose avec Super Earth Defense Force version euro; ils avaient retiré le mode facile et d'autres avantages. Il y a des paires de claques qui se perdent.


Aucun doute: même si cela tient à peu de choses, Rushing Beat est plus complet que Rival Turf. Certains distributeurs en Europe et aux Etats-Unis avaient vraiment le don de nous prendre pour des abrutis. Si vous voulez lire la conclusion de toutes ces observations et découvrir les dernières différences, celles du gameplay, allez lire le troisième supplément, Le Micro-Test de Rushing Beat.

le 21 octobre 2015
 


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