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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SUPER NINTENDO (16-bit)


Ca vous dirait de passer Noël avec Kevin ?

Home Alone

Home Alone

ホーム・アローン
 

 Super Nintendo

Développeur:
Imagineering

Editeur:
THQ
Genre:
Action

Joueurs:
1P

Dates de sortie
12.1991 USA
11.08.1992 Japon
1992 Europe
moyenne Difficulté:

47%Graphismes
58%Animation
60%Son
62%Jouabilité
40%Durée de vie

37%37%

Gros succès des années 90, les deux premiers films Maman, j'ai raté l'avion, Home Alone en VO, se prêtent bien aux célébrations de fin d'année puisqu'ils se déroulent pendant Noël. Tout le monde connaît l'histoire du premier. La grande famille des McCallister, réunie pour l'occasion, s'apprête à partir de Chicago pour aller passer les fêtes en France. Mais dans leur hâte, ils oublient, comme le dit la bande annonce VHS, "un petit détail". Eteindre la lumière? Verrouiller la porte? Non. KEVIN ! hurle sa mère, lorsqu'elle comprend enfin, dans l'avion.

Kevin, le cadet des McCallister, un petit blondinet de huit ans, roublard et débrouillard, se réveille tout seul dans la grande maison familiale. Il va profiter de sa liberté pour faire des tas de choses qui lui sont normalement interdites et pousser des hurlements à tout-va quand il se fait des frayeurs. Mais dans son quartier rôde aussi un duo de malfaiteurs, Harry et Marv, qui ont cambriolé plusieurs maisons et veulent maintenant s'en prendre à celle des McCallister. Kevin va devoir faire appel à toute sa ruse pour protéger son foyer des voleurs et leur donner une leçon qu'ils n'oublieront pas de si tôt.

Kevin hurle beaucoup, sa mère aussi quand elle pense à lui, mais il va faire hurler les bandits encore plus fort. C'est donc sans surprise que quand le jeu vidéo débarqua sur six consoles différentes la réaction fut unanime: tout le monde hurla à l'unisson, tant chaque jeu était plus mauvais l'un que l'autre. C'est ça l'effet Home Alone.

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH!!!

Le premier hurlement est facile. Juste un mot suffit à le provoquer. Ce mot, c'est Imagineering, les auteurs du jeu, qu'on ne présente plus sur 1UP. Leur casier judiciaire est rempli de méfaits tels que Ghostbusters II et Bart vs the Space Mutants. Des jeux si ignobles que rien que d'y penser j'ai les pointes des chaussettes qui s'enroulent et les cheveux qui se dressent tous sur la tête (même les ti'pitis sur la nuque). Quand vous jetez ces cartouches au feu, elles refusent de brûler; c'est comme le Naturom Demonto dans Evil Dead, et ça doit d'ailleurs venir du même magasin.

L'éditeur non plus n'est pas en reste, il s'agit de THQ. Cette compagnie aujourd'hui respectable a pourtant commencé sa carrière en mettant sur le marché des daubes inimaginables dont on se serait bien passé, comme Pit Fighter et Race Drivin' sur Super Nintendo pour le compte d'Atari. En alliant l'un des développeurs les plus nuls qui ait jamais existé et l'un des jeunes éditeurs les plus minables qui soit, nos chances d'obtenir ne serait-ce qu'un jeu moyen étaient assez faibles. Mais en même temps, en tenant compte de ce parentage, on serait presque tenté de dire que le produit final ne s'en sort pas si mal après tout.

L'action d'Home Alone bien entendu se focalise sur la défense de la maison contre les bandits. Les auteurs ne présentent pas ça tout à fait comme une adaptation du film pourtant. On nous dit en effet que Harry et Marv sont sortis de prison et veulent se venger de Kevin; ce qui est idiot quand on y réfléchit. Ce serait donc plutôt une suite incongrue au film. La seule explication à cet imbroglio est qu'on essaye de justifier la présence d'autres bandits, des membres de leur "gang" venus leur prêter mains fortes, et surtout là pour apporter de la variété.

Kevin démarre chaque niveau dans sa chambre et de là, il doit explorer l'immense demeure qui est la sienne. Sa mission est toujours la même, minutieuse: récupérer un certain nombre d'objets de valeur des McCallister, qu'il transporte dans son sac à dos avant de les jeter dans le vide-ordures qui débouche sur la cave. Une fois le quota atteint, une clef apparaît et il peut ouvrir la porte qui conduit au sous-sol. Il doit encore traverser celui-ci, occasionnellement battre un boss (en l'écrasant d'un bloc), puis son butin est emporté dans un coffre-fort comme Dorothy vers Oz, et, victoire ! on passe à l'aile suivante. On l'a dit, c'est une grande baraque.

Les objets changent selon les niveaux (qui sont séparés par des espèces de thèmes; à peine perceptibles pourtant). Un bon nombre d'entre eux sont cachés dans le décor, parfois dans du mobilier, parfois un peu n'importe où. Du coup, pour les trouver, on passe son temps à sauter dans tous les sens. Outre les objets de valeur, qui vont du chandelier à la grenouille en passant par le Game Boy, on trouve aussi des pizzas de différentes tailles. Ce sont nos vies; autant en points que pour ressusciter. Il y a aussi une lotion tonique qui procure une drôle d'invincibilité: nos mouvements sont en même temps accélérés.

Les bandits, Harry, Marv et compagnie, sont éparpillés un peu partout, dans les couloirs et dans les pièces. Et ils sont collants, les bougres. On peut les éliminer en les piégeant, mais c'est généralement limité à faire tomber un objet sur leur tête ou à les faire marcher sur des pointes. Rien d'aussi sophistiqué qu'au cinéma. Autrement, on se sert des armes jouets: le pistolet à eau, le lance-pierres, le fusil ou la balle. Quelle est la meilleure des quatre ? Eh bien, croyez-le ou non, c'est la balle de base-ball. Les autres se contentent de les bloquer momentanément ou alors il faut dépenser la moitié de ses munitions. Les armes ont un aspect trop réalistes et les auteurs ont dû prendre peur de montrer ce gosse "tuer" des adultes avec.

Mais voilà le plus idiot: une fois qu'on est enfin parvenu à se débarrasser du bandit, si l'on revient dans la salle, il est aussitôt de retour, mais le piège, s'il y en avait un, non ! Les "Bandits Collants" leur va certainement mieux que les autres surnoms qu'on leur donne (dont le "Bandits Femmelettes" au dos de la boîte). Quand c'est possible, autant les éviter que d'essayer de les battre puisque ça ne sert à rien. Malgré ces différents problèmes de game design, le concept n'est pas spécialement mauvais. Disons qu'on le fait sans grand plaisir mais sans répugnance non plus. Ce qui vient le saborder, et ce à tous les étages, est son exécution.

Le gameplay n'est pas ce qu'il y a de pire mais il a au moins une faille, les plates-formes, plus courtes qu'elles n'apparaissent, alors on tombe facilement. Ca rappelle désagréablement Bart vs the Space Mutants. D'ailleurs, par moments, on jurerait qu'ils ont repêché le même gameplay, le même code, simplement transvasé de la NES à la Super Nintendo (les deux jeux datent de 1991). Kevin est Bart, Bart est Kevin. Heureusement, de ce point de vue, Home Alone est quand même beaucoup plus facile.

Ensuite, sans être hideux, c'est un jeu notablement fade, avec des décors d'une extrême platitude, figurativement et littéralement. Les quelques digitalisations graphiques, trop larges, ressortent violemment sur des fonds monochromes. Les sprites sont tous mal animés ou dessinés: Kevin semble gagner six ans d'âge dès qu'il court, les bandits venir de Beavis et Butt-head. Les monstres de la cave trahissent eux le manque d'imagination dans une scène banale qui n'est rien d'autre qu'une petite et stupide course d'obstacles. Certains bruitages sont prononcés mais vulgaires et les musiques massacrent quelques classiques comme Casse-noisette qui devient vite casse-bonbon.

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH!!!

L'impression initiale, qui nous vient dès l'écran titre, vide au possible, et qui ne nous quitte plus par la suite, est celle d'un jeu sans la moindre envergure, un produit vite torché pour être à la disponibilité des fans du film et des consommateurs, à temps pour Noël. Il en fait juste assez pour produire une apparence, pour façonner une parodie d'hameçon à laquelle des dents affamées finiront bien par mordre. Mais déjà, au bout de quatre niveaux qui sont quatre fois la même chose, il nous lâche, le jeu est terminé. Bravo, au revoir, on ferme. Il n'est jamais vraiment ennuyeux la première fois, mais il ne donne aucun véritable plaisir; il nous tient juste par la curiosité, celle propre à tout jeu vidéo. La seconde fois n'a pas lieu.

Et puis c'est quand même un jeu indigne de la Super Nintendo. On se croirait sur Master System ou sur une PC Engine souffrant de colique. On a envie d'hurler, non pas à la lune ou comme un voisin ivre, mais comme les personnages du film. Hurler comme Kevin parce que ça fait peur, hurler comme Harry et Marv parce que ça fait mal, hurler comme Mme McCallister parce que la catastrophe a eu lieu. Et comme elle, le jeu prendra l'avion, le train, le van de l'orchestre de polka, non pas pour rentrer à la maison, mais pour partir, loin, très loin, peut-être jusqu'à l'atelier du père Noël, là où on ne le retrouvera pas, puisqu'il ne peut être détruit par le feu.

Et un dernier coup pour la route:

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH!!!

le 21 décembre 2013
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
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