NES Super Nintendo Master System Mega Drive PC Engine Neo Geo

select a console »
TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SUPER NINTENDO (16-bit)


L'homme a régné, mais ses jeux n'ont pas toujours fait mouche.

Spider-Man and Venom: Maximum Carnage

Spider-Man and Venom: Maximum Carnage

Suppléments:
Comics :
La Série Originale

Niveaux :
La Liste Complète


Prologue

 Super Nintendo

Développeur:
Software Creations

Editeur:
LJN
Genre:
Beat'em up

Joueurs:
1P

Dates de sortie
09.1994 USA
09.1994 Europe
trop dur Difficulté:

85%Graphismes
80%Animation
83%Son
52%Jouabilité
75%Durée de vie

59%59%
Trucs et astuces

Niveau caché:

Après le niveau Prospect Park 2, si vous prenez Venom, durant la scène où il est torturé, appuyez à répétition sur X jusqu'à ce que son excroissance entre dans le canon. Cela lui permet de s'échapper plus tôt pour profiter de ce niveau caché.

5 continus:

Passez l'écran titre pour aller à l'écran suivant intitulé « Start Game » et, sur la seconde manette, appuyez sur Haut, Haut, Bas, A, B, Select.

5 vies:

Comme précédemment, à l'écran « Start Game », prenez la seconde manette et appuyez sur Bas, Y, B, R, L, Select.

Super résistant:

Toujours à l'écran « Start Game » et avec la seconde manette, pressez Gauche, L, A, X, Y, Select. Vous pourrez prendre beaucoup de coups avant que votre barre d'énergie commence à baisser.

A la fin des années 80, un changement s'opère dans les bandes dessinées Marvel. Le trait devient plus agressif, plus caricatural aussi, le ton même des histoires s'assombrit. Dans les années 90, les extrêmes s'accentuent encore et des personnages résolument monstrueux comme Venom et Carnage font leur apparition. Le rictus démoniaque qu'ils arborent en permanence dévoile des rangées de dents acérées; ce sont des visions de cauchemar, et d'ailleurs, lorsque Carnage n'est pas dans la peau de son Symbiote, il est un tueur en série.

Chaque décennie, depuis la création de Marvel dans les années 40, avait bien sûr apporté ses nouveautés et l'image de son époque. Mais jusqu'ici, il s'agissait toujours d'un progrès. Dans les années 80, Marvel semble avoir atteint son apogée visuelle, et peut-être même scénaristique, grâce à des artistes comme Bob Layton et Mark Bright. Cependant, même la violence relative de la décade suivante ne nous avait pas préparés à ce revirement stylistique qui prit des allures d'effondrement.

Mais le public lui ne semblait pas s'offenser de ce qu'on lui offrait. Tout du moins le public américain, car le magazine Strange, qui publiait les histoires Marvel en France, disparut dans ces années-là. L'Amérique, qui sous ses airs puritains aime à se gorger de violence, ne bouda pas ce nouveau Marvel plus sournois que celui d'hier.

Dr Software et Mr Creations

Durant l'été 1993, Marvel publie une grande aventure de Spider-Man l'opposant à Carnage, où chacun des deux reçoit le soutien de renforts célèbres. Juste un an après le quatorzième et dernier épisode de Maximum Carnage, un jeu vidéo est mis sur le marché simultanément sur les deux 16 bits de Nintendo et Sega. Il est publié par LJN, une division d'Acclaim, et développé par Software Creations. C'est leur seconde coopération sur un jeu Spider-Man, après Arcade's Revenge, où l'homme-araignée s'alliait aux X-Men dans un jeu d'action tendance plates-formes.

Avec Maximum Carnage, Software Creations s'attaque aux beat'em ups. Mis à part des conversions de Renegade et Double Dragon, c'est leur première incursion dans le genre. Ils ont une bonne réputation jusqu'ici. On leur doit l'excellent Solstice sur NES, sa suite sur Super Nintendo, moins réussie mais somme toute convenable, une adaptation de The New Zealand Story, parmi beaucoup d'autres jeux, certains en tant que sous-traitant de Rare, britannique comme eux.

Seulement, Software Creations a plusieurs visages, comme le fameux personnage de Stevenson. Le personnel varie sensiblement d'un jeu à l'autre. Par exemple, Solstice est la création de Michael Webb, qui a aussi travaillé sur Arcade's Revenge et Equinox, mais pas du tout sur Maximum Carnage (il se contente de le convertir pour la Mega Drive). De même, on retrouve les frères Follin, notamment responsables de la musique, dans tous les jeux précités, sauf Maximum Carnage.

Une autre fratrie célèbre, John et Ste Pickford, travaillait elle aussi chez Software Creations. On leur doit Plok, mais ils contribuèrent à d'autres titres, notamment Equinox, et, nous y voilà, Maximum Carnage. Ils revendiquent ces jeux comme les leurs, c'est-à-dire qu'ils en avaient le contrôle créatif. Et c'est intéressant, car, comme Solstice est supérieur à Equinox, qui souffre de plusieurs défauts, Arcade's Revenge est supérieur à Maximum Carnage, qui est lui rongé par les siens.

New York, New York

Ni le jeu, ni la notice n'expliquent d'où sortent Venom (le monstre noir) et Carnage (le monstre rouge). Si vous souhaitez le savoir, lisez notre supplément Prologue. Software Creations adapte la bande dessinée au pied de la lettre, sans rajouter quoi que ce soit qui ne s'y trouve pas. Parfois, tant de fidélité donne de bons résultats (Batman Returns), mais ce n'est pas nécessairement un gage de qualité.

Carnage s'échappe de l'asile psychiatrique Ravencroft en commettant un massacre. Peu après, il s'adjoint l'aide de deux super vilains, Shriek, une folle aux attaques soniques, et Doppelganger, une caricature bestiale de Spider-Man dotée de six bras. L'original, pendant ce temps, vaque à ses occupations dans les méandres de New York, cette grande toile d'araignée où se passe toute l'histoire. Le démarrage dans ce premier niveau est assez plat, typique d'un beat'em up, où l'on tape sur les voyous qui arpentent une rue borgne.

On enchaîne des niveaux courts mais nombreux, que l'on pourrait qualifier, pour être poli, d'hétéroclites, ou si on ne l'est pas, de décousus. La faute à la BD, peut-être. Ceux de cogne sont tellement bourrés d'ennemis qu'on ne peut pas dire qu'ils souffrent de leur brièveté. Ceux avec des super vilains sont très intenses, mais pas pour les bonnes raisons. Nous y reviendrons. Souvent, ce sont juste des duels, sans rien d'autre avant. Il y a aussi un niveau de grimpe, un seul, vers le début, et un autre qui ne sert franchement à rien (il faut appuyer une fois sur un bouton... si l'on veut). En sorte que si le jeu a près de 20 niveaux, il n'en a pas la durée par le nombre mais par la difficulté.

L'idée ambitieuse est qu'à certaines occasions, on a l'option de choisir entre le brave Spider-Man et l'effrayant Venom pour poursuivre l'aventure, ce qui modifie parfois la suite du parcours. La jouabilité aussi, mais plus modestement.

L'intro qui nous montre l'évasion de Carnage, tout comme les cinématiques suivantes, sont présentées dans des cases directement reprises à la BD. Le système est plus élaboré que dans Arcade's Revenge : les séquences sont assez longues, avec un grand nombre d'images réparties au long des niveaux; des animations très simples font transition. C'est très bien fait. On est un peu moins impressionné par le dessin, qui varie en qualité. Certaines vignettes ont un beau rendu, d'autres ressemblent à du coloriage sous Paint.

Vilaine Faute

Ce coup de crayon qui fait sourciller se retrouve aussi dans la partie action, à deux endroits : les décors et les ennemis communs. Déjà, certains lieux sont trop sombres, comme la rue et le QG des Quatre Fantastiques. C'est peut-être pour masquer la simplicité du décor, pas très détaillé, avec ses larges zones colorées et son trait mal assuré. Le problème est encore plus flagrant parmi la meute de petites frappes.

On croise toujours les mêmes dans des couleurs différentes. Il n'y en a que six : l'homme à l'imper, le jeune à casquette avec la tête de Puff Daddy, les nanas à la chevelure-fouet, les gros lards, les bonhommes aux parapluies, ridicules, et les flics. Leur graphisme puéril les fait ressembler à des cartoons. On dirait qu'ils se sont trompés de jeu, ce qu'on ressent aussi avec le décor. Peut-être cherchaient-ils Bugs Bunny ou la Panthère Rose ? Il y a un vrai problème d'harmonie dans le graphisme. Si les super héros et leurs adversaires capturent bien le style des comics, tout ce qui les entoure échoue lamentablement.

C'est là qu'on pense à Ste Pickford, qui était le directeur artistique du jeu et sur qui retombe cette grosse faute esthétique. Il a appliqué son propre style, plutôt enfantin, que l'on retrouve dans Plok et Equinox (qui est joli mais ne correspond pas non plus à celui de Solstice), au lieu d'adapter correctement Maximum Carnage. L'ironie du jeu est qu'il suit fidèlement la BD, mais s'égare visuellement. A côté, même Lethal Foes, aux graphismes traditionnels, est plus satisfaisant : son style au moins est uniforme.

Heureusement, il y a les héros. Ou surtout, les vilains. Car si Spider-Man est assez réussi, on l'a déjà vu plus arachnéen. Ses différents invités surprises, dont aucun n'est jouable, ont une animation limitée avec des poses pas toujours très sexy. Quoique tout passe trop vite pour vraiment s'en soucier. Mais ce sont surtout les méchants, en y incluant l'ambigu Venom, qui en imposent. Si tous les sprites sont grands, ceux des deux Symbiotes sont massifs, colossaux. Lorsque Carnage transforme ses membres démesurés en armes, comme un certain Terminator, il semble vouloir déchirer l'écran.

Ses sbires sont malheureusement désservis par une animation rigide. En particulier Demongoblin et Carrion, qui ont pourtant les plus beaux sprites. Ils savent lever le bras et c'est à peu près tout. Avec des images aussi vastes (sprites et cases de BD), il ne reste plus rien pour l'animation des personnages secondaires ! Venom, cette masse de muscles, possède lui la puissance du personnage, qu'on ressent d'ailleurs mieux dans son physique que dans le gameplay.

Super Vilaine Faute

Justement, finie la rigolade, place au carnage, au vrai : la jouabilité.

A priori pourtant le jeu répond bien. Spider-Man et Venom ont deux techniques principales, le coup de poing et les prises (ils se chevauchent; très agaçant). Une fois qu'on a attrapé un ennemi, on peut, entre autres choses, le soulever à bout de bras pour le jeter sur ses camarades. On dispose aussi d'un super coup qui consomme de l'énergie, d'un autre que l'on gagne seulement après avoir visé juste (dur, dur), d'un autre encore, radical mais complexe, qui nécessite d'aligner deux victimes de chaque côté.

X et A contrôlent la toile, respectivement pour s'accrocher et pour tirer sur les ennemis. Là, on est déjà moins content. Se balancer est relativement aisé... tant qu'on ne cherche pas à faire quelque chose de précis avec, comme de se battre ou de s'élever pour récupérer des items. On se rend compte alors qu'il n'y a pas assez de place et que la toile ne s'accroche plus au sommet de l'écran, ce qui est incohérent pour Spider-Man.

Le bouton A permet de tirer des boulettes paralysantes, d'amener la proie vers soi ou de créer un bouclier dont je n'ai pas encore trouvé l'utilité. On peut aussi ramper sur les murs, ce qui permet de s'accorder un break. Une grande latitude de mouvements et de coups — peut-être trop grande, car on oublie de se servir de certains, aussi parce qu'ils ne sont pas assez flexibles. On se rabat presque toujours sur les coups de base, plus rapides d'exécution, et cela devient lassant.

Super Vilaine Faute : Part II

Mais là où tout déraille vraiment est quand on arrive aux boss. Et l'on y arrive souvent ! Sur les 20 niveaux, la moitié sont des combats de boss. Comme le jeu suit aussi fidèlement que possible la BD, il n'y a que 5 super vilains, Carnage et son gang, et ce sont donc eux qu'on affronte encore et encore. Au début, individuellement, plus tard, au complet. Le reste du temps, les ennemis ordinaires sont élevés au rang de boss. Dans tout le jeu, il n'y a qu'une rencontre qui ne soit ni l'une, ni l'autre !

On n'affronte jamais plus de deux super vilains en même temps, mais c'est assez pour que la situation soit intenable. Ils attaquent comme des furies et sont invincibles la moitié du temps. On cherche des ouvertures, mais on ne trouve que leurs poings pour nous battre ou nous expédier un laser en pleine figure. Doppelganger ressemble à un dieu Hindou mais se bat comme un chien enragé, l'insupportable Shriek passe son temps à tirer et décoler. On est submergé, on est impuissant. Et surtout, on est scandalisé par ce gameplay abominable, ou minable tout court.

A-t-on jamais vu un jeu qui s'arrange pour avantager autant les boss en leur procurant des invincibilités opportunes ? Un exemple criant d'injustice : face à face avec Demongoblin, le réflexe est de le rouer de coups de poing, mais il arrive malgré tout à en placer un après chacun des nôtres. En regardant nos barres de vie, on découvre outragé que nos coups qui portent avec impact ne l'affectent aucunement, alors que les siens, si ! Et forcément, dans une telle situation, on meurt. J'ai disputé beaucoup de combats de boss sur 8 et 16 bits mais j'en ai rarement vu avec un gameplay aussi épouvantable.

Délivrance

Pour triompher de ces 20 niveaux, de leur multitude d'ennemis, de leurs boss exterminateurs récurrents, on possède 3 vies et un seul continu. Au secours ! Maximum Carnage serait-il le beat'em up le plus difficile de sa génération ? Peut-être pas. Tout dépend si vous savez. Savez quoi ? Chut ! Ses secrets.

Sword Master, que nous testions le mois dernier, était aussi axé sur les boss, nombreux, mais eux variés. Pour les vaincre, il fallait apprendre une technique pour chacun. Dans Maximum Carnage, il n'y a pas de technique. A la rigueur, il y a des expédients, mais sur lesquels on ne peut compter. Le seul moyen de gagner est de miser sur les renforts et sur les secrets.

Les renforts, ce sont les autres super héros auxquels Spider-Man et Venom font appel. Mais il faut les trouver, car ce sont des items. On en ramasse à partir de The Deep et on les active avec L et R. Une fois appelé, le super héros déboule de nulle part, exécute une attaque et disparaît. C'est comme un pouvoir. Or, même ici le gameplay est vaseux. L'apparition n'arrête pas le combat, on continue de se prendre des coups et le héros ne va pas chercher les ennemis, il faut que ce soient eux qui se placent convenablement ! Tu parles de super héros, super godiches, oui ! Du coup, les résultats sont très divers et pas toujours décisifs.

Mais malgré tout, ce sont des atouts puissants et l'on peut en ramasser beaucoup, à condition de connaître les emplacements. Certains sont dissimulés dans le décor, d'autres en possession d'ennemis. Et ce ne sont pas les seules choses qui s'y trouvent, il y a aussi des vies et de précieux continus. Chaque niveau ou presque a ses secrets. Mais les plus grands, les plus occultes, sont les secret rooms. La notice n'en dit mot. Ce sont des salles avec du menu fretin et des bonus. Pour y accéder, il faut accomplir un mouvement précis à un endroit précis. Ce qui les rend si difficiles d'accès que vous pouvez traverser les mêmes niveaux plusieurs fois sans jamais les découvrir. Une autre grande idée de Software Creations !

Rouge Carnage

Avant de conclure, un mot sur la musique. On l'a dit, on doit se passer de Tim Follin (Solstice). LJN a eu recours à un groupe américain de heavy metal, Green Jellÿ, mais ce ne sont pas eux qui fournissent la bande son. Un ou deux riffs de leurs chansons sont juste adaptés pour le jeu, le thème par exemple provient de Carnage Rules de leur album 333. En somme, c'est surtout de la pub.

Le vrai compositeur, Chris Jojo, se sert abondamment de guitares électriques, que la Super Nintendo reproduit fort adroitement, comme les percussions d'ailleurs. Les airs sont assez bons dans le contexte, un peu lourds peut-être, mais ils n'auraient pas faits des tubes, que ce soit en jeux vidéo ou au Hellfest. Les meilleurs sont entendus durant les combats de boss, ce qui offre quelque consolation.

Et Maximum Carnage en a bien besoin ! Entre son graphisme mi-figue mi-raisin, son gameplay qui flirte avec l'odieux, ses secrets indispensables et sa structure originale mais biscornue, on ne peut pas dire que ce soit une expérience agréable. Marquante, ça, oui. Il ne ressemble pas à un beat'em up ordinaire, par exemple capcomien, ce qui lui donne inévitablement un certain attrait, de même que le fan de Marvel est forcé de succomber devant la présence de tous ses héros et renégats favoris.

Mais il sacrifie tout sur l'autel de la fidélité narrative. La jouabilité, le graphisme, le game design... pour finir par devenir moins qu'un jeu, un simple produit dérivé pour les lecteurs du comic. Mais bizarrement, il se produit un peu la même chose qu'avec les films Marvel actuels : malgré des défauts saillants, il finit par supplanter l'oeuvre de laquelle il était issu, dont il n'était que la progéniture, tout comme Carnage qui n'est que le rejet de Venom en devient le redoutable ennemi.

Une note pour les collectionneurs : aux Etats-Unis, Maximum Carnage existe en deux variantes, cartouche classique et cartouche rouge carmin.

le 21 août 2019
par sanjuro



Jeu testé en versions européenne et américaine
Boîte du jeu
Version américaine



Photos choisies
Cliquer pour agrandir

Toutes les photos
Taille normale 256x224
01 | 02 | 03 | 04 | 05
06 | 07 | 08 | 09 | 10
11 | 12 | 13 | 14 | 15
16 | 17 | 18 | 19 | 20
21 | 22 | 23 | 24 | 25
26 | 27 | 28 | 29 | 30
31 | 32 | 33 | 34 | 35
36 | 37 | 38 | 39 | 40


Panorama
Tout sur une page


All text and screenshots: © 2001 sanjuro, 1up-games.com