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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SUPER NES (16-bit)


On sait que Nintendo veut nous prendre notre argent; on n'imaginait pas qu'ils le feraient comme ça.

Vegas Stakes

Vegas Stakes

ラスベガスドリーム (Las Vegas Dream)
 

 Super NES

Développeur:
HAL Laboratory

Editeur:
Imagineer/Nintendo
Genre:
Casino

Joueurs:
1-4P

Dates de sortie
05.1993 USA
10.09.1993 Japon
1993 Royaume-Uni
1993 Australie
très dur Difficulté:

87%Graphismes
56%Animation
63%Son
88%Jouabilité
79%Durée de vie

67%67%

Vegas Stakes, à ne pas confondre avec Vegas Steaks, restaurant graisseux envahi d'hommes obèses à la sortie de l'Interstate 15, est un jeu de casino. L'un vide les poches, l'autre remplit l'estomac. Les jeux d'argent sont peut-être le genre le plus marginal sur consoles, surtout chez nous où ils sont rarement distribués. D'ailleurs, Vegas Stakes ne l'a pas été et s'il existe en PAL dans une boîte mauve, c'est parce qu'il s'agit de la version anglaise ou australienne.

Jusqu'ici, rien d'anormal. C'est un jeu de casino comme il y en a, en très petites quantités, sur toutes les consoles: la série multi-supports des Caesars Palace, Casino Kid sur NES, Casino Games sur Master System, etc. Mais seulement, celui-ci a une double particularité: il a été développé par HAL Laboratory et il a été distribué, en Occident, par Nintendo ! Oui, HAL, les auteurs de Kirby et de Smash Bros. N'espérez pourtant pas trouver de trophée Las Vegas dans ce dernier !

Apparemment, ni HAL, ni Nintendo n'ont l'air très fier de ce jeu. Peut-être même voudraient-ils le faire oublier ? Rendez-vous compte, un jeu d'argent, qui sont interdits aux mineurs dans le monde entier, insouciamment paradé par Nintendo, avec leur logo partout sur la boîte. Ca fait un peu sourciller. Au Japon, le jeu était édité par Imagineer. Dû au rapprochement des deux compagnies, c'est souvent Nintendo qui à cette époque distribuait les jeux de HAL. En outre, Vegas Stakes est la suite d'un jeu NES intitulé Vegas Dream (Viva Las Vegas au Japon, comme le film d'Elvis Presley).

Maintenant que les présentations sont faites, voyons voir ce que cela donne quand HAL et Nintendo, ces deux caïds joufflus, prennent en charge un genre aussi discret, presque underground, que le jeu de casino. Eh bien, cela commence par un montage de bribes d'images digne d'un générique de série TV qui met en avant trois choses: le jeu, l'argent et la ville de Las Vegas. Au moins c'est clair. Ce côté télé ou cinéma est l'un des principaux charmes de Vegas Stakes et on le retrouve tout du long, y compris après avoir pressé Start.

Une Impala ou une Chevy peut-être, une de ces vieilles voitures américaines racées, sillonne une autoroute du désert. A son bord, cinq passagers. Cliff et Maria, deux trentenaires assez laids, Isabelle, une femme noire qui a l'air fichtrement déprimée, Richard, un jeune bellâtre branché, et puis vous, bien sûr, le joueur. Monsieur le joueur, comme on vous appelle. Vous vous rendez à Las Vegas et votre premier stop sera au Golden Paradise, hôtel et casino. Vous venez ici pour vous amuser et surtout, pour devenir riche.

Vegas Stakes est un jeu à personnages. C'est un autre de ses traits distinctifs. Vos compagnons toutefois ne servent pas à grand-chose. Quand vous descendez de votre chambre d'hôtel pour aller au casino, vous en emmenez toujours un avec vous. Il faut que vous soyez par paire. Pourquoi ? Apparemment juste pour ammener les dialogues nécessaires à l'interface du jeu. Dans le casino même, vous croisez également d'autres individus à travers un système original de rencontres, nous y reviendrons, et à la table de poker.

A Las Vegas, qui n'est qu'une image fixe, vous pouvez visiter cinq casinos, dont un qui se débloque seulement quand on a dépassé les 100 000 dollars, le Laurel Palace (référence à peine déguisée au Caesars Palace). Ces casinos, qui sont aussi des images fixes, ont chacun un vague thème. Cela permet d'apporter quelques menues altérations aux tables (couleur + logo). Et justement, place aux jeux ! C'est là aussi où nous attend une mauvaise surprise: tous les casinos contiennent exactement les cinq mêmes: le blackjack, la machine à sous, la roulette, le craps et le poker.

Vous n'avez que deux raisons de vouloir changer de casino: remplacer le décor et la musique, ou modifier la hauteur de vos mises. En effet, c'est l'unique différence entre les casinos, qui sont classés par standing. Au plus miteux, le Hideaway, les mises sont toutes petites, de 1 à 50 dollars; vous ne pouvez ni perdre, ni gagner beaucoup. Au Laurel Palace en revanche, la mise minimum est de 1000 dollars et il n'y aucune limite !

Voyons voir rapidement les jeux. Au blackjack, vous devez battre la banque sans faire plus de 21 avec vos cartes. Classique indémodable des casinos, c'est probablement aussi, constatation inquiétante, le plus dynamique des cinq. Au bandit manchot, on peut miser à l'horizontal ou en diagonale, mais une fois le levier baissé, on n'a plus aucun contrôle. Le 777 et le triple BAR rapportent le plus.

C'est un jeu de hasard pur, comme le suivant d'ailleurs, la roulette, autre grand classique. L'avantage est qu'on peut miser sur toutes sortes de choses: les chiffres adjacents, la couleur, pair ou impair, les colonnes, les rangées, etc. Le scraps est un peu dans le même style sauf qu'il se déroule avec des dés et que le système de mises est beaucoup, beaucoup plus compliqué. C'est même incompréhensible sans un manuel (consultable, avec d'autres descriptions, à l'écran).

Enfin reste le poker. HAL a opté pour une variante, le seven-card stud. Comme au poker classique on peut suivre, relancer ou se coucher (call, raise, fold). La différence vient de la distribution des cartes: les deux premières et la dernière sont face cachée, les quatre autres sont visibles par tous. Ca rend les parties moins risquées, peut-être aussi un peu moins passionnantes et plus tactiques. On s'y habitue bien.

La jouabilité, pour ce type de jeux, est convenable. Tout répond comme on l'attend. Un effort aurait quand même pu être fait sur la clarté. C'est sombre, un peu étriqué aussi. HAL instaure volontairement une atmosphère comme on en voit dans les films, aux salles de jeux un peu glauques (mais du coup contraire à l'image de las Vegas). Ils ont voulu rendre hommage aux films noirs, avec une esthétique plus proche de Déjà Vu que de Parlor Parlor (du pachinko clinquant). On s'en rend bien compte avec les portraits, réalistes, qui font penser à ceux de Front Mission. Le reste du graphisme aussi d'ailleurs.

Pour perturber un peu la monotonie des jeux, il y a les rencontres. Une bonne idée a priori. Des clients du casino viennent vous parler de temps en temps (un peu trop souvent même) pour toutes sortes de raisons. Certains vous demandent de l'aide, d'autres veulent vous vendre quelque chose, parfois c'est votre ami(e) qui a trouvé un portefeuille ou un ticket de loterie. Les scénarios sont nombreux, mais tout se résout rapidement par les fenêtres de dialogue, et malheureusement, l'idée est toujours la même: un coup de chance ou de malchance. Mais attention aux pickpockets ! Quand ils subtilisent de l'argent, c'est systématiquement la moitié de vos fonds. Quelle fumisterie !

Surtout que pour terminer le jeu, on vous demande de passer des 100 000 $ qui vous ont ouvert les portes du Laurel Palace à 10 millions ! Carrément ! Mais rassurez-vous, la fin est nulle. Vu la présentation du début, l'effort fourni sur le graphisme, on se dit qu'on aura droit à une jolie conclusion, travaillée et imagée... eh bien non ! Du texte (avec certes une petite idée sympathique, Earthbound-esque), un générique, et sayonara kasutoa ! La meilleure chance de faire fortune est encore au poker. Et pour mettre la chance de son côté, il y a toujours la sauvegarde. A bon entendeur...

Vegas Stakes donne l'impression de n'avoir été fait qu'à moitié, juste assez pour nous appâter. Regardez mes jolis graphismes digitalisés, mes bruitages réalistes, mon atmosphère lourde et enfumée... venez, venez mes mignons ! Et puis vlan ! une fois la porte refermée, on se rend compte qu'on a vu l'essentiel du jeu en quelques minutes. Il n'y a qu'un seul développement dans "l'aventure" et peu de vraies surprises. HAL n'en a pas fait assez et Nintendo approuve. Après tout, ce n'est qu'un jeu d'argent, et pour nous comme pour eux, le but est le même: en gagner beaucoup sans trop en dépenser. Ils peuvent même jouer les moralisateurs en nous faisant remarquer qu'à leur pieux casino, quoiqu'on fasse, on est finalement toujours perdant.

Mais attendez, ne partez pas ! come back ! Comme on l'a vu dans le film The Hangover (Very Bad Trip, in French), Las Vegas, c'est mieux avec des amis. Il existe aussi un mode multijoueurs, de deux à quatre, avec juste deux manettes que l'on partage. Le poker disparaît et pour cause: sur un écran de télévision il est impossible de masquer les cartes aux autres joueurs (à quand une adaptation sur Wii U ? on a enfin trouvé une utilité à sa manette !). Plus surprenant, le Laurel Palace demeure inaccessible passé le cap des cent mille.

Les jeux restants sont assez amusants à plusieurs. Les mises multiples, bien gérées, rendent la roulette et le craps plus joyeux. En outre, il est possible de verser de l'argent à un autre joueur. Mais oui, on peut renflouer ses camarades ! On peut aussi les laisser crever. Le désert de Las Vegas est peuplé de vautours, qui se délectent des carcasses de malheureuses créatures auxquelles la chance n'a pas souri.

le 15 avril 2016
par sanjuro



Jeu testé en version américaine
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