Ralph - J'ai une faim de loup moi, si on allait faire un tour en ville.
George - Laquelle ?
Ralph - Hum... Los Angeles ?
George - Ha, non, j'l'ai rasé hier et j'ai mangé tout le monde.
Ralph - Zut ! Bon, ben allons à Las Vegas, la nourriture est grasse et facile à attraper. On pourra aller pulvériser quelques casinos après.
Lizzie - Salut les gars !
George - Salut Lizzie, tu viens avec nous à Las Vegas, on va se faire un gueuleton.
Lizzie - Ha, désolé les potes, mais j'en reviens juste, j'avais un petit creux. J'ai encore la tête du maire coincée entre les dents, vous auriez pas un poteau que j'essaye de l'enlever ?
Ralph - Bon ben ils nous restent plus qu'à marcher jusqu'à Dallas. Grr... ça me met en rogne d'avoir le ventre vide ! Ca me donne envie de tout casser !!!
George - Vieux, je crois qu'on a toujours envie de tout casser, même après avoir mangé.
Ralph - Hé, quoi, c'est normal: tout casser, ça donne faim !
George et Lizzie - C'est bien vrai, har har har har !!

Ralph le loup, George le gorille et Lizzie le lézard sont des monstres, et comme les vrais monstres, ce sont des humains, des scientifiques (des vrais de vrais, quoi !). C'est une potion qui les transforme en monstres géants et une fois leur vie à plat, ils reprennent leur fragile apparence d'origine. Mais ça, c'est le game over. Auparavant, ils se livrent à une destruction en règle des grandes villes américaines, réduisant d'imposants buildings en poussière à la force de leurs poings et grignotant par-ci par-là un citoyen parce que ça recharge des vies et puis parce que c'est bon. Cette activité barbare se répète inlassablement sur 50 niveaux (10 villes X 5 niveaux) ce qui n'est jamais trop long pour le cerveau joueur d'un monstre mais monstrueusement long pour un joueur cervelé. On peut s'adjoindre l'aide d'un pote comme ça on peut tout casser, fracasser et puis aussi se filer un pain de temps en temps.

Le lieu de travail d'un monstre, c'est juste un écran fixe avec des immeubles parfois légèrement superposés. Autour s'activent des hélicoptères, des tanks mais aussi des trams, des bâteaux, et à l'intérieur des gens qu'il n'y a qu'à empoigner pour les croquer goulûment. Certains objets peuvent aussi être avalés, avec des conséquences plus ou moins plaisantes pour l'estomac du monste. Les tirs sont nombreux mais font perdre très peu de points de vie, il faut simplement se dépêcher pour en terminer au plus vite avec le moins de dégâts. La notice parle de "mise en place d'une stratégie", terme un peu exagéré.

Rampage est un très mauvais guide touristique, toutes les villes américaines se ressemblent. Les graphismes ne sont pas terribles sans être laids, contrairement à d'autres titres Master System les couleurs ne sont pas affreuses, mais tout est tellement répétitif qu'on ne voit strictement aucune différence entre Las Vegas et Detroit par exemple. La traversée de la côte ouest à la côte est se fait dans une parfaite monotonie esthétique. Le jeu manque d'une force, d'un atout. A part les monstre et leurs grimaces affreusement rigolotes, toutes les caractéristiques sont relativement moyennes que ce soit les graphismes, la musique, les bruitages, l'animation, la maniabilité ou l'intérêt, rien ne sort du lot, rien ne pousse vraiment à jouer.

Toutefois, le point le plus faible se situe à un niveau qui ne pardonne pas: l'intérêt. Tout ce qu'on vous demande dans Rampage, c'est de détruire. Détruire tous les immeubles d'un écran pour passer au suivant et répéter l'opération. Inutile de dire que cela devient rapidement ennuyeux et que voir la fin du jeu n'est même plus une motivation suffisante pour continuer. Résultat, une seule partie est c'est assez pour avoir envie de mettre le jeu de côté et ce n'est pas le mode deux joueurs qui offre beaucoup d'espoir. Morale: détruire les Etats-Unis est une activité qui n'amuse bien que les fous !