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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SUPER NINTENDO (16-bit)


On ne leur avait rien demandé et pourtant Sony l'a fait. Comment ça pas de quoi en faire une montagne ?

Cliffhanger

Cliffhanger

 

 Super Nintendo

Développeur:
Malibu Interactive

Editeur:
Sony ImageSoft
Genre:
Beat'em up / Action

Joueurs:
1P (2P avec code)

Dates de sortie
10.1993 USA
11.1993 Europe
horrible Difficulté:

60%Graphismes
64%Animation
62%Son
59%Jouabilité
45%Durée de vie

30%30%
Trucs et astuces

combat 2 joueurs:

A l'écran titre, exécutez 5 fois la combinaison de boutons suivante:

B, haut, bas, haut, bas, gauche, droite et A.

Un son confirmera le code et vous pourrez affronter votre double contrôlé par un second joueur. Appuyer sur Select et Start vous permet de quitter ce mode somme toute peu intéressant.

Pour ce premier test d'un jeu Sony sur 1UP, on aurait pu être gentil et vous parler de Solstice sur NES, titre merveilleux qui attire les éloges comme Magnetman attire les clous. Mais non, on ne va pas être aussi courtois et au lieu de vous parler d'un jeu qui doit absolument tout à ses développeurs, nous allons nous attarder sur un jeu développé sous la houlette de Sony Imagesoft via les bénéfices de Columbia TriStar que la maison mère possède.

En 1993, le finlandais Lauri Harjola, mieux connu sous le nom de Renny Harlin, réalisait un bon petit film d'action avec en vedette Sylvester Stallone, qui tentait de donner un nouvel essor à sa carrière. L'opération se révéla fructueuse et le film fut dûment récompensé au box office. Au même moment, Sony prenait conscience du formidable potentiel économique des jeux vidéo, et l'on commençait à entendre parler de rumeurs comme quoi ils fabriqueraient un périphérique pour la Super Nintendo, un lecteur de CD, ou les fameuses origines de la Playstation.

Sony avait déjà fait de timides apparitions dans les jeux vidéo, mais sans grand succès. Leur préoccupation principale à l'époque était de consolider leur présence dans l'industrie cinématographique, ce qu'ils firent en 1989 en achetant l'un des plus grands studios d'Hollywood, la Columbia, qui produisit un nombre étourdissant de chefs-d'oeuvre du cinéma américain. En 1993, une idée leur vint, une idée qui se montra inefficace sur le moment mais qui devait se révéler si rentable dans les années à venir, lorsque la 3D règnerait en maître, celle d'adapter en jeux des succès récents du grand écran.

Sur Super Nintendo, cela prit la forme de trois jeux: Dracula, Cliffhanger et Last Action Hero. Tous trois des jeux médiocres qui connurent de cuisants échecs. Last Action Hero est réputé comme le pire du lot et d'ailleurs il ne fut jamais distribué en France. Mais Cliffhanger est-il vraiment bien meilleur ? Ou peut-être n'est-il pas si mauvais que la rumeur, souvent injuste, veut le faire croire ? Il n'y a qu'un moyen de le savoir, et cela passe bien entendu par un test.

Cliffhanger - Traque au Sommet, pour un film d'action, avait des qualités intéressantes, la principale étant le lieu où se déroule l'histoire, au coeur des Montagnes Rocheuses (bien qu'une grande partie du film ait été tournée dans les Alpes). Cela donnait lieu à des scènes vertigineuses, comme celle du début où une alpiniste fait une chute dans l'abîme qui sépare deux pics. Cliffhanger fiche le vertige, ce qui n'est pas un mince accomplissement. Beaucoup plus terre à terre, ou neige à terre, le jeu n'est rien de plus qu'un beat'em up. Vous dirigez le personnage de Stallone, Gabe Walker, qui doit affronter les vilains terroristes à la recherche de l'argent qu'ils ont égaré dans la montagne. L'avantage du film pour les concepteurs est que les décors sont blancs, et ce n'est pas un sarcasme; on oserait même se demander si ce n'est pas l'une des raisons qui a poussé Sony à en faire un jeu. Pas chers, pas chers mes décors tout blancs !

Il y a bien entendu aussi la montagne, mais la façon dont celle-ci est représentée dans le jeu ne vous donne pas envie d'aller la voir en vrai. C'est une montagne carrée, avec non pas des sentiers mais des couloirs bien droits, plus uniformes que les rues de Final Fight, sans la moindre éminence, le moindre rocher, comme si l'on marchait sur le nappage d'un gâteau à la vanille. Les auteurs du jeu n'ont sans doute pas fait d'excursion ailleurs que dans la jungle urbaine; sont-ils d'ailleurs jamais sortis de leur maison ? On s'interroge en effet à voir la façon dont les flancs de la montagne sont dessinés, presque découpés comme des briques.

Certains graphismes ont été réalisés à partir de photographies du film, comme les montagnes des décors de fond et les images des scènes intermédiaires. Ces dernières sont pourtant loin d'être irréprochables, les couleurs sont mal choisies et les teintes affreusement sombres. Quel que soit le style qu'on a voulu leur donner, c'est raté. Dans le film, il y avait quelques méchants que Stallone neutralisait un par un, dans le jeu, les méchants sont issus d'une portée de centuplés et ce sont eux qui vous neutralisent. La diversité n'est en effet pas le fort de Sony, le débat le plus passionné à propos de ce jeu serait sans doute de savoir qui de la montagne ou des ennemis en offre le moins. Dans le premier niveau, il n'y a que deux ennemis différents, un balaise aux cheveux courts et un freluquet avec un couteau, il leur arrive de changer de vêtement, mais juste la couleur, parce qu'apparemment ils croient être très à la mode.

Ce qu'il y a d'amusant dans ce Cliffhanger en pixels, c'est que si le personnage ressemble assez bien à Stallone, il n'en a certainement pas les qualités athlétiques. C'est amusant si l'on est d'humeur assez détachée pour rire de se prendre des gnons sans arrêt parce que nos bras et nos jambes semblent plus courts que ceux de nos ennemis, eux ne manquant jamais de nous coller plusieurs coups d'affilé en pleine figure, ça l'est beaucoup moins si l'on s'évertue à avancer dans le jeu. Il devient évident à certains moments qu'il est impossible de ne pas recevoir de dommages, quelles que soient les précautions que l'on prend, parce que les attaques ennemies touchent plus facilement que les nôtres.

Les tentatives de changement sont toutes aussi peu réussies que la partie beat'em up: un peu d'escalade entre des tirs de snipers, s'enfuir à toute jambe pour échapper à l'avalanche ou aux chauve-souris (un vrai rouleau compresseur ces petites bestioles), dans les deux cas le gameplay laisse à désirer. Quant aux phases plates-formes, plus nombreuses qu'on pourrait le croire, elles mettent en avant la médiocrité de la manibialité: on la combat comme un véritable adversaire pour la soumettre et obtenir d'elle les sauts dont on a besoin. Cela se produit aussi souvent que cela ne se produit pas, mais avec moitié moins de vies que de passages frustrants, on est toujours perdant.

Pour alléger sa peine, Gabe peut ramasser les armes que les ennemis laissent nonchalamment derrière eux. Rien de neuf ici bas, on fait ça depuis Double Dragon. Sauf que dans Cliffhanger les ramasser n'est pas simplement utile, c'est vital. Variété, tu ne connaîtras point, puisqu'il n'y en a que deux type: le couteau et le uzi, le pistolet mitrailleur. Ces armes vous permettent de vaincre vite et bien, c'est à dire le plus souvent sans dommage, et contrairement à d'autres beat'em up on peut les converser un niveau entier (nettement plus facile à dire qu'à faire). Dans une autre vie Gabe était Rambo, et c'est peut-être pourquoi le fidèle couteau se révèle le plus efficace. Encore à propos des ennemis, les programmeurs ont eu une idée bizarre, celle de leur donner une brève invinciblité après avoir été touchés - privilège normalement réservé au joueur ou aux boss, peut-être histoire de rendre encore plus douloureuse une difficulté déjà intolérable.

Quel que ce soit l'auteur de la musique du jeu, il n'est pas Trevor Jones, et encore moins Mozart (dont le Dies Irae du Requiem transcendait la bande-annonce - on se demande d'ailleurs qui de Mozart ou de Stallone/Harlin a fait le plus pour le film, enfin bref). On reconnaît le thème de Cliffhanger dans l'intro, joué par notre Super Nintendo 50Hz, ça fait bizarre; le reste sont des rythmes d'action quelconques, inintéressants. Il y a plus à dire au sujet des bruitages. En se concentrant très fort sur le bruit des coups, on arrive à imaginer quelqu'un en train de manger des céréales ou de cirer des chaussures, par contre l'image d'un combat ne vient pas à l'esprit. C'est un peu le même problème avec les quelques voix digitalisées qui font glousser plus qu'elles ne mettent dans l'ambiance. Quand Gabe souffre, il emet un "beuh !" qui ressemble à s'y méprendre à celui de sa marionnette des Guignols. En résumé, le son manque de qualité mais pas d'humour !

Ah, de l'humour, c'est bien ce qu'il nous faut pour porter un regard affectueux sur ce dérisoire jeu de combat réalisé par Malibu (dont trois employés formeront plus tard Neversoft, les auteurs des Tony Hawk) et endossé par Sony. A la question que nous posions en début de test, de savoir si le jeu a ou non volé sa réputation, nous pouvons répondre sans hésitation qu'il l'a bien méritée: c'est un véritable ratage. Ca ne saute pas forcément aux yeux aussitôt le bouton Power engagé, la liste des défauts et des agacements s'allonge au fur et à mesure qu'on joue, pardon, qu'on subit. Ce qu'il y a de curieux tout de même, c'est qu'en cherchant des tests du jeu sur Internet, on ne trouve pas grand chose (ça c'est rassurant et normal) si ce n'est quelques avis pas si unanimement négatifs. Bizarre tout de même quand certains vieux jeux peu connus mais de bien meilleure qualité, eux, s'en prennent parfois plein la tête. Surtout que la Super Nintendo n'a pas manqué d'excellents beat'em up, Cliffhanger se plaçant haut la main comme l'un des plus mauvais. Alors si vous tombez sur un test qui lui donne ne serait-ce que la moyenne, vous pourrez en rire autant que du jeu lui-même, car son auteur lui se moque bien des jeux vidéo.

le 17 février 2006
par sanjuro



Jeu testé en version française
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