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Super Nintendo Développeur: Ocean Editeur: Ocean
Genre: Action / Plates-formes Joueurs: 1P Dates de sortie
12.1992 USA
199? Europe
atroce Difficulté:
69%Graphismes 70%Animation 79%Son 79%Jouabilité 65%Durée de vie 55%55%
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L'arme fatale, c'est la Super Nintendo, on est bien d'accord. Difficile de nous convaincre, nous les consoleux, du contraire, même si des éditeurs ont tenté la chose avec des jeux d'une médiocrité prononcée. Ils auront, d'un autre côté, essayé de se faire aimer des fidèles de la console, malheureusement avec l'un des arguments les plus pitoyables qui soit: les adaptations de films. Dans certains cas, cela aura donné lieu à d'excellentes surprises (cf. le test de Batman Returns), mais dans l'ensemble, c'est moins les échecs que le manque d'imagination qu'on leur reproche. Le présent n'a toutefois pas de leçon à recevoir du passé quand on voit des films comme le Parrain ou le Da Vinci Code, qui n'ont strictement rien à faire dans l'univers des jeux vidéo, se retrouver on ne sait trop comment porter sur nos consoles actuelles. L'Arme Fatale sur Super Nintendo, c'est un peu la même dérive. Ca a beau être un film d'action, en faire un jeu vidéo semble parfaitement incongru. Le syndrome du blockbuster d'été, qu'il faut, suite à l'engouement général, adapter en jeu parce qu'il y a toujours quelqu'un pour l'acheter; c'est à dire apprendre à compter les moutons en plein jour. Le jeu débute par un petit tour aux vestiaires, où vous pouvez changer de personnage, entre le blanc (Martin Riggs) ou le noir (Robert Murtaugh); qu'importe la couleur, ils parlent le même language, celui du revolver qui est ici le moyen principal de se débarrasser des ennemis (il y a aussi une roulade plutôt efficace, mais enfin, ça ne fait pas très sérieux). Comme la boîte l'indique, où la tête joviale de Joe Pesci vient se glisser entre les épaules carrées de Mel Gibson et Danny Glover, c'est l'Arme Fatale 3 qui sert de modèle à ce jeu vidéo signé Ocean. Des images digitalisées de très bonne facture (ma Super Nintendo lectrice de DVD !?) viennent nous le rappeler entre les phases de jeux. C'est utile, parce qu'on oublie facilement à quoi on joue et l'on pense certainement moins au film de Richard Donner qu'aux jeux de la famille Addams ou à Moktar sur Atari STe. Il faut dire que les graphismes, une fois les digitalisations retournées dans leur puce savante, ont un côté cartoon qui sied très mal à une adaptation de film ancré dans une réalité bien carrée comme celle de l'Arme Fatale. On pourrait supposer que les concepteurs ont voulu appliquer la formule japonaise de caricature, celle qui leur permet de parodier n'importe qui et n'importe quoi sans jamais tomber dans le mauvais goût, mais bien entendu, n'est pas japonais qui veut, et les sprites des personnages, qui ressemblent à des pouces (chevelu dans le cas de Mel Gibson et sa crinière brune), ont bien du mal à laisser une empreinte dans les esprits, plus encore quand on les voit se tortiller le long d'une corde comme les vers de Worms. Ce faux pas à lui seul s'est révélé fatidique pour le jeu. C'était l'erreur à ne pas commettre, celle qui scella son destin et le résuma à un échec, parce que pour une adaptation d'un film en jeu, il faut que les deux soient sur la même longueur d'onde visuellement, autrement les joueurs ont l'impression de se faire entourlouper. Tout le problème est que ce n'est pas toujours le cas, et dans Lethal Weapon, c'est un peu sévère de le condamner sur cette base uniquement. Ce n'est pas un jeu fantastique, on s'en rend bien vite compte, mais il y a quelques efforts louables qui méritent d'être pris en compte, et puis quitte à l'achever, autant le faire pour ses autres défauts aussi ! La difficulté par exemple, ça ne rigole pas, nous non plus du coup. Le jeu n'a que 5 niveaux mais ils sont tous très longs, bien trop longs, et au lieu de s'assurer que le plaisir et l'intérêt ne faiblissent pas, les concepteurs ont préféré s'assurer que la difficulté ne diminue jamais. C'est un jeu au service de ses épreuves et non du joueur. Les exemples sont légions: très peu de recharges de vie, aucun soin après avoir fini un niveau, tirs et continus limités, impossibilité de tirer accroupi, tirs adverses trop rapides, dommages parfois inévitables, items destructibles, bizarrerie du gameplay (perte de vitesse après un saut, immobilité au-dessus du sol branlant). Il y a même un temps limite très pressant qui vous empêche de prendre le temps d'étudier vos possibilités, pourtant capital dans un jeu où vous n'arrêtez pas d'échouer au sein de situations périlleuses. Tous ces détails rendent Lethal Weapon non seulement trop dur mais aussi terriblement agaçant. Dans un numéro de Edge, le magazine de jeux vidéo, Toshihiro Nagoshi de Sega racontait qu'il avait essayé par hasard dans une salle d'arcade l'un de ses jeux, Virtua Striker, et qu'il n'arrivait à rien, ne marquait pas un seul but, et avait dû appeler à la rescousse le programmeur d'origine ! A n'en pas douter les auteurs de Lethal Weapon n'arriveraient pas non plus à jouer à leur propre jeu, tout simplement parce qu'ils l'ont développé sans tenir compte de l'interaction du joueur, juste comme un objet fini; et si les testeurs sont surdoués ou pas très attentifs, un jeu aussi inepte dans sa difficulté passe malgré tout le banc d'essai (détail révélateur, il n'y a qu'un seul testeur au générique !). Pourtant, cette difficulté, un vice des produits Ocean comme on l'avait déjà vu dans le test de Pugley's Scavenger Hunt, est un véritable défaut de fabrication, une anomalie, qui rend Lethal Weapon inaccessible, injouable, interminable, et pire que tout, détestable. Tout comme ce jeu de la Famille Addams, il avait pourtant des qualités, ici la maniabilité assez souple et des niveaux complexes, qui sont totalement gâchées par des défauts qui tiennent plus de la faute d'inattention, dûe à l'absence de tests auprès de joueurs non-professionels, que d'une réelle inaptitude à concevoir un produit de qualité. Quelques ajustements auraient suffit à le rendre nettement plus agréable et peut-être même à en faire un bon jeu. La réalisation d'ailleurs va dans ce sens. Les musiques sont plutôt bonnes dans leur genre, par moments on a presque l'impression d'avoir affaire à un compositeur japonais mettant ses notes enthousiastes au service d'un jeu d'action. Les graphismes même, s'il ne sont pas du goût de tout le monde, ne sont pas si mauvais non plus d'un point de vue neutre, les décors sont fignolés quoiqu'ils manquent de détails et de variété, et le style en soi n'est pas déplaisant, ce qui n'est pas un mince compliment pour un jeu occidental. Ca n'aide pas énormément, mais Ocean sait aussi parfois se montrer généreux: vous recommencez là où vous êtes mort, même lorsque vous utilisez un continu, et l'invincibilité provisoire dure suffisamment longtemps. La quatrième niveau est un bon exemple de ce mélange détonant d'ingrédients réussis et de flagrante imbécilité. Dans la seconde moitié du niveau, vous avez droit à trois phases d'ascension, évidemment dures, mais bien fichues et réjouissantes pour tout fan de plates-formes, notamment parce que vous devez vous accrocher à des cables parcourus par des machines qui s'évitent d'un saut. Après ça, suit un parcours assez inventif lui aussi; en revanche, celui d'après est à s'arracher les cheveux, à cause de passages où il faut appuyer sur un interrupteur pour activer des plates-formes temporaires tout en résistant d'énormes ventilateurs à la façon d'un Megaman. Mais à la différence de la série de Capcom, où la dextérité du joueur est mise à l'épreuve, ici le système est si mal conçu qu'on n'a jamais assez de temps pour atteindre les plates-formes, ou alors on retombe ou meurt à cause d'un ennemi, d'un ventilateur mal placé et tout est à recommencer. Ce qui non seulement fatigue mais irrite au plus haut point, c'est à dire de balancer sa manette comme une boule de feu à travers le téléviseur. Lethal Weapon est une formidable mauvaise adaptation de film, il n'y a qu'à voir les boss pour s'en convaincre: un marin gay lanceur de couteaux, un terroriste arabe et des gangsters des années 30. Comme l'a si bien dit Mr. Ocean: "On ne va pas s'emmerder à regarder un film quand on a un jeu à faire, nom de dieu !!" Les auteurs avaient de l'humour et puis voilà. On s'en rend bien compte d'ailleurs au générique de fin (que vous ne verrez sans doute jamais si ce n'est sur 1UP, section panorama), où l'on peut voir leurs caricatures. C'est qu'ils s'y croyaient ces gars-là ! Non seulement ils nous sortent un jeu qui sent bon la pourriture mais ils osent se faire tirer le portrait à la fin avec leurs noms bien en évidence. Eh bien, rendons leur hommage puisqu'ils sont si fiers de leur travail, ils se nomment Ray Coffey, Colin Rushby et Allan Shortt et si nous avons bien une chose à leur dire, c'est: messieurs, vous êtes nuls ! le 11 juillet 2006 par sanjuro Jeu testé en version européenne
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