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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SEGA MASTER SYSTEM (8-bit)


Le petit garçon qui a terrifié des générations de joueurs.

Paperboy

Paperboy

 

 Master System

Concepteur:
Atari

Développeur:
Tiertex

Editeur:
U.S. Gold
Genre:
Action

Joueurs:
1P

Dates de sortie
1990 USA
1990 Europe
atroce Difficulté:

52%Graphismes
56%Animation
55%Son
42%Jouabilité
45%Durée de vie

38%38%

Livreur de journaux, quel boulot infâme ! Le salaire est minable, on vous force à travailler au petit matin ou la nuit, à transporter des kilos de papier salissant, sans parler des chiens qui grognent et aboient comme si c'était eux le maître et vous le chien. Vous êtes la dernière pièce du rouage, et on vous le fait sentir. Pas étonnant qu'on refile ce travail d'esclaves à des adolescents; eux au moins n'iront pas se plaindre qu'on les traite comme des moins que rien, trop heureux qu'ils sont de pouvoir gagner quelques sous sans avoir à subir les sermons paternels sur la valeur de l'argent et l'avarice comme vertu.

Le Fantôme aux Mains Noircies

Aux Etats-Unis, avant que le pays nécessite l'intervention de tengus, c'était un petit boulot prisé des adolescents, souvent leur tout premier. A cheval sur leur vélo, ils s'en allaient à l'aube lancer les journaux sur le porche des maisons de ces jolies petites banlieues américaines toutes carrées, les incontournables suburbs. Tout du moins, c'est comme ça qu'on le voyait au cinéma; et c'était sans doute vrai, car, à moins qu'il ne s'inspire uniquement de films, cela se passe aussi comme ça dans le jeu vidéo Paperboy.

Création d'Atari, d'abord un jeu d'arcade, Paperboy dû connaître un certain succès puisque, à partir de là, il fut adapté sur un nombre considérable de supports parmi les ordinateurs et les consoles, bien après que le titre original eut perdu tout son charme et cessé de faire parler de lui. Cette persistance à vouloir garder en vie un jeu ouvertement démodé fut longtemps une source d'incrédulité et d'atterrement pour la presse et les joueurs. Bien qu'il s'agisse d'un jeu d'action, le principe de Paperboy est d'une nature réaliste, comme le sont certains jeux de stratégie et de management: une activité bien réelle, le plus souvent comme ici une profession, est convertie en un jeu vidéo sans trop verser dans la fantaisie.

Le Vélo Hanté

Grâce à ces jeux, on peut devenir maire (Sim City), gérant (Theme Park, The Conveni), chirurgien (Life and Death, Trauma Center) ou, un peu moins sérieusement exécuté, pompier (The Firemen, The Ignition Factor). Dans Paperboy, le métier s'exerce avec rigueur: la distribution commence le lundi et se répète pendant toute la semaine. Aussi fastidieux qu'un vrai boulot ! Durant la tournée, vous devez jeter les journaux devant la maison de chaque abonné ou, pour plus de points, directement dans leur boîte aux lettres. Là où le jeu diffère sensiblement de la réalité est que le paperboy n'a pas le droit à l'erreur; ne pouvant rebrousser chemin, s'il rate une maison, c'est d'office un abonnement résilié le jour suivant.

Même punition si l'on casse accidentellement une vitre, ce qui semble déjà plus justifié. Poussé par son diable de vélo dont il ne peut que changer la vitesse, la méthode de livraison du pauvre garçon consiste à balancer les journaux latéralement comme des roquettes en tâchant de viser pour le mieux. Des intersections, traversées par quelques véhicules dangereux, divisent la rue en deux blocs avec, tout au bout, un terrain de jeu équipé de cibles et de tremplins pour empocher quelques points supplémentaires. Chaque bloc compte dix habitations mais dont un peu plus de la moitié seulement appartient à des abonnés. Les autres, aux murs couleurs de cendre, ne tiennent lieu que de décor.

Le Sépulcre de la Jouabilité

Ces maisons en deuil finissent par se multiplier, moins à cause de l'imcompétence du joueur que de la difficulté de jeter le journal au bon emplacement. Toutefois, préserver le nombre d'abonnés du Daily Sun n'est pas la tâche qui requiert le plus de concentration. Tant qu'il y a ne serait-ce qu'une maison à livrer, vous gardez votre gagne-pain (ou gagne-miettes) et chaque parcours sans faute, même pour un seul client, vous restitue un abonné. Le tir de précision réduit à une ou deux maisons, le reste de la rue n'est plus alors qu'une course d'obstacles où il faut éviter les break dancers et les ouvriers, les tondeuses et les radio-cassette. On en revient au bon vieux principe de protéger fébrilement ses trois malheureuses vies que la moindre collision vous retire une à une, ce qui n'est pas particulièrement évident et subit, là encore, la médiocrité de la jouabilité.

Celle-ci n'est jamais à la hauteur des exigences de la difficulté, parsemée d'objets et d'individus qui vous font systématiquement culbuter et arrivent trop vite ou à des angles trop raides pour être évités. La collision entre sprites est des plus confuses, le plus souvent elle paraît trop stricte mais se révèle occasionnellement vraiment tolérante, quand on frôle les gus à monocycle par exemple. On voudrait rouler vite, mais cela ruinerait nos chances de réussir, alors on finit par avancer prudemment, ce qui rend le vélo d'autant plus lourd à manoeuvrer. Si celui-ci répond assez bien, son champ de mouvement est très limité par la vue isométrique qui enferme le joueur dans un angle de l'écran, position désagréable pour jouer.

Pauvre Cadavre Desséché !

Mais ce n'est qu'une moitié du problème. L'autre, c'est le manque d'intérêt flagrant. Dans la pratique, les trois modes de difficulté, les sept jours de la semaine, n'ont qu'un seul résultat: vous faire traverser vingt et une fois le même niveau sur des variations insignifiantes de difficulté, un niveau qui avec ses larges maisons identiques n'est déjà pas bien excitant à franchir une première fois. Tout se ressemble, c'est un fragment répété à l'infini et par malheur ce bout de jeu était déjà barbant avant même d'avoir été dupliqué.

Ce titre U.S. Gold conserve l'inhérente laideur de la série. Même si l'avantage graphique de la console est exprimé, que les couleurs ne sont pas d'un mauvais goût insoutenable, c'est peine perdue: la version NES ressemblait à un jeu Atari 7800, la version Master System ressemble à un jeu NES là où l'arcade ressemblait à un jeu Master System, tout est un niveau en dessous de ce qu'il devrait être et cela se répercute sur les produits suivants comme une chute de dominos. Evidemment, la musique, unique, est d'un standard équivalent. L'harmonie qui existe dans le jeu ne sert qu'à lier ses défauts. Mais il possède malgré ses déficiences une vraie qualité, une courbe d'apprentissage qui s'élève plus haut que l'odieuse jouabilité et permet d'effectuer des progrès valorisants.

The Curse of the Paperboy

A n'en pas douter, quand il était un peu plus jeune, l'auteur du jeu d'arcade devait être un paperboy, peut-être d'autres membres de son équipe aussi. Et cette expérience les aura tellement traumatisés, leur laissant tant de souvenirs amers, qu'inconsciemment ils n'auront pas pu réaliser un bon jeu. Les corps de vieux rois égyptiens sont couverts de malédictions, alors pourquoi pas aussi les fantômes d'adolescents à vélo ! A moins que le mauvais sort ne suive Atari, décidément bien vulnérable à cette époque sur consoles avec des ratages monumentaux comme les ports d'arcade de Pit Fighter et Race Drivin', Hard Drivin'.

Ce qu'il y a de plus vexant avec Paperboy est qu'un principe aussi misérable, aussi étriqué, ait été resservi pendant tant d'années sur des supports variés et bien au-dessus d'une telle pauvreté de game design. A croire que les compagnies de distribution de journaux essayaient de redonner le goût du métier à leurs jeunes employés en leur gâchant leurs jeux vidéo. En 1990 sur Master System, Paperboy, ce vieillard adolescent, était déjà trop vieux d'une génération.

"It's a rough job, but... DAMN YOU! Ha ha ha!"

le 5 septembre 2008
par sanjuro



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