Avant qu'un tigre ne sorte des bois pour venir marcher sur les greens, le golf n'avait pas de vedettes ultra-célèbres mais des grands noms surtout connus des amateurs. L'un d'eux était Jack Nicklaus, qui avait un petit avantage sur ses camarades, celui d'avoir son nom associé à quelques jeux vidéo dont celui-ci sur Super Nintendo. Pas très connu, Jack Nicklaus Golf a quand même quelques atouts qui n'en font pas une référence mais lui évitent clairement d'être un mauvais jeu.
Le golf est un sport lent, on pourrait même dire que ce n'est pas un sport d'action. On tape dans la balle avec l'espoir de la rapprocher le plus possible du trou et, entre chaque coup, il faut aller à sa rencontre. Le peu d'action se déroule donc les rares fois où l'on tape dans la balle, de façon très mesurée, après avoir suffisamment réfléchi au meilleur club, à la condition du terrain et à la force du vent. Bref, exactement le genre d'activité qui passe mal en jeu vidéo. Pourtant, le golf doit faire partie du quinté de tête des sports les plus adaptés sur consoles.
Cette lenteur, Jack Nicklaus Golf la restitue bien malgré lui. Le jeu utilise en effet une vue en pseudo 3D qui demande un bref temps de chargement avant chaque nouveau coup: l'image remplit progressivement l'écran de gauche à droite puis les éléments du décor (arbres, etc...) apparaissent. La construction de l'image prend donc à chaque fois quelques secondes, de quoi énerver profondément les joueurs les plus impatients. Mais les joueurs impatients jouent-ils aux jeux de golf ? On en doute. Les autres seront peut-être moins agacés par ces interruptions et, avec le temps, pourront même y voir une qualité. En effet, cette pause entre chaque coup apporte une dose de réalisme involontaire qui peut prévaloir au jeu. Aussi étonnant que cela puisse paraître, à long terme, il peut se révéler plus agréable de jouer à Jack Nicklaus Golf qu'à un classique tel que Mario Golf sur Game Boy (noir et blanc), par exemple. On n'enchaîne pas les tirs à une cadence trop rapide et on ne peut pas tricher ouvertement. L'esprit du vrai golf y est mieux respecté, ce qui pour une fois n'est pas plus mal.
Bien entendu, sur d'autres points Jack Nicklaus Golf s'en sort moins bien. Ses graphismes en 3D primitive ont de quoi rebuter. On finit toutefois par s'y habituer car ils apportent là encore un certain réalisme, même s'ils sont loin d'être parfaits dans la représentation de dunes, de dénivellations et que la distance joue contre eux. Le manque de variété des éléments de décor est un sujet de déprime comme le manque total d'animations: il n'y en a qu'une, le swing du golfeur, heureusement bien décomposé. A noter que les quelques menus sont constitués d'une poignée d'images digitalisées, les paysages verdoyants passent mieux que la tête de Jack.
Le département sonore se satisfait d'un minimum. Trois, quatre musiques d'intro et le bruit de la balle, les bois sont lugubres, n'espérez pas de chants d'oiseaux. Plus complète est l'interface où l'on retrouve l'habituelle barre de tir. Une pression pour l'enclencher, une autre pour déterminer la puissance et une dernière pour orienter. C'est simple et bien fait. Un avantage du jeu est d'avoir un fonctionnement assez aisé pour permettre de se lancer (sélection automatique du club approprié...) tout en ayant de nombreux paramètres que le joueur vient à utiliser au fur et à mesure qu'il s'améliore (degré de pente, mode expert...). Seul regret, accéder aux options en cours de jeu oblige à recharger l'image, un défaut bien fâcheux.
Jack Nicklaus Golf est un héritier des jeux de golf d'ordinateur, un peu austère et guindé, ça ne l'empêche pas d'être un jeu plutôt réussi sur console. Il demande juste de la patience pour les chargements et un certain intérêt pour le golf, ces conditions réunies, les amateurs pourront apprécier un système de contrôle réaliste et facile d'accès, permettant avec de la maîtrise d'accomplir de très belles actions. Deux dix-huit trous et un mode skin game pour miser de l'argent lui assurent une bonne durée de vie.
le 14 décembre 2002
par sanjuro