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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SUPER NINTENDO (16-bit)


Proverbe chinois: "Quand le réalisateur fait un film, l'idiot en fait un jeu."

Dragon – The Bruce Lee Story

Dragon – The Bruce Lee Story

Suppléments:
Adaptations :
Réalité, Cinéma et Jeux

 Super Nintendo

Développeur:
Virgin

Editeur:
Virgin / Acclaim
Genre:
Combat

Joueurs:
1-3P

Dates de sortie
07.1995 USA
199? Europe
trop dur Difficulté:

80%Graphismes
84%Animation
78%Son
70%Jouabilité
71%Durée de vie

73%73%
Trucs et astuces

Chi infini:

Allez dans l'écran d'options, placez-vous sur "Sound" et appuyez sur Select, A, L, A, R, et Y.

Quelle meilleure conclusion à cette série de tests de jeux-films de la Super Nintendo, que de parler d'un jeu adapté d'un film qui parle lui-même d'autres films ? C'est faire d'une pierre deux coups, discuter à la fois Dragon de Rob Cohen en 1993 avec Jason Scott Lee et de la carrière de Bruce Lee, la star des films de kung-fu à la courte carrière, mort prématurément vingt ans plus tôt en 1973. En prime, Dragon est un jeu très controversé, aimé par les uns, détesté par les autres, la faute à un mélange détonnant de qualités et défauts prononcés qui résume bien les aléas de ces adaptations de films sur Super Nintendo et les consoles en général.

Assez logiquement, Dragon est un jeu de combat face à face comme Street Fighter II. Il est pourtant très différent de celui-ci ou de ses ersatz, ce qui, tant qu'on ne s'est pas plongé dans le gameplay, est un avantage de premier ordre. On rejoue les combats clefs du film, certains venant droit des exploits cinématographiques de Bruce Lee et non d'évènements réels. Dragon était une version très romancée de la vie du petit dragon, avec du fantastique et des situations extrêmes, les mêmes procédés qui permettent à un être humain ordinaire d'être remémoré en surhomme légendaire des siècles plus tard.

Dans le mode scénario, le mode principal, de courtes scènes statiques à base d'images du film servent d'introduction à chaque combat. Malheureusement, il n'y a aucun souci de les lier entre elles et bien malin celui qui pourra déchiffrer le scénario par le jeu ! Dragon a deux particularités qui l'aident à se distinguer au sein de la foule des jeux de combat, qui plus est majoritairement japonais. Bruce (ou plus exactement un Lee qui se prend pour un autre Lee) dispose d'une barre de chi. Elle n'est pas là pour faire "chi-er" ses adversaires (encore que) mais, un peu à la manière des jeux SNK et plus tard Capcom, pour réaliser des attaques plus puissantes.

A l'inverse des jeux des compagnies précitées, quand vous utilisez votre chi gagné grâce à des coups bien placés, votre combinaison entière d'attaques change et vous la gardez jusqu'à ce que vous ayez pris trop de dommages ou l'annuliez par un bouton. Bruce peut ainsi utiliser deux formes de combat en plus de celle de base, l'une accélérant ses mouvements de façon significative et l'autre lui permettant de manier des nunchakus. Puisque chacune est totalement indépendante l'une de l'autre, c'est comme de se retrouver à contrôler un nouveau personnage et cela ne se fait pas sans risques, certaines techniques étant beaucoup moins utiles. Il faut savoir ce que l'on fait quand on utilise son chi car cela ne fonctionne pas comme une super attaque qui vous garantit un succès.

Dans un tout autre domaine, le second trait unique de Dragon est que sur un même écran jusqu'à trois personnages peuvent s'affronter simultanément. Ca n'a plus rien de neuf désormais, des jeux en mettent jusqu'à quatre, mais bien entendu en son temps cela était rarement vu. Les sprites étant assez larges, on est un peu à l'étroit pour se battre, un zoom arrière n'aurait pas été de refus. Certains duels du mode scénario se déroulent à trois, le troisième combattant arrivant une fois le match commencé, et l'on peut également se battre entre joueurs humains à l'aide du Multitap. Toutefois, deux déceptions, qui s'expliquent par les limitations techniques et la relative complexité du jeu mais qui l'amputent considérablement dans sa durée de vie: le troisième personnage est toujours un clône du second et il n'y a aucun personnage jouable dans tout le jeu autre que Bruce Lee. On comprend bien pourquoi mais c'est dommage.

Il y a une douzaine d'environnements, huit adversaires, des chiffres modestes, même pour l'époque, et c'est là qu'entre en jeu un facteur néfaste que nous avons vu tout au long de ces tests de films sur Super Nintendo, la difficulté. Première mauvaise nouvelle, le vrai mode normal est le mode "tough", c'est à dire "dur". Si vous jouez dans les modes inférieurs, vous n'atteindrez jamais le boss final, ni ne verrez la fin, l'aventure s'interrompra avant. On vous force donc à jouer dans un mode de difficulté supérieur et vous en prenez littéralement plein les dents, le petit dragon devenant le petit punching ball. Une fois encore on ne peut pas séparer la difficulté de la jouabilité, le problème du premier étant étroitement lié à la médiocrité du second.

Un exemple éloquent que l'on remarque assez tôt est que Bruce a très peu de coups efficaces, tous sont facilement contrés ou ignorés par l'adversaire qui lui place ses attaques avec l'exactitude et l'insouciance d'un robot. On se trouve alors forcé d'utiliser des techniques stupides et répétitives, des techniques dites de lâche, qui sont vraiment les seules à fonctionner face à un adversaire qui avance sur vous comme un bulldozer. Le fait que l'on incarne Bruce Lee, un maître d'arts martiaux qui avait presque toujours l'avantage sur ses adversaires, rend la situation d'autant plus humiliante et pathétique. La difficulté est de toute façon si élevée que même les procédés les plus cauteleux demandent des efforts énormes pour arracher une victoire.

Les films de Bruce Lee auraient pu inspirer aux concepteurs des coups plus violents et un meilleur gameplay. Il n'y a aucune combinaison de boutons, des demi-cercles et autre manipulations ésotériques, ce qui bizarrement n'est pas un problème en soi; ce qui l'est, c'est qu'en dépit de la simplicité des commandes cela ne fonctionne guère mieux. On peut ainsi effectuer des rondades comme mode de déplacement pour éviter les attaques ou contourner l'adversaire, c'est aussi cool qu'utile, sauf qu'on ne cesse de les réaliser accidentellement en essayant simplement d'avancer et de se baisser pour frapper. Perdre le contrôle comme ça de son personnage est une source d'irritation constante, alors quand en plus on doit gérer deux adversaires en même temps, on y laisse quelques nerfs.

Le noyau des jeux, c'est leur jouabilité, il semble que ceux qui les jouent le savent mieux que ceux qui les conçoivent. Pas étonnant qu'avec une difficulté meurtrière et une jouabilité facilement frustrante, Dragon soit devenue la bête noire de certains, un ennemi inoubliable qu'ils traînent dans la boue pour se venger de défaites cuisantes. On ne les blâmera pas, mais il faut être juste et mentionner tout de même que Dragon est un jeu soigné, et très bien réalisé tant que l'on reste à l'écart de l'interaction. La présentation est travaillée, tout fonctionne en accord, les images du film s'insèrent bien dans le jeu, les personnages sont en harmonie avec leur animation et le décor.

Cela ne veut pas dire que les graphismes sont nécessairement impressionnants, en fait, ils ne le sont pas, ils leur manquent la folie des détails, la touche de génie du pixel art japonais. Ils sont sages, chaque pixel trouve sa place, chaque couleur sa teinte la moins risquée, mais ils n'ont pas non plus le mauvais goût de bon nombre de productions occidentales, et en cela Dragon rappelle les jeux Ocean. Parfois, à l'occasion, cela peut produire des résultats au-dessus de la moyenne, comme dans le niveau final contre le démon fantôme dans son cimetière sous la pluie. Même si c'est encore trop réservé, c'est à ce moment que le style est le plus proche du savoir-faire nippon, et le démon parvient à impressionner par ses animations et ses effets visuels.

Le constat est un peu moins positif avec le son. Dans l'ensemble les musiques ne sont pas très bonnes, elles pourraient difficilement être plus quelconques et parfois elles frisent même la ringardise. Il y a quelques exceptions notables toutefois, telle que la musique d'ouverture, cinématique incluse, saisissante par son réalisme, elle nous plonge directement dans le film en créant une ambiance qui manque totalement aux autres. La musique des scores aussi est très jolie, d'inspiration chinoise, tout comme le souffle lugubre qui sert d'accompagnement sonore au cimetière. Les meilleures musiques sont en fait celles que l'on entend le moins souvent. Quant aux bruitages, ils auraient pu être mieux faits. Les fameux miaulements de Bruce ne sont pas toujours à la hauteur et on a par moments l'impression que c'est un gamin échappé d'un anime qui les pousse; les coups eux rendent bien.

Dragon est un problème insoluble, du bon et du moins bon qui explique l'existence de ses ennemis et de ses admirateurs (surtout des fans de Bruce Lee en fait) sans pour autant justifier aucune des deux. Il se montre amusant et agaçant, intéressant et ennuyeux, piteusement simpliste et honteusement difficile, c'est un sac bien noué rempli de contradictions turbulentes. Pour un jeu de combat, il manque d'épaisseur, ainsi que de précision et de subtilité dans sa jouabilité. Pour un jeu de combat occidental, en revanche, il est au-dessus de la moyenne. Il n'est ni bon, ni mauvais, ni moyen. Pour s'en faire un avis, il faut y jouer, il n'y a pas de place pour l'objectivité, Dragon est une expérience entièrement subjective et chacun s'y fera un avis basé sur sa propre expérience. Si la famille Lee est vraiment affligée d'une malédiction, peut-être que son influence s'est insinuée jusque dans ce jeu.

le 28 septembre 2006
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
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