Lorsque rien ne va plus, lorsque le mal est sur le point de triompher et que tout semble perdu, des surhommes surgissent de nulle part pour anéantir les forces diaboliques et protéger des vies innocentes, leur nom: les super héros. Sonic Blastman est l'un d'eux. Son terrain d'action à lui, c'est les jeux vidéo et plus particulièrement la Super Nintendo où il a sauvé le monde par deux fois. Aujourd'hui, c'est la première fois qui nous intéresse. En matière de beat'em up, la Super Nintendo a été l'une des consoles les mieux servies de tous les temps. Sonic Blastman est un bel exemple de cette variété de titres pas toujours excellents mais qui jouent habilement leur carte, celle de l'originalité.
Les deux premiers niveaux du jeu jouent un tour au joueur. En dépit d'un personnage original, Taito semble avoir cantonné son super héros à un univers archi-classique de beat'em up. Décor urbain puis usine, méchants de service échappés de Final Fight et karatékas sur ressorts, pas une once de nouveauté dans tout cela. Il ne faut pas se laisser abuser, car les trois prochains niveaux ne sont pas dans la continuité. Le troisième se situe dans des égouts fréquentés par des créatures translucides et élastiques que l'on a tôt fait d'appeler fantômes. Le suivant conduit Sonic dans un laboratoire industriel contrôlé par d'agressifs robots. Et le dernier le place en orbite, dans un vaisseau spatial, face à des extra-terrestres ayant la faculté de se transformer. Entre ces missions, un jeu bonus propose d'accomplir des exploits parmi 5 évènements, vous pourrez entre autres stopper un camion fou ou décortiquer un crabe géant. Le fonctionnement est tout bête, vous pressez le bouton quand la cible s'arrête là où vous voulez frapper. Il y a trois tentatives et vos résultats sont additionnés. Une façon amusante de se démarquer du casse-voiture de Capcom.
S'il faut se pencher un peu sur le jeu pour se rendre compte que tous les niveaux sont loin d'être classiques, le premier contact avec le personnage de Sonic Blastman démontre immédiatement au joueur qu'il n'a pas affaire à un banal jeu de combat. Certes l'homme est doté de cette avantageuse musculature commune aux "street fighters" mais il est aussi vêtu de pied en cap d'une tenue de super héros voyante (un peu ridicule même avec un écran télé et une horloge sur sa poitrine). Dans le feu de l'action son look est toutefois loin d'être déplaisant. Digne représentant des super héros, Sonic dispose d'une large panoplie de coups, souvent impressionnants et toujours très agréables à utiliser: des punches à répétition, des projections (il attrape son adversaire d'une main et le fait tournoyer à l'horizontal), des smashes qui envoient valdinguer hors de l'écran, une attaque tournoyante qui lui donne le tournis et, en quantité limitée, un mega coup de poing de 100 mégatonnes qui met tout le monde d'accord et tout le monde dehors. Ces attaques puissantes sont parfois accompagnées d'onomatopées qui s'affichent à l'écran "smash !" ou "bam !". Contrairement à d'autres jeux, c'est un vrai plaisir de distribuer des pains dans Sonic Blastman. Tout y est tellement exagéré qu'on se sent vraiment dans la peau d'un super héros.
Les défis à relever ne sont d'ailleurs pas à portée du premier venu. La difficulté a beau s'échelonner sur trois niveaux, le mode facile ne l'est guère. La progression est tout de même assez régulière, à condition de mener soigneusement chacun des combats. Il faut du sang froid face aux boss qui, à l'exception du premier, ne sont pas très simples. Cependant, accumuler les méga coups de poings pour ces confrontations permet dans la plupart des cas de les expédier. A la différence de sa suite, les sprites de Sonic Blastman sont grands, les graphismes assez jolis et détaillés mais répétitifs. Certains niveaux sont aussi plus agréables que d'autres à visiter. L'animation est fluide et quelques effets de la Super Nintendo sont utilisés surtout pendant les boss comme la rotation hard. Les musiques ont leur style, assez sympa assez arcade, et les bruitages sont stimulants (paf ! paf ! paf ! plus de gnons !). Bref, techniquement, ça roule.
Le jeu ne souffre pas de défauts insupportables mais on peut définitivement lui reprocher la répétitivité des combats. Comme c'est souvent le cas dans les beat'em up, il y en a trop, ou tout du moins ils ne parviennent pas à se renouveler. On suit une ligne droite, avec une phase ascensionnelle au milieu, et on tape. L'absence de mode deux joueurs se fait aussi sentir dans la durée de vie, mais en même temps, Sonic Blastman II qui bénéficie de cet ajout perd énormément des autres qualités de ce premier volet. Taito a réalisé un bon petit beat'em up qui brille par sa différence. De l'originalité ! Heureuses 16 bits qui ne misaient pas systématiquement sur une license à succès et savaient prendre des risques pour nous offrir certes de petits jeux mais plein de bonne volonté.
le 30 mars 2002
par sanjuro