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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SUPER NINTENDO (16-bit)


Quand on est Cantona, le football c'est d'la balle.

Eric Cantona Football Challenge

Eric Cantona Football Challenge

Striker (Europe), World Soccer 94 - Road to Glory (USA), ワールドサッカー (World Soccer)
Suppléments:

Autour du Monde: Toutes les Versions

 Super Nintendo

Développeur:
Rage

Editeur:
Elite / Coconuts / Atlus
Genre:
Football

Joueurs:
1-2P

Dates de sortie
16.07.1993 Japon
09.1993 Europe
12.1993 USA
dur Difficulté:

69%Graphismes
70%Animation
72%Son
74%Jouabilité
77%Durée de vie

71%71%

Eric Cantona est un imposteur. Je veux bien sûr parler du jeu Super Nintendo, pas de l'acteur-peintre-retraité, euh, et footballeur dans sa jeunesse. Eric Cantona Football Challenge n'existe sous ce nom qu'en France. C'est le coup classique de faire parrainer un jeu de sport par une vedette du milieu. Les exemples sont légion: Jack Nicklaus Golf, Blanco World Class Rugby, Mario Lemieux Hockey, Mario Andretti Racing, Mario Golf, ah non, pas celui-là ! Mais c'est assez rare que cela soit fait juste pour un pays, juste pour nous, la France (Blanco est l'autre exemple, justement). Telle est la puissance de notre chauvinisme.

En réalité, donc, derrière Football Challenge se cache Striker, le premier jeu du développeur britannique Rage Software. Sorti d'abord sur ordinateurs Amiga et Atari en 1992, il sera porté l'année suivante sur les consoles 16 bits. Striker fut un grand succès pour eux, un million d'exemplaires vendus (on suppose toutes machines confondues), et à cause de ça, ils se spécialisèrent dans le genre, allant même jusqu'à développer Fifa Soccer 97 sur Super Nintendo pour le compte d'Electronic Arts. Ce sera leur dernier jeu 16 bits.

Mais c'est surtout grâce à Eric Cantona Football Challenge que les fans français de la Super Nintendo se souviennent d'eux. C'était un des jeux de foot du moment, en 1993. Il était là avant FIFA Soccer et International Superstar Soccer, qui virent le jour respectivement en 1994 et 95, mais après les ancêtres désuets comme Kick Off, et après aussi les nouveaux modernes comme Formation Soccer, de Human en 90, futur Super Soccer de 91. Il se situe dans cette période où les jeux de sport étaient encore créatifs, avaient de la personnalité, avant d'être écrasés par l'affreuse machine EA et ses jeux rances.

Football Challenge débute en fanfare. Littéralement, puisque le générique est accompagnée d'une fanfare, la seule musique du jeu; on s'en souvient longtemps après tant sa grosse caisse est énergique. Il y a aussi un effet de zoom et de rotation sur le terrain, qui nous conduit nonchalamment au menu principal. Celui-ci est bien rempli. On peut jouer un simple match amical, disputer la Super Cup, un tournoi, les championnats du monde, du football en salle, qui contient tous les modes précités, de l'entraînement avec trois exercices. Et partout, dans chaque mode, un menu d'options spécifique, en plus du général, avec moult réglages. Le fin du fin est que toutes les équipes utilisent les vrais noms des joueurs et que si cela ne vous plaît pas, vous pouvez les renommer ! (et modifier un peu aussi leur apparence) Un absent tout de même: les stats; le jeu n'a pas de pile de sauvegarde, il utilise un système de mots de passe.

Super Cup est le mode central. Ce sont des éliminatoires, à jouer seul. Si l'on remporte la finale, on affronte les super équipes d'Elite et de Rage, deux fois chacune dans la Special Cup. Le tournoi est aussi une série éliminatoire, mais ouverte à d'autres joueurs. On peut régler la taille, 8, 16, 32 ou 64 équipes, ce qui représente toutes celles disponibles, soixante-quatre pays ! Un joli chiffre. On trouve des endroits aussi variés que la Finlande, l'Arabie saoudite, le Malawi ou la Corée du Nord. D'où le titre du jeu au Japon et aux Etats-Unis: World Soccer. Dans le championnat, vous choisissez au maximum 16 équipes et toutes vont s'affronter. Cela peut durer looongtemps !

Mais la grande originalité de Football Challenge est de pouvoir jouer aussi en salle. Bien avant EA et son Fifa 97, Rage proposait déjà ce mode, avec les mêmes avantages que le jeu normal. La différence étant évidemment que la balle est toujours en jeu puisqu'elle ne peut plus sortir et qu'elle a même tendance à rebondir ! C'est drôle en particulier quand on s'attaque aux buts; le gardien a intérêt à s'accrocher (et il est sans doute plus sage de le laisser dans son réglage par défaut: auto). Visuellement on joue sur du parquet, qui a l'avantage d'être un peu plus clair que la pelouse, le graphisme étant bizarrement sombre.

Un autre atout, assez neuf alors, est la présence d'un replay. Cette fonction magnétoscope ("quelle est donc cette créature ?" se demande le jeune lecteur de 1UP) permet de revoir l'action immédiatement après un but ou à tout moment en pressant Start. On y trouve des commandes ralenti et accéléré, le tout très intuitif. En permanence en bas de l'écran, il y a aussi un affichage à base de diodes qui donne des informations et permet de mesurer l'ambiance dans le stade, en plus des cris de la foule, bien rendus. Ce panneau manque quand même d'animation, un peu comme les joueurs. Les sprites sont petits et l'action va vite, alors leur animation passe au second plan.

Sur le terrain, Rage utilise une vue inclinée, peut-être en mode 7 mais quasi-statique, le scrolling faisant tout le travail. C'est presque le même angle de vue que dans Formation Soccer sur PC Engine: on ne voit les buts que lorsqu'on est dans la surface de réparation. Les joueurs en revanche sont plus minces et surtout beaucoup plus rapides. Huit secondes suffisent à traverser la longueur du terrain ! Cela confère aux matches un rythme d'enfer. Ils sont limités par défaut à 2 minutes; c'est assez pour faire des scores réalistes. A l'époque, cette vitesse déplaisait apparemment à certains critiques. Pourtant, étant du foot arcade, nerveux, excitant, celui lui va très bien.

Plus décevante peut-être est la jouabilité. Oh, elle est très simple, et c'est une bonne chose: un bouton pour les passes, un autre pour le tir, et basta ! Ce ne sont pas des passes auto, il faut regarder son coéquipier. Mais ce n'est pas là où est le problème. Ce n'est pas assez étoffé. On n'a finalement aucune surprise; on prend la balle, en taclant ou non, on marque des buts du pied. Toujours la même chose, aucun coup ou mouvement spécial. Le seul cas particulier est quand un second joueur récupère la balle pour aider à marquer. Mais c'est bien peu. De ce point de vue, la jouabilité n'est pas assez arcade, ou peut-être trop: elle renvoie aux ancêtres du genre, aux jeux de foot qui s'appelaient juste Soccer et qui étaient aussi minimalistes que leur nom. Quant à L et R, ils permettent eux de changer la formation et la stratégie.

Même s'il a un certain attrait, des modes et options à foison, une ambiance sonore et un rythme électrisants, un graphisme correct, Eric Cantona Football Challenge souffre de ce gameplay réducteur. Ses nombreuses possibilités sont gaspillées par un jeu de balle trop banal, unidimensionnel. C'est comme un de ces parcs d'attraction fantômes, immense mais pas immensément amusant. Même dans les jeux de sport, le gameplay est toujours roi. Cela dit, il présente quelques innovations pour l'époque et même si on n'y passera pas des après-midi entiers, il est assez distrayant pour figurer parmi les bons jeux de foot de la Super Nintendo. Et ça, c'est déjà pas mal. Parce que si tout ce que vous pouvez citer en foot sur 16 bits est cinq années différentes de FIFA Soccer, il pourra au moins vous aider à combler vos lacunes !

le 26 février 2016
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
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