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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SUPER NINTENDO (16-bit)


Ah, Pilotwings sur Super Nintendo ! Comme un grand ciel bleu d'été sans nuages.

Pilotwings

Pilotwings

パイロットウイングス
Suppléments:

3 x Bonus Chances


Souvenirs

 Super Nintendo

Développeur:
Nintendo

Editeur:
Nintendo
Genre:
Simulation de vol

Joueurs:
1P

Dates de sortie
21.12.1990 Japon
08.1991 USA
04.1992 Europe
dur Difficulté:

85%Graphismes
96%Animation
90%Son
92%Jouabilité
87%Durée de vie

92%92%
Trucs et astuces

Mots de passe:

985206 Leçon 2:
394391 Leçon 3:
520771 Leçon 4:
108048 Mission 1:
400718 Leçon 5:
773224 Leçon 6:
165411 Leçon 7:
760357 Leçon 8:
882943 Mission 2:

C'est un printemps ou un été que l'on garde pour se réchauffer en hiver, lorsqu'il fait trop froid pour rester le nez dehors, car il n'est jamais aussi bon qu'en cette période de l'année. Remarquez que c'est une impression très subjective, Pilotwings est un jeu d'hiver pour moi mais peut-être de canicule pour d'autres. C'est une question de nostalgie, de vécu, cela lui donne une place particulière bien au chaud dans ma mémoire, comme un certain jeu de la NES, à tester un jour. Et quand je pense à Pilotwings, immanquablement des souvenirs précis se forment. Vous pourrez les lire tout au long de cet article, ou séparément dans le supplément accessible ci-dessus.

LIRE LE PREMIER SOUVENIR
La Tête dans les Nuages

Pilotwings, tout le monde devrait le savoir, c'est le triangle d'or - pour ne pas dire la Triforce - du lancement de la Super Nintendo; celui qui, aux côtés de F-Zero et juste un peu en retrait de Super Mario World, comme deux chevaliers suivant sa majesté, allait démontrer que cette nouvelle console de Nintendo alliait puissance et esprit de jeu. Lorsque la presse commença à parler de F-Zero et Pilotwings avant que quiconque ait pu y jouer, l'idée qui ressortait de ces previews était qu'il s'agissait surtout, pour employer un terme moderne, de démos techniques. Les effets visuels saisissants des deux jeux, et jusqu'ici uniques dans leur genre, semblaient surtout là pour épater la galerie et être voués à voler la vedette au contenu. C'était sans compter le talent de Nintendo pour façonner de vrais grands jeux.

Cela dit, dès que la cartouche est enclenchée, on est prévenu. Le titre arrive du ciel en grossissant et en tournant sur lui-même sans s'arrêter jusqu'à finalement nous traverser. Le message est clair, il y a suffisamment de zooms et de rotations dans ce jeu pour donner le vertige. En outre, Pilotwings n'est pas du même calibre que F-Zero. Ce n'est pas nécessairement une évidence, le jeu de course, par sa vitesse et la surface très détaillée du plan qui sert pour le mode 7, pourrait passer pour plus abouti. Mais en réalité Pilotwings est beaucoup plus intense, au point que Nintendo a dû rajouter un processeur dans la cartouche, le fameux DSP-1, pour épauler la console quand elle effectue des redimensionnements d'image et des calculs géométriques.

Welcome to the Flight Club

La première chose que l'on vous apprend est que vous êtes membre du Flight Club. Un club de vol nommé Club de Vol, c'est original. Il y a quatre instructeurs dans ce club, Tony, Shirley, Lance et Big Al (qui n'est pas gay). L'un après l'autre, ils vont vous initier à des activités aériennes, elles aussi au nombre de quatre: le saut en parachute, l'aéroplane, le rocket belt (ou jet pack) et le deltaplane. Vous commencez d'abord avec deux épreuves (le saut et l'avion), puis vient s'en ajouter une troisième (rocket belt), le deltaplane remplace le saut avec le troisième instructeur et enfin vous terminez avec quatres épreuves sur chacun des engins.

Les épreuves sont toujours différentes, même si pour sa part le saut en parachute change très peu. Vous êtes noté sur plusieurs critères durant ces tests. La précision de votre atterrissage est toujours un facteur clef, viennent ensuite les anneaux traversés, le temps, l'angle, cela varie, tout comme le nombre de points, selon l'épreuve et l'instructeur. Si vous atteignez le score demandé, vous recevez un diplôme qui contient un précieux mot de passe et vous passez immédiatement au programme suivant, sinon, eh bien, vous n'avez plus qu'à recommencer ! Ce qui n'est pas un problème puisque vous disposez d'autant de tentatives que nécessaire.

Vol de Nuit

La première fois que l'on joue à Pilotwings, une chose qui rend curieux et impatient, est de savoir exactement ce qui vient après le quatrième instructeur. Des indices doivent être donnés dans la notice mais sans entrer dans les détails. Nintendo n'a pas failli à sa réputation, ils ont très bien fait les choses pour que le jeu ne tourne pas trop court et conserve son intérêt. Vous devez secourir vos instructeurs dans une mission à bord d'un hélicoptère au-dessus de la jungle, c'est presque Jungle Strike avant l'heure ! Et une fois que vous avez réussi, ce qui n'est vraiment pas compliqué par rapport à ce que vous avez dû traverser jusqu'ici, vous entrez dans le mode Pilotwings Expert.

L'écran titre est passé en phase nocturne et la ville a remplacé la mer. Vous retrouvez les mêmes instructeurs, les niveaux aussi, l'ordre des épreuves n'a pas non plus changé, mais leur contenu lui est différent et se joue dans de nouvelles conditions. Une leçon se déroule la nuit, une autre sous la neige, le climat s'est endurci, le vent souffle plus fort, et bien entendu les épreuves ne sont pas simplifiées, au contraire, les anneaux et les cibles sont plus petits, les parcours plus longs et plus délicats. Ce n'est pas avant d'avoir passé ces quatres épreuves d'élite et d'avoir réussi une seconde mission de sauvetage héliportée, cette fois de nuit, que vous pourrez goûter à la vraie fin. C'était un autre Nintendo que celui d'antan, un vrai général, dont le Sceau de Qualité laissait une brûlure un peu plus profonde dans nos chairs aimantes.

Nintendo Réaliste

Et en effet, Pilotwings est loin d'être un jeu facile. Cela commence dès la prise en main, qui, normalement, est toujours d'une qualité exemplaire dans les productions Nintendo. Est-elle différente ici ? Oui, elle l'est, mais sans pour autant perdre de sa valeur. La principale différence est qu'elle n'est pas immédiate, on ne saisit pas la manette pour se retrouver autant à son aise que quand on contrôle un petit bonhomme, qu'il porte une casquette rouge ou un bonnet vert. Au contraire, quel que soit l'engin que l'on utilise, effectuer la plus simple des opérations, maintenir son axe et aller droit devant soi, demande beaucoup de pratique et d'attention avant de devenir naturel. En sorte que cette maniabilité, rigide, capricieuse, sur laquelle on doit exercer un contrôle constant comme un dompteur soumettant un tigre, devient un véritable adversaire contre lequel on est forcé de se battre.

A cause de cela sans doute, certains joueurs voient le jeu d'un mauvais oeil, sans se rendre compte qu'il ne pouvait en être autrement pour qu'il soit à la fois fantastique à jouer et un défi digne d'être relevé. On vous demande des choses relativement simples dans les leçons, traverser des anneaux, suivre un parcours, atterrir sur la piste en un seul morceau, on ne doit pas être très loin du véritable examen pour le brevet de pilote; il était donc indispensable que la maniabilité ne soit pas, elle, d'une simplicité égale. Et en toute logique, les auteurs ont choisi de calquer celle-ci sur les épreuves en lui donnant une nature réaliste, où les lois de la physique, l'inertie, la gravité, le vent, ont cours et sont appliquées méthodiquement. C'est grâce à ce réalisme aussi qu'en dépit de son ton frivole et facétieux, Pilotwings n'a pas usurpé le titre de simulation de vol, ce qui n'est pas la moindre des réussites de Nintendo.

Une fois que l'on a compris cela, on est enfin prêt à savourer cette expérience unique. Plus on s'améliore dans chaque discipline, plus on y gagne de liberté et plus le jeu devient agréable, pour finir par accomplir ce qui au départ pouvait sembler hors de portée, obtenir ses ailes de pilote à la fin du mode normal. Ensuite, tout est chamboulé avec le mode expert qui vous dégonfle les chevilles à coups d'épingle. Tout ce que l'on a accompli jusqu'ici semble subitement bien modeste face aux nouvelles épreuves où des bourrasques viennent ballotter votre avion et les cibles d'atterrissage, même vues de près, ont la taille d'un point. Si la septième leçon n'est pas facilement surmontée, c'est la huitième qui constitue le niveau le plus difficile, à égale mesure du mode Master de F-Zero.

LIRE LE SECOND SOUVENIR
Freedom !

Pendant longtemps on s'est demandé ce qui rendait les jeux Nintendo tellement meilleurs que les autres, leurs concurrents surtout se sont penchés sérieusement sur la question, il ont cru que c'était les bonus cachés et les warp zones, alors ils ont truffé leurs jeux de bidules secrets, ce qui ne les a pas rendus plus intéressants pour autant. Une chose que Pilotwings met particulièrement en valeur, et qui est récurrent dans de nombreux autres jeux Nintendo, est un sentiment de liberté. Vu que dans le cas présent il s'agit quasiment d'une expérience en trois dimensions, on serait tenté de lui en attribuer l'origine. Ce n'est pourtant pas uniquement à cause d'elle.

Même si vous avez des objectifs précis à remplir, il est très facile de s'en écarter pour aller flâner, surtout en rocket belt, où vous n'êtes limité que par le fuel et l'aire de jeu. Cette dernière, de par la technique employée est plate comme une crêpe, ce qui rend l'exploration assez monotone, néanmoins la proportion de trucs idiots que l'on est capable d'inventer pour se distraire semble phénoménale compte tenu des restrictions techniques. On peut y prendre plus de plaisir que l'on en aurait à explorer certains jeux 3-D des générations suivantes. Ce n'est pas simple à justifier par écrit mais cela se déroule le plus naturellement du monde une fois immergé dans l'univers du jeu.

Il n'y a pas de caméra, juste une vue de dessus peu utilisée, que l'on active avec L ou R. Cela suffit amplement. On se balade, on observe le paysage, on joue avec son personnage, avec la maniabilité fraîchement maîtrisée, on se donne quelques frayeurs en volant aussi bas que possible, en rase-mottes, et quelques rires en s'écrasant avec enjouement sur le tarmac. Nintendo y a pensé et à semer quelques petites animations rigolotes pour la circonstance. Il y a aussi un élément de décor destructible, parfaitement inutile, mais qui surprend beaucoup la première fois qu'on le découvre. La Super Nintendo se prêtait mal à ce genre d'exercice et pourtant ce jeu, l'un des tout premiers, offrait un sentiment de liberté unique dans la carrière de la console, que même un titre aussi avancé que Starwing ne restituait pas du tout. Son seul héritier peut-être est Super Mario Kart, qui, l'altitude en moins, favorisait aussi une certaine indépendance en incitant à se rebeller contre les règles pour aller explorer.

Aerials

Reste à parler de la technique. Il serait presque grossier de vouloir en dire plus sur l'animation, elle est exceptionnelle, on ne saurait en douter, et le restera pendant longtemps, au moins jusqu'à l'apparition du Super FX, où même là encore Pilotwings conservera un avantage esthétique sur ces polygones dénués de textures. Il n'y a beau s'agir que d'une surface vue sous tous les angles grâce au mode 7, à grand renfort d'ombres pour donner l'impression d'une perspective, parsemée de sprites traditionnels créant ainsi l'espace, tout bouge avec une fluidité naturelle et l'illusion est parfaite.

Bien sûr, cela se fait un peu au détriment du graphisme. C'est un jeu agréable visuellement, avec des couleurs plus feutrées que celles ordinairement préférées par Nintendo, qui le rendent reposant à regarder, tout comme le ciel est toujours très simple mais toujours très beau. Cependant, dès que l'on observe l'environnement de loin ou de près, les limitations de la technique deviennent visibles, et avec elles ses lacunes que la 3-D moderne a rendu plus évidentes encore. On découvre cette minuscule île perdue au milieu d'un vide monochrome qui rappelle les fonds 8-bit, tandis qu'au sol, tout n'est qu'une immense succession de carrés colorés aux bords dentelés comme des raviolis sur un tapis d'usine. Dans ces moments, déjà ressentis à l'époque, le jeu perd un peu de son charme, paraît plus froid, et le besoin de revenir à un univers plus "vivant", grouillant de pixels colorés, de sprites expressifs, se fait insistant.

Le dernier point qui apporte un réalisme recherché à Pilotwings est le son. De la musique, signée Koji Kondo, est présente, mais tout en retenue. Ce sont des "airs aériens", assez doux. La part belle est faite aux bruitages, c'est évident aussi par la disposition de l'un et de l'autre, la musique semble au second plan tandis que les bruitages sont au premier. Ces bruits d'ambiance sont en réalité peu nombreux mais d'une grande importance, que ce soient les courants aériens en deltaplane et lors du saut en parachute, le vrombissement du moteur en aéroplane, ou les fusées du rocket belt. Très convainquants, ils sont en symbiose avec le gameplay et une touche inestimable pour favoriser l'immersion.

LIRE LE DERNIER SOUVENIR
Tête Brûlée

Ce n'est pas l'un des jeux les plus connus de Nintendo, peu nombreux sont ceux qui y ont joué sur leur Super Nintendo, et parmi eux, il n'est pas certain qu'on lui ait accordé l'attention qu'il mérite. C'est bien une erreur, parce qu'à plus d'un titre Pilotwings est un grand cru, rendant les débuts de la magnifique console encore un peu plus légendaire. Peu importe que ce ne soit pas de la véritable 3-D avec des polygones et tout l'attirail, cela se joue exactement de la même façon, en longueur et en largeur, mais surtout en profondeur et en hauteur, de un à trois mille huit cent pieds. C'est pourquoi on peut en parler comme de la véritable première expérience 3-D de Nintendo. Pas étonnant, ayant commencé si tôt, qu'ils se soient sentis confiants quand le passage définitif eu enfin lieu avec des jeux comme Mario 64 et Ocarina of Time.

C'est pour cela aussi que dans son contexte, la transition de 8 à 16-bit, Pilotwings était quelque chose d'incroyable: un jeu où vous étiez libre d'explorer un univers à trois dimensions. Sur consoles, en 1990, c'était une innovation. Mais avant tout, Pilotwings est un vrai jeu. Certes, s'il a la profondeur visuelle d'un jeu en 3-D, il n'en a pas celui du contenu; il compense cela admirablement par sa difficulté savamment dosée, et le réalisme de sa jouabilité, toutes deux fort stimulantes. Qui, en appuyant sur le bas de la croix de direction, ne s'est jamais senti comme le pilote tirant vers lui de toute ses forces le manche à balai pour redresser son avion effectuant un piqué ? Au cours de chutes vertigineuses et de manoeuvres casse-cou, tout comme dans ses moments de détente et de batifolage, Pilotwings procure une forme d'ivresse que seuls les grands jeux sont capables de donner.

le 21 décembre 2007
par sanjuro



Jeu testé en version française
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