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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SUPER NINTENDO (16-bit)


Un courant d'Air Jordan souffle sur la ville.

Michael Jordan: Chaos in the Windy City

Michael Jordan: Chaos in the Windy City

 

 Super Nintendo

Développeur:
Electronic Arts

Editeur:
Electronic Arts / Ocean
Genre:
Action

Joueurs:
1P

Dates de sortie
11.1994 USA
12.1994 Europe
dur Difficulté:

90%Graphismes
88%Animation
79%Son
79%Jouabilité
85%Durée de vie

85%85%
Trucs et astuces

Mots de passe:

Musée fini, carte rouge: S3KNB3NPDM2

Laboratoire fini, carte jaune: RX63T6XKBZ1

Usine finie, carte verte: KL7--46-XW0

Chicago est tombée aux mains d'un savant fou. On ne sait jamais d'où ils sortent, ceux-là. Michael Jordan, vedette alors des Chicago Bulls, se propose de libérer la ville avec l'aide de son beau ballon. On serait tenté de lui rire au nez. Mais on se rappelle l'autre MJ sur la console d'en face qui voulait chasser des gangsters en dansant. Et ça avait bien marché, pour lui comme pour la console. Alors pourquoi pas ! Vas-y Michael, on est tous avec toi, mais d'abord ceux qui ont les pouces sur la manette.

Perdu: Basketteur Pro

Il y a une profonde ironie dans la carrière du jeu Michael Jordan: Chaos in the Windy City, on pourrait presque parler de mauvaise plaisanterie. Quand il arrive sur les rayons fin 1994, il n'y a plus trace de Michael Jordan sur les terrains de basket-ball. Après la saison de 1993, Jordan annonce soudain qu'il prend sa retraite (une tragédie personnelle l'a frappé durant l'été). La nouvelle fait l'effet d'une bombe. Déjà à l'époque, MJ est probablement la plus grande star de l'histoire du basket-ball: jamais a-t-on vu un joueur aussi accompli et aussi spectaculaire. Du coup, Jordan ne participe pas à la saison 1993-94. A la place, il va s'essayer au base-ball (on le charria beaucoup à ce sujet, y compris dans le jeu). Heureusement, en mars 1995, il décide de revenir à la NBA et donna aux Chicago Bulls trois nouveaux titres de champion... jusqu'à sa retraite suivante... qui elle non plus ne fut pas la dernière ! Combien connaissez-vous de personnes qui ont pris trois fois leur retraite ? Dans la vie comme sur le terrain, il ne pouvait s'empêcher de faire mieux que tout le monde.

Mais quoiqu'il en soit, pendant toute la période du jeu, avant, durant et après sa sortie, Michael Jordan n'était plus là. Un publiciste astucieux aurait pu prétendre que MJ était accaparé par sa création, ou mieux encore, qu'il était parti DEDANS, qu'il était vraiment en train de sauver Chicago dans un univers parallèle. Après tout le timing était on ne peut plus parfait. Dans la réalité, l'absence de Jordan dut plutôt jouer contre Chaos in the Windy City, qui ne fit guère un carton.

En outre, il n'était pas le seul membre de la NBA à se retrouver tout d'un coup miniaturisé sous forme de sprite. Shaq Fu, le sous-Street Fighter de Shaquille O'Neal, la star montante de l'époque, débarqua en même temps, alors que durant l'été, les Américains avaient pu jouer à un plus prévisible (Charles) Barkley Shut Up and Jam! On pouvait facilement y voir une rivalité, qui n'était plus un match de basket entre ces hommes mais un concours de popularité entre leurs images.

Trouvé: Super Héros

Lorsque Michael arrive pour s'entraîner en vue d'un match de charité, il découvre avec étonnement que ses 21 coéquipiers se sont volatilisés. Un ballon brise à ce moment une fenêtre, avec dessus, une note: s'il veut revoir ses amis, Michael doit se rendre au musée Field, dans la salle égyptienne, à minuit. Le regard sombre, Michael froisse le papier. Puis il rentre chez lui pour se mater un épisode de Friends et jouer au golf sur Super Nintendo toute la nuit. Ces types après tout il ne les connaît pas assez bien pour avoir envie de les sauver. Mais non je rigole !!! A minuit, dans la salle égyptienne, une porte dérobée s'ouvre qui le conduit dans des souterrains, servant aussi de prison. Ici commence son aventure contre Cranium et ses monstres.

Tout cela nous est raconté au travers d'une petite BD qu'on parcourt au joypad. C'est sympa, quoique trop sombre, ce qui va aussi être le cas du reste du jeu.

Max la Menace

Le savant fou derrière ces enlèvements est le Dr Maximus Cranium. Un nabot avec une gueule de crapaud. A part les sous-sols du musée, il a aussi envahi une usine et un laboratoire de Chicago, des lieux qui ne sont pas réputés pour la qualité de leur éclairage. La dernière étape se déroule elle dans une sorte de parc d'attractions. On pourrait croire que le jeu est court avec juste 4 "mondes", mais loin de là. Il possède d'ailleurs des mots de passe. C'est que chaque monde contient en fait 5 niveaux, tous assez longs et tortueux, où l'on a souvent l'occasion de se creuser la tête pour progresser. Ce n'est pas vraiment ce qu'on attendait d'un jeu ayant pour vedette un sportif, mais cela se révèle au bout du compte une excellente surprise.

Et maintenant, j'ai une révélation exclusive à vous faire sur la vie privée de Michael Jordan. 1UP plus fort que Voici. Il n'avait pas juste arrêté le basket pour se lancer dans le base-ball, non, il voulait aussi devenir serrurier ! En effet, le jeu regorge de portes et de clefs. Les portes renferment de tout: des bonus, des ennemis, et le coéquipier, toujours un seul mais à chaque niveau. Tout comme le niveau bonus, pour faire le plein de gourmandises ludiques. On le reconnaît facilement à sa spirale violette, genre "j'essaie de vous hypnotiser pour que vous achetiez plus de jeux EA". Quant aux clefs, elles vont par trousseaux ou individuellement, dans des versions colorées, et ouvrent aussi le passage.

L'Homme qui avait Dix Balles

Avant d'être serrurier golfeur batteur businessman, Michael Jordan est quand même un joueur de basket-ball. Pour s'en sortir dans l'univers impitoyable des jeux vidéo, il va donc se servir des atouts qui l'ont rendu célèbre sur le terrain. Son costume de héros consiste d'ailleurs en un short rouge avec maillot (ce qui n'est pas seyant pour se rendre au musée à minuit, soit dit en passant). Evidemment il saute très haut, ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle Air Jordan, même si en même temps, dans un jeu vidéo, il faut vraiment sauter TRÈS haut pour se faire remarquer (jusque dans les nuages, et encore, ça n'étonne plus personne !). Du coup, son saut formidable dans la réalité n'est pas vraiment ce qui le distingue ici.

En revanche, il utilise des ballons. Il s'en sert comme des munitions, qu'il lance à répétition dans la face des ennemis pour les détruire. Si vous vous êtes déjà pris un ballon dans la tronche, vous savez que ce n'est pas complètement irréaliste. Outre le bon vieux Spalding de la NBA, Michael ramasse aussi des ballons fantaisistes possédant des propriétés uniques. Il y a un ballon balle de baseball qui revient comme un boomerang, un autre boule de bowling qui au contraire roule au sol (ça ne l'empêche pas de dribbler avec !); il y en a à tête chercheuse, qui font de la glace ou du feu, qui se divisent pour rebondir. On en dénombre sept différents et ils ne servent pas qu'à anéantir les ennemis.

Pour aller avec le ballon, on trouve des paniers, complets avec un panneau. Et eux aussi sont un peu particuliers. Pour les activer, il faut effectuer un dunk destructeur. Un panier ne peut donc servir qu'une fois. Certains arrêtent le temps, explosent les ennemis, libèrent des bonus. Quant à celui en verre, il permet de reprendre à cet endroit du niveau. Sauf que cela ne marche pas toujours ! Geuh. Un bug de la version européenne ? Les recharges d'énergie (Gatorade et céréales Wheaties) sont abondamment distribuées, autant par le biais des portes que des paniers. Ce n'est pas un jeu avare de soins. Par contre, il faut se méfier des liquides, de l'acide comme de l'eau, qui ont tous un effet "jordanicide".

Faute !

Les ballons sont l'idée phare du jeu, mais leur utilisation ne se fait pas sans accroc. Déjà, il faut s'habituer à dunker. Comme avec les poulies où l'on s'accroche d'une main, il faut bien respecter la distance et l'alignement. La configuration aussi est assez surprenante: le dunk utilise son propre bouton de saut (X au lieu de B) mais le tir reste le même (Y). C'est parce que sans panier, le dunk permet de tirer depuis les airs au sol, produisant des résultats divers. Technique insolite mais souvent utile.

Les ballons fantaisistes quant à eux sont tous limités. On ne peut pas en transporter plus de 6 ou 9 et on a tendance à les gaspiller très vite, d'abord parce que leur effet premier est moins efficace que prévu, donc on les réutilise aussitôt, ensuite parce qu'on nous met toujours en mains le dernier ramassé, qu'on lance par inadvertance. Pour éviter ça, il faut systématiquement revenir sur le ballon par défaut, lui illimité, en appuyant sur R. Et vu qu'on en ramasse tout le temps, cela devient vite agaçant.

Mais ce qui personnellement m'a le plus gêné, est le mauvais maintien de Michael sur les plates-formes. Un mouvement brusque et il tombe. Quand il est en équilibre, il finit aussi par tomber. Cela nous vaut quelques chutes mortelles, somme toute évitables. Par moments, au début surtout, on croirait que Michael se contrôle aussi mal que dans les jeux NBA d'Electronic Arts (Bulls vs Blazers et compagnie), on a presque l'impression qu'ils ont voulu reproduire cette jouabilité idiosyncratique (voire merdicosyncratique).

Tout cela gâche un peu la spontanéité et le plaisir qui découlent de ces action simples. Il aurait fallu retravailler le gameplay et trouver de meilleures méthodes de contrôle. Mais en même temps, ce n'est pas que la maniabilité est mauvaise, c'est juste qu'elle souffre de lourdeurs. A chacun de voir combien cela le dérange.

Chic à Gogo

Autre désagrément, là encore un peu subjectif, est la taille des ballons, vraiment minuscules. "J'ai déjà eu des crottes de nez plus grandes que ça !" nous avoue le Dr Cranium ("Hein ? Mais je n'ai rien dit moi !" — Si, si). Pour ramasser un item bonus, il faut que notre minuscule ballon de basket-ball touche ses minuscules répliques. Tous nos moyens d'interaction finalement sont minuscules, ce qui est méchamment ironique pour un gaillard de deux mètres et un sportif plus grand que nature comme Michael Jordan !

Heureusement, cela reste tout à fait jouable et on ne peut nier que le jeu a une certaine classe. Malgré les niveaux qui restent identiques pendant la durée du monde, on ne s'y ennuie pas; ils sont bien construits et agréables à explorer, avec leur style poussiéreux ou industriel, assez sombre. Le premier monde, qui ressemble à un grenier géant, a un petit côté Scoubidou, alors qu'un niveau comme l'usine évoque plutôt Terminator 2 (et le final avec les origines de Cranium, Batman Returns; les films de l'époque, quoi !). Le graphisme est fin, les créatures assez étranges mais appropriées pour un savant fou. On sent quand même une baisse de qualité à Riverview, le dernier niveau.

On apprécie aussi une ou deux innovations, comme les dialogues à choix multiples avec les coéquipiers. Le résultat est un peu toujours le même mais l'idée sympathique malgré tout. Et puis ces détails qui forcent le respect: la surface de l'eau très bien rendue, un design individuel pour le plan de chaque monde, ou le fait que, comme dans une équipe de basket, les ennemis comportent des blancs et des Noirs. L'animation est dans le ton des jeux américains de l'époque, assez détaillée, mais à cause des problèmes précédemment mentionnés de taille et de luminosité, on se rend peu compte de sa qualité.

La musique par contre est plutôt faible. Elle commence bien, avec des sonorités riches, mais le problème est qu'elle ne va nulle part à partir de là. On reste sur un commencement qui se répète. C'est comme si le compositeur essayait de gagner du temps pour décider de la direction que sa musique doit prendre mais que finalement elle ne prendra jamais. Les bruitages passent mieux, et les voix digitalisées, servies par The Man himself, ajoutent une touche coquette.

If You Leave Me Now

Windy City, c'est le surnom de Chicago, comme New York est Big Apple ou Las Vegas Sin City. Pourtant il n'y a pas de vent dans le jeu, à part celui que fait Michael en se déplaçant ou en explosant les ennemis. S'il n'a pas de vent, il a quand même un certain air: un air de dignité. La réalisation, soignée, le place dans le haut du panier des jeux américains de l'époque, comme Zombies de Lucasarts ou Secret of Evermore de Square. On apprécie le graphisme, l'action à base de slam dunks, et plus encore le level design, bien ébauché, occasionnellement complexe, qui fait travailler les méninges.

Néanmoins, Chaos in the Windy City souffre aussi d'un certain nombre d'imperfections, qui en font une expérience bien moins satisfaisante que les deux chefs-d'oeuvre précités. La façon dont Michael réagit, ses mouvements erratiques, rendent certains passages plates-formes plus ardus qu'ils ne devraient l'être. Le trop grand nombre de boutons pour un jeu de ce genre, les proportions, l'éclairage, la musique, certains mauvais choix aussi, lui nuisent à différents degrés. Et puis passé un stade, on finit par trop bien le connaître, au point d'anticiper autant les pièges que ce qu'on va trouver derrière chaque porte. Le manque de surprise devient trop net, et une fois terminé, ce n'est pas une cartouche qu'on ressortira avant quelques années.

Contrairement à MJ, le jeu qui porte son nom n'est pas le champion de sa génération. Il triomphe cependant sur un point: il bat Shaquille O'Neal, Charles Barkley et d'autres basketteurs qui ont aussi été les vedettes de leurs propres jeux. Cette saison 1993-94 que Michael Jordan n'aura pas disputée, lui aura quand même permis à la fois de sauver et de battre la NBA... en jeux vidéo ! Tenez-le vous pour dit: c'était vraiment lui le meilleur.

le 4 septembre 2015
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
Boîte du jeu
Version européenne

design par Creative Development

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