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Suppléments: | Le Test de Balloon Kid par Spoz |
Famicom Concepteur: Nintendo / Pax Softnica Développeur: Mario Editeur: ASCII / Sanrio / Character Soft
Genre: Action Joueurs: 1-2P (alternés) Dates de sortie
27.03.1992 Japon
assez dur Difficulté:
59%Graphismes 74%Animation 81%Son 84%Jouabilité 62%Durée de vie 70%70%
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Il y a en vous, quelque part bien cachée, une petite fille qui ne demande qu'à sortir. Avec ses couettes, ses rubans bleus et sa robe blanche, elle frappe à la porte de votre subconscient dès que vous voyez des bébés animaux, des créatures craquantes (Miffy ! les Barbapapa !!) ou des gadgets trop mignons. Vous avez du mal à la contenir parfois, à ne pas vous jeter sur des pacotilles en plastique rose ou à acheter le Best of de Chantal Goya (avec le DVD du Mystérieux voyage de Marie-Rose). Car cette malheureuse enfant n'a pas été gâtée au cours de votre vie. Tout ce qu'elle désirait, vous lui avez presque toujours refusé — catégoriquement depuis que vous avez atteint l'âge adulte. Occasionnellement, il vous arrive bien de feuilleter un numéro de Pomme d'Api et de regarder un épisode de Candy ou Princesse Sarah, en faisant croire au buraliste que vous avez confondu avec Paris Match et à votre conjoint que vous cherchiez un programme pour les enfants, mais la ruse est périlleuse. Seulement, la petite fille souffre d'un grand chagrin: elle voudrait tant pouvoir passer de longs moments avec Hello Kitty, son personnage préféré ! Vous vous voyez mal aller au boulot avec une sacoche Kitty ou même serrer tendrement contre vous une grosse peluche à son effigie (même si vous savez que ça vous ferait du bien), alors vous avez simplement perdu espoir. Mais il existe peut-être un moyen de déchaîner cette passion Hello Kitty refoulée... Ce recours inattendu, c'est Nintendo et le retrogaming. Nintendo, en voilà un nom pour les garçons ! Mario, le plombier moustachu, Link, l'aventurier qui sauve toujours la même princesse, Captain Falcon, le pilote casse-cou hargneux. On ne fait pas mieux. Si bien que maintenant que vous êtes adulte, on trouve parfaitement normal que vous continuiez à acquérir des jeux Nintendo: c'est le hobby de papa. On parle de collection, d'histoire du jeu vidéo, d'ouvrages spécialisés sur le sujet, plein de grands mots altiers pour masquer le fait que quand vous allumez une console, vous êtes malgré tout encore à jouer comme un petit enfant. Mais cette hypocrisie va vous servir à en dissimuler une autre dans votre quête inavouable. En mars 1992, avec le concours d'ASCII, Sanrio sort un jeu Hello Kitty sur Famicom. C'est le premier sur console et le second après Hello Kitty no Kaimono Game sur ordinateur FM-7. Jusque-là, rien d'extraordinaire: vu la popularité immense du chaton blanc, il fallait bien s'attendre à le retrouver en pixels, et quoi de mieux pour l'accueillir que la star électronique d'alors, la Famicom de Nintendo ? Seulement, il jouit d'une particularité inattendue qui le rend beaucoup plus intéressant que le simple jeu Hello Kitty qu'il prétend être. Kitty et sa soeur jumelle Mimmy partent secourir l'ours Tippy qui a été emporté par ses ballons de baudruche. Les deux chatons, qui peuvent progresser en alternance, vont utiliser le même moyen de locomotion pour traverser 8 niveaux bariolés. Et si, maintenant, on reprenait tout ça en changeant les noms... Jim a disparu dans le ciel et sa soeur Alice se lance sur ses traces en se servant des ballons responsables de son malheur. Cela vous dira peut-être quelque chose si vous avez connu le Game Boy; car ce que vous venez de lire, c'est l'histoire de Balloon Kid. Ce n'est pas juste le point de départ enfantin qui a été repris, Hello Kitty World en est bel et bien l'adaptation sur NES. Ordre de succession plutôt inhabituel. Sorti vers les débuts du Game Boy, en 1990, Balloon Kid était un petit jeu modeste qui se voulait tout de même une pseudo-suite au classique NES Balloon Fight de 1985. "Pseudo", parce que c'est le gameplay surtout qui les lie, de sorte qu'on retrouve des éléments communs à Balloon Fight dans Hello Kitty World: des ennemis en ballon, les étincelles dans le ciel qui forment des voies, et puis bien sûr le fameux poisson qui surgit de l'eau quand on s'en approche de trop près. La version Hello Kitty de Balloon Kid a été réalisée par une compagnie inconnue répondant au nom de "Mario". Plaisanterie en référence à Nintendo ? Cela se pourrait bien. Au générique, on trouve des employés de Pax Softnica, les auteurs de Balloon Kid et pendant un temps filiale de Nintendo, et de ASCII. Les similarités sont indiscutables, à commencer par la musique, sans doute l'élément le plus révélateur, qui est la même que sur Game Boy. Une exception tout de même, la musique des niveaux bonus a été remplacée par une autre; dans son cas elle était trop révélatrice, puisque c'était celle de Balloon Fight ! Tout le reste est quasiment identique, et c'est un peu comme de jouer à Super Mario All-Stars. Balloon Kid possédait un scrolling vertical qui a été supprimé sur NES, tout simplement parce que ce qu'il devait permettre de voir de l'image rentre désormais intégralement dans le cadre de la télévision. Cela a dû rendre l'adaptation d'autant plus facile. Seuls un ou deux détails ont été changés, parce qu'ils faisaient directement référence à Nintendo, comme la porte des bonus, qui était un Game Boy, ou parce qu'ils n'allaient pas avec l'esprit Kitty (les dirigeables marqués d'un FIGHT), tandis que l'univers Sanrio est plus présent, avec des personnages et deux scènes intermédiaires, toujours les mêmes, très bébés. Le concept, heureusement, est plus sophistiqué que les personnages qui l'animent. Kitty vole à l'aide de deux ballons. Si l'on en perd un, il reste encore l'autre. Si on le perd aussi, on tombe, mais si la surface est solide et accueillante, tout est encore possible. En effet, Kitty dispose d'une pompe qui lui permet de gonfler de nouveaux ballons. Seulement il faut faire vite, car le scrolling inéluctable pousse toujours vers l'avant ! Parfois, avec le bouton B, on est amené à lâcher volontairement ses "ailes" (d'autres fois aussi on se goure simplement de bouton, ce qui est plus fâcheux). L'intérêt de cette manipulation est que l'on se retrouve alors dans une situation de jeu de plates-formes ordinaire, où A sert à sauter au lieu de voler, ce qui peut se révéler utile pour se faufiler dans des passages étroits. Cet amusant système air et terre devient vite, par son originalité, l'élément le plus séduisant du jeu; on y reconnaît le tour de main de Nintendo, qui, comme à leur savante habitude, ne manque pas de peaufiner les détails. Il existe ainsi plusieurs types d'ennemis: ceux qui font directement mal à Kitty, et donc provoquent un trépas instantané, et ceux susceptibles de crever les ballons parce qu'ils sont dotés d'une pointe. Chaque créature a sa logique. Un oiseau par exemple ne fera pas de mal à Kitty mais vous prendrez soin d'en éloigner vos jolis ballons si complaisamment distendus. D'autres encore, comme les pieuvres, ne font aucun mal, ils se contentent juste, comme les crève-ballons, de vous repousser. Mais dans le contexte du jeu, c'est vous jouer un sale tour. Voler est une opération très sensible. L'élévation à la verticale est assez lente, on vole mieux si on a de l'élan. Le problème est qu'on garde ensuite cet élan, on est déporté et on a du mal à se stabiliser. Lorsqu'on heurte la moindre surface, ou, donc, certains animaux, on est repoussé vivement: on va trop vite, on se cogne contre toutes les parois, on se transforme en véritable bille de flipper humaine, enfin, pardon, en adorable bille de poils soyeux. Cela aura fait dire à certains critiques que la maniabilité de Balloon Kid, et par extension d'Hello Kitty World, n'est pas bonne. Mais ils ne voient qu'une partie de la vérité. En se servant bien de cet élan et des rebonds qu'il entraîne, on parvient à réaliser des mouvements adroits comme de petits ballets aériens. C'est un peu comme avec Pilotwings, c'est dur à maîtriser, presque pénible au début, mais une fois qu'on y est parvenu, on découvre de nouveaux horizons et on en tire un plaisir qu'on n'aurait pas connu si c'était plus simple. Balloon Kid, ancêtre de Pilotwings ?! Outre la difficulté d'apprentissage, il y a aussi celle du terrain. Le jeu devient dur à partir de la baleine, parce que les pointes au plafond se généralisent, et le devient plus encore dans la caverne, parce que les parois poursuivent leur réduction et les pointes leur expansion, cette fois au sol. Des passages tendus nous attendent à la fin, mais les continus, quoique très limités, font preuve de mansuétude dans leur replacement. Evidemment, le niveau est un peu élevé pour un produit Hello Kitty. Mais ne sous-estimons pas l'aptitude des petites filles à venir à bout de ces obstacles ludiques. Malgré tout, Hello Kitty World reste un jeu modeste, aux dimensions du Game Boy. Créature pacifique, Kitty ne dispose d'aucun moyen d'attaque, c'est ce qui aura sans doute séduit Sanrio et les aura convaincus d'en faire leur jeu. Les seules fois où elle se défend, c'est en sautant sur les boss ou en attrapant l'invincibilité. Il y a très peu d'items, juste trois avec le coeur 1UP et le dédoubleur de ballons. On ramasse des ballons pour obtenir des vies et un Perfect à la fin des niveaux. Eux non plus ne sont pas impressionnants, ils sont tous assez directs et pas très longs. A part le score et peut-être le mode à deux, il n'y a pas vraiment de raison d'y revenir une fois le jeu terminé. Mais pour recevoir ces Perfects à chaque niveau il faut maîtriser le vol, et c'est peut-être là la meilleure raison de ne pas l'abandonner trop vite. Une négligence qui coûte cher à cette adaptation est le graphisme. A la rigueur, s'il avait été beau, s'il avait utilisé les capacités de la console, cela aurait pu arranger un peu les choses. Mais parce qu'il s'agit d'Hello Kitty, cela leur sert d'excuse pour se la couler douce. Les décors sont d'une simplicité insultante pour un jeu des années 90. Par endroits cela ressemble à Safari Hunt ! A part la couleur, on n'a rien gagné de notable du passage à la NES. C'est un peu pareil avec le son, à la différence qu'il y avait de bonnes musiques sur Game Boy et du coup la transition se passe plutôt bien. Celle du niveau 2 et 5 par exemple a des intonations très Nintendo classique, période Zelda-Kid Icarus, labyrinthes souterrains et explorations enfiévrées (forcément ! elles sont signées Hirokazu "Hip" Tanaka — avec Koji Kondo, LE compositeur de Nintendo). Kitty sur un Toit BrûlantBalloon Kid était taillé pour le Game Boy de 1990, Balloon Fight lui était à la mesure des limitations de la NES de 1985 (ce qui n'empêche pas Nintendo de le ressortir à chaque compilation — NES Mini ? Bam !). Hello Kitty World par contre est indigne de la NES/Famicom de 1992. Sa fidélité au Game Boy le désavantage, même si on en retrouve aussi les bons points. Il y a des jeux Game Boy plus ambitieux, mais il n'y en a aucun vraiment qui aurait pu être adapté tel quel sur NES quand elle était à son apogée technique. Toutefois, on pourra difficilement se plaindre. Hello Kitty World n'est sorti qu'au Japon, où même là-bas il n'est pas très répandu, et eux n'ont pas connu Balloon Kid, qui était réservé à l'Occident. Un jeu rétro sympa, une curiosité en plus, quel joueur qui se respecte irait le dédaigner ? Vous voilà donc à même d'acquérir en tout bien tout honneur un produit Hello Kitty pour ajouter à votre collection parfaitement adulte et sérieuse de jeux Nintendo. La petite fille peut enfin casser ses chaînes et vous pourrez acheter tous les accessoires couverts de chatons blancs que vous souhaiterez, au grand dam de vos enfants, auxquels vous expliquerez doctement: "c'est pour enrichir les éléments annexes de ma collection Nintendo et en répertorier les influences externes." Sans vous soucier de leur réponse ou du regard atterré de votre épouse. Et sur ce, bonne nuit les petits ! (Bonne nuit nounours !) le 29 juin 2018 par sanjuro Jeu testé en version japonaise
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