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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SEGA MASTER SYSTEM (8-bit)


Jeu, set et maltraitance.

Tennis Ace

Tennis Ace

Suppléments:

Classement SEGA


La Moitié des Mots de Passe...

 Master System

Développeur:
Sega

Editeur:
Sega
Genre:
Tennis

Joueurs:
1-2P

Dates de sortie
12.1989 Europe
très dur Difficulté:

72%Graphismes
79%Animation
75%Son
85%Jouabilité
93%Durée de vie

80%80%
Trucs et astuces

Mots de passe:

Voir le supplément.

Le tennis est un sport complexe. Il ne s'agit pas de mettre la balle dans un panier ou dans une cage, mais d'empêcher cet adversaire qui nous fait toujours face de nous la renvoyer, et ainsi, point par point, de le surpasser. Traduit en jeu vidéo, cela pose un problème particulier : il faut pouvoir contrôler les mouvements de son joueur mais aussi ceux de sa raquette, qui déterminent la direction de renvoi de la balle.

Dans les vieux jeux vidéo, ceux des années 80, ce n'était tout simplement pas possible. Il aura fallu attendre la décennie suivante et les titres de Namco et Human pour pouvoir vraiment diriger sa raquette. Alors, comment faisait-on auparavant ? Eh bien, l'orientation de la balle était déterminée par la seule position du joueur. Prendre en mains l'un de ces vénérables ancêtres, comme Tennis Ace aujourd'hui, et tenter d'y appliquer une méthode de jeu plus récente, c'est s'exposer à des surprises.

Mais la première d'entre elles, avant les échanges, c'est la vue. On ne peut pas la louper. Vous avez vu cette vue ? Plus écrasée qu'une crêperie sous un rouleau compresseur. L'oiseau qui observe le court a un fil à plomb accroché au cou. Il n'y a aucune perspective. Le filet est un trait, son ombre à côté un autre trait. Les joueurs, mais aussi le public, l'arbitre, sont des crânes encerclés d'un torse traînant avec lui des membres qui s'allongent ici et là. Sont-ce des hommes ou des mollusques ? C'est pas beau l'humanité perpendiculaire.

Il faut longtemps pour s'habituer à cette vue, et en vérité, on ne s'y fait jamais vraiment. Car le gameplay lui-même n'en sort pas indemne. A cette hauteur, la balle n'est qu'un disque jaune qui change de taille en fonction de son élévation. Et pour deviner quand elle est au niveau de notre raquette, ce n'est pas toujours facile, surtout quand l'ordinateur se met à faire des balles un peu hautes au filet. On est certain de l'atteindre, pourtant on frappe dans le vide pendant que la balle file tranquillement au-dessus de nous. Frustration garantie.

Un avantage est celui de la lisibilité. Le court, tout en rectangles, tient largement dans l'écran et l'on voit précisément chaque retombée de balle (certaines paraissent suspectes, mais comme elles sont souvent à notre avantage, nous ne les discuterons pas). En outre, les jeux de tennis utilisant toujours le même point de vue incliné, celui-ci a au moins l'originalité pour lui. Mais somme toute, cette vue est bien vilaine. Les sprites, avec leurs jambes écartées, ressemblent aux araignées de Zelda. Et d'ailleurs, comme elles, ils n'ont que deux déclinaisons : un sprite azur pour les hommes et violet, casquette rouge, pour les dames.

Sega se rattrape comme il peut. Le peu de place qu'occupe ce graphisme terne leur permet d'en distribuer ailleurs. Le service ainsi présente le joueur de profil, en vue rapprochée, dans une belle image plein écran. C'est bien animé et très chic, avec même un léger mouvement dans la foule. Seulement, à la façon de TV Sports Basketball la dernière fois, cela rompt systématiquement la continuité, et Sega est obligé de le précéder d'un embarrassant écran « Check your posi­tion » pour que le joueur se rappelle d'où part la balle !

Il reste encore beaucoup de place pour le graphisme, qui sera meublé dans le mode tournoi et surtout dans l'illustration des joueurs. Ils sont 16, dix hommes, six femmes, si facilement reconnaissables malgré leurs noms remodelés que la présentation que nous avons réalisée en supplément vous paraîtra sans doute superflue. Quel que soit le mode, les parties sont complètement mixtes. Libre à vous d'aplatir la frêle japonaise avec Ivan Lender. Le féminisme moderne avant l'heure !

Le mode tournoi n'est pas une partie de plaisir. 6 pays vous attendent, c'est plus que le vrai Grand Chelem, ce qui est un peu fort ! On y retrouve ses principaux tournois, dont les opens de France et du Royaume-Uni. On dispute le quart de, la demi- et la finale, trois matchs. Donc 18 au total ? Non, 36 ! Car non content de devoir jouer en simple, on doit aussi participer aux matchs en double, épaulé par l'ordinateur (ou un humain, mais tout change alors). Il n'y a aucune échappatoire ! On ne peut ni passer, ni changer de joueurs, ni perdre.

Pour pouvoir avancer, il faut tout gagner. Autant dire que Tennis Ace durera longtemps si vous en avez la patience. Heureusement, les matchs sont tous en 3 sets et chacun se termine avec la remise du mot de passe, plus utile que des félicitations. En outre, après chaque coupe, vous recevez 5 points à répartir dans vos trois caractéristiques. Vous en aurez bien besoin car vos adversaires progressent plus vite que vous.

Et puis comme décidément cette vue écrasée laisse beaucoup de place, Sega en a profité pour donner une musique différente à tous les pays, musique qui a la particularité amusante de s'accélérer à chaque set ! Les segamaniaques les plus atteints se forceront à perdre le second pour l'entendre changer dans le troisième ! Mais qu'ils se rassurent, ils n'auront peut-être pas à se forcer beaucoup. Il suffira qu'ils croisent le chemin d'un certain Français, renommé ici d'après une étoile.

Curieusement, la version pixelisée de Yannick Noah est une sorte de brute invincible entre Roger Federer et Rafael Nadal, avec un zeste des soeurs Williams. C'est le premier joueur qui risque de vous faire tomber, à moins que, habile ou patriotique, vous décidiez de le sélectionner. Mais cela suffira-t-il ? Dès le second tournoi, en Italie, l'opposition devient telle qu'on a l'impression d'avoir changé de mode de difficulté. Cela continue au pays suivant, mais de manière un peu moins dramatique.

Yannick Noah ne se contente pas d'apparitions sous des noms d'emprunt, il a aussi été la vedette de plusieurs jeux vidéo, et ce dès 1983 ! Par la suite, c'est Ubi Soft qui s'est chargé de diffuser son image sur consoles et ordinateurs.

Ironiquement, tous ces jeux-là datent de 1998 et après, alors que Noah a arrêté le tennis depuis des années. Sans doute restait-il populaire. La réalité cependant est moins flatteuse : Noah n'est pas vraiment la vedette de ces titres; il sert à remplacer, pour le marché français, des stars comme Jimmy Connors ou Michael Chang.

 
 
Tennis Yannick Noah   (Advision Home Arcade, 1983)
Yannick Noah Tennis   (GB 1998)
Yannick Noah All-Star Tennis '99   (PS 1998, N64 1999)
Yannick Noah Great Courts 3   (PC 1998)
Yannick Noah All-Star Tennis 2000   (GBC, PS, PC 1999)


C'est ici, dans ces matchs impitoyables, que l'absence de contrôle de la raquette, les limitations de la jouabilité, se font le plus gravement sentir. Les échanges sont vifs, et quand on repère des ouvertures, on ne peut pas souvent en profiter parce qu'il faut bien se placer avant de renvoyer. Sans la bonne technique, nos balles sont droites et l'ordinateur les réexpédie facilement selon son angle préféré; sa raquette à lui étant flexible à souhait.

Alors, on est obligé de prendre des risques, d'utiliser des positionnements difficiles pour renvoyer la balle à des angles aigus. Mais il en résulte souvent des « out » et des « net » tant il faut être précis, et des balles qui ne passent même pas le filet, préférant aller mordre l'arbitre. De son côté, l'ordinateur commet peu de fautes et jamais, au grand jamais, de doubles fautes ! Il rate les balles, cela lui arrive, mais autrement, surtout quand son joueur est masculin, il est redoutable. C'est du pur Sega.

Dans un jeu vidéo, le joueur se bat sur le terrain de l'ordinateur, dans un univers dont il est à la fois le créateur et l'adversaire. Nous, pauvres humains, y sommes nécessaire­ment désavantagés. Les meilleurs concepteurs de jeux s'évertuent à aider un peu le joueur, en lui donnant des atouts de jouabilité pour qu'il puisse se battre à égale mesure avec la machine. Le Sega de cette époque lui ne lève pas le petit doigt. Que le joueur se débrouille ! Si l'ordinateur l'écra­se, c'est qu'il n'est pas assez bon.

Oh, il y a bien des techniques pour gagner. Au service, il suffit d'avancer un peu après avoir frappé et juste avant que la balle ne revienne, de changer de côté par rapport à elle. Elle passera devant l'ordinateur déconcerté. Pour effectuer des retours gagnants systématiques, il faut se placer dans le bon angle et bien frapper. Tout est dans le timing. En double, les techniques changent. En revanche, n'espérez pas d'aces : pour un jeu qui s'appelle Tennis Ace, l'ironie est qu'il est impossible d'en faire de vrais.

Ces deux méthodes sont bien plus efficaces que de vouloir affronter l'ordinateur avec une attitude franche et chevaleresque, situation dont on sort régulièrement perdant, même après avoir réalisé de beaux échanges. Pour battre l'ordinateur, il faut exploiter les mêmes coups encore et encore, avec une régularité de mécanisme, comme un robot. Voilà, en fait, à quoi nous réduisent Sega et tous ces partisans des grandes difficultés décidées par les circuits de la console : à jouer comme une machine.

Néanmoins, étrangement, dans le cas de Tennis Ace, malgré sa piteuse vue de jeu de billard, malgré notre indigence face à l'ennemi, malgré les nombreuses trahisons de la balle, un sentiment majoritairement positif subsiste au bout du compte. Non, ce n'est pas grâce à l'image du service (que l'on subira au minimum 48 fois durant un match). C'est peut-être la longévité du mode tournoi, qui donne vraiment l'impression de se battre pour quelque chose. Ou l'alternance des simples et des doubles, qui, cause d'effarouchement au début, apporte de la variété dans ce très long mode. Ou une certaine maîtrise, qui finit par venir. Les parties à deux et leurs divers agencements auront évidemment aussi leurs supporters.

Quelles qu'en soient les raisons, Tennis Ace est visiblement plus abouti que d'autres productions Sega destinées au seul continent européen. 1990 est peut-être la meilleure période pour notre Master System. La console vient de s'éteindre au Japon, mais, dans leur lancée, les équipes locales travaillent encore dessus et sont plus engagées qu'elles ne le seront par la suite. Pour Sega, Service Games, c'est un service gagnant !

le 29 novembre 2019
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
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