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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SEGA MASTER SYSTEM (8-bit)


Un barbare barbotant dans la boue bat des bêbêtes aux babines baveuses.

Rastan

Rastan

Suppléments:

La Fin

 Master System

Développeur:
Taito

Editeur:
Taito
Genre:
Action

Joueurs:
1P

Dates de sortie
1988 USA
1988 France
très dur Difficulté:

71%Graphismes
79%Animation
78%Son
70%Jouabilité
86%Durée de vie

79%79%
Trucs et astuces

Continus infinis:

En allumant la console, maintenez enfoncés la diagonale Haut-Gauche et les boutons 1 et 2. Le titre apparaîtra en bleu et vous aurez de précieux continus infinis.

A l'ombre d'un arbre, sa fidèle épée posée contre lui, Rastan était traquillement assis sur un rocher, broyant à grands roulements de mâchoire son sandwich et observant les fourmis qui s'étaient assemblées autour de son gros orteil, près duquel était tombé un morceau de jambon. La sonnerie de son portable retentit avec l'air, bien entendu, de la musique des palais, sa préférée. Sans se troubler, il essuya ses mains graisseuses sur le devant de son pagne, et de l'arrière, retira son téléphone. C'était le souverain d'un royaume dont il n'avait jamais entendu parler. Le pauvre type n'arrêtait pas de pleurnicher et de se moucher, tout en racontant son histoire à Rastan, que celui-ci avait entendu maintes fois auparavant. Machinalement, il répétait les mots clefs comme pour enregistrer sa mission: une princesse... un dragon... des trésors... des dangers... Aussitôt la communication terminée, il avala d'une bouchée le reste de son sandwich, saisit son épée, et se mit en route vers les montagnes pullulant de monstres.

Parmi les nombreuses séries créées par Taito, toutes plus ou moins tombées en désuétude de nos jours, en voici une qui met en scène un gros bras qui aime les armes lourdes. Sur Master System comme en arcade, Rastan est antérieur à Golden Axe, l'autre classique barbare de la console. Les deux jeux sont d'ailleurs très différents, si l'un est un beat'em up tape-à-l'oeil à base de bourrinage et de magie, l'autre est un jeu d'action plus long et plus subtil avec des relents d'aventure. Et c'est ce dernier, Rastan, qui finalement se révèle un meilleur hommage à leur source d'inspiration commune, le Conan de cinéma et de littérature.

Pour libérer d'un dragon une princesse qui ressemble à Britney Spears, Rastan doit traverser 7 mondes. Chaque monde est construit sur un modèle presque inaltérable, d'abord un niveau le plus souvent en extérieur, puis un autre dans un palais ou dans une caverne, et enfin un boss. Quatorze niveaux donc, ce qui est loin d'être court quand on dispose seulement de trois continus. Voilà pour la mauvaise nouvelle. C'est d'autant plus dommage qu'à part une poignée de mauvais choix comme celui-ci, la difficulté n'est pas obscène comme c'est si souvent le cas sur Master System. C'est un jeu à la difficulté assez bien dosée, peut-être parce que la maniabilité, à l'exception du saut, n'est pour une fois pas mauvaise - autre carence 8-bit de Sega.

Les boss peuvent sembler trop résistants, mais en réalité ce n'est pas le cas, il s'agit juste de trouver la technique à laquelle ils sont vulnérables; ils se révèlent alors plus simples que les niveaux que l'on a traversés pour arriver jusqu'à eux. Puisque les continus sont si restreints, la difficulté principale consiste à attendre aussi longtemps que possible avant de s'en servir et donc à entretenir son énergie. Mais ce n'est pas facile ! Les recharges sont distribuées aléatoirement et on est totalement dépendant du hasard. En outre, parmi les trois types de recharge, la plus faible n'a guère d'effet alors que la plus puissante, une tête de bêlier qui restaure tous vos points de vie, apparaît rarement.

Même s'il n'y a pas l'ombre d'un coffre, il y a plusieurs autres items à ramasser pour aider Rastan dans sa quête, des protections (bouclier, tunique), des objets magiques (anneau, parchemin), et des armes pour remplacer l'épée: le fléau d'armes, la hache, et l'épée magique qui lance du feu. Malheureusement, toujours aucune volonté de nous faciliter la tâche, tous ces items sont temporaires et disparaissent après une petite minute. Et du coup, il ne reste plus qu'une seule chose sur laquelle on doit compter pour s'en sortir, son propre talent. Il en faut au moins autant que de la patience pour surmonter l'un des plus grands agacements offerts par le jeu, un saut d'une rigidité mortifiante.

Le petit Rastan a deux types de saut, un court et un long, ce dernier s'effectuant en maintenant le haut du pad de direction appuyé. Si vous voulez donc avancer tout en étant capable de réaliser un grand bond à n'importe quel moment, vous devez toujours garder la diagonale enfoncée, ce qui est un peu original ("original" dans le sens "emmerdant"). Ce n'est toutefois que le cadet de vos soucis. Ce qui rend le saut invivable quelle que soit sa longueur est qu'on ne peut en changer la trajectoire, ni l'angle de chute; on se catapulte plus qu'on ne saute. Cela rend certains passages exaspérants, quand vous devez atteindre une plate-forme mouvante en évitant les ennemis ou tentez d'effectuer un saut depuis une pente glissante. Heureusement encore que le jeu ne compte aucun gouffre mais juste des surfaces qui font mal comme le sable et l'eau; les barbares sont de petites natures, que voulez-vous.

Toujours au registre des originalités qui ne font pas plaisir, Rastan doit se méfier de la tombée du jour. Ce n'est pas aussi radical qu'un temps limite, mais cela vous oblige néanmoins à presser le pas. Après quelques minutes dans un même niveau, la luminosité décline graduellement jusqu'à ce que l'écran devienne si noir qu'on voit difficilement où l'on marche. Un couple de nouveaux ennemis en profite pour faire son apparition, la chauve-souris et la guêpe. On ne savait pas la guêpe un insecte nocturne; ne cherchez pas, s'ils ont choisi de mettre cet ennemi plutôt qu'un autre, c'est parce que ses mouvements sont aussi agaçants que ceux de son partenaire et peuvent le rendre difficile à tuer. Si ce système est compréhensible dehors, on se demande pourquoi il se déroule aussi dans les palais. Ni électricité, ni éclairage à la torche ? Allons bon ! Cela n'a pas lieu durant les boss, mais qu'on ne se réjouisse pas trop vite, les concepteurs ne s'avouent pas vaincus, ils ont eu une autre idée: nous sucer l'énergie au compte-goutte !

Quels atouts reste-t-il alors à ce pauvre Rastan dans cet univers impitoyable imaginé par Taito ? Eh bien, sa force brute et son agilité, car en dépit de sauter comme un rocher, il peut rebondir contre les parois, frapper en haut et en bas comme le Link de Zelda II, et dispose même d'un auto-fire. Il pourra aussi se consoler avec son graphisme qui, quoique peu artistique, n'est jamais de mauvais goût dans le choix de ses couleurs. Et ce n'était pas gagné d'avance avec un jeu des années 80 ! Quant à la musique, il paraît qu'elle est superbe et qu'elle a inspiré des remixes, des réorchestrations, et tout le cirque des gens sans imagination. Il doit s'agir de l'arcade alors, car sur Master System elle est jolie sans être géniale, avec ses quatre ou cinq morceaux relativement anecdotiques. D'accord, on l'avoue, on a quand même un faible pour la musique des palais. On retient plus facilement le grognement émis par Rastan quand il frappe, car on jurerait qu'il s'agit d'un chien qui aboie dans la cour du voisin.

Zut, crotte de zut, flûte, et flûte de crotte ! S'il y avait eu juste un peu plus de continus ou de recharges, ou si le saut avait été mieux ajusté, on aurait tenu un très bon petit jeu de la Master System, un qui pour une fois ne souffre pas de l'anti-trinité diabolique de la console: mauvaise jouabilité, difficulté mal répartie, et mauvais goût ostensible comme une prostituée de Babylone. Dans le cas présent, il faut retirer le "très", ce qui nous laisse tout de même un bon jeu. Bien que le graphisme soit de petite proportion, comme dans Shadow Warriors testé la semaine dernière, le monde de Rastan avec ses monstres mythiques, harpies, chimères et dragons, n'est pas désagréable à parcourir. Ni l'épée, ni le joypad n'auront le temps d'y rouiller.

le 8 février 2008
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
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