Pac-Man est le grand-père des jeux vidéo, et comme tel, il a assez de souvenirs et d'exploits pour radoter des après-midi entiers. Des jeux Pac-Man, il y en a eu des tripotées, peut-être même plus que les Sonic et Mario tant le jeu original a été décliné sous différents supports et en de multiples variations, difficile alors d'en choisir un dans tout ça, chacun ayant en outre son ou ses favoris. Celui que 1UP a choisi pour le premier test d'un jeu Pac-Man est un titre assez spécial. Pas très connu mais pourtant assez réussi, Pac-Mania est une déclinaison originale et intéressante du principe de base. Sa particularité peut sembler simple mais se révèle ingénieuse: transposer les labyrinthes de Pac-Man en 3D isométrique.

Le jeu conserve tout l'esprit et une large partie de la façon de jouer de Pac-Man, et ajoute quelques bonnes idées pour profiter pleinement de sa nouvelle dimension. La nouveauté la plus notable est la possibilité de sauter pour éviter les fantômes. Vu le fonctionnement de cette version, c'est presque une nécessité. Le but de Pac-Man est toujours le même: avaler toutes les pastilles d'un niveau en évitant les fantômes, mais non seulement les niveaux sont plus grands et, du fait de la vue restreinte, les mouvements adverses se devinent moins facilement, mais le nombre de fantômes n'est plus limité à quatre.

Il y a bien sûr toujours les pastilles d'énergie (connues chez nous sous le nom de pac-gums, à cause du dessin animé), qui n'ont d'énergie que le nom puisque plutôt que d'en donner à Pac-Man, elles en enlèvent aux fantômes que l'on peut alors facilement croquer. Comme dans l'original, une fois gobés, il ne reste d'eux qu'une paire d'yeux qui retournent au milieu du niveau pour se regénérer. Outre le fait qu'il manque une couleur, le rose, la seule différence qu'ont les fantômes est que ceux de couleur verte peuvent sauter un peu plus tard dans le jeu, et que, lorsque vous avez fait le tour des différents niveaux, vous recommencez depuis le début avec des fantômes ultra-rapides qui mettent vos capacités de saut à rude épreuve.

C'est finalement graphiquement que Pac-Mania affiche un contraste frappant avec ses ancêtres. Pac-Man n'est plus un camembert entamé, mais une boule avec un visage et même, une animation. Animer une boule et des bouts colorés censés représentés des fantômes n'est pas vraiment un défi pour un animateur; Tengen n'a cependant pas négligé cette tâche et pour le peu qu'il y a, l'animation est très satisfaisante. Des petits détails sympathiques permettent d'apprécier le travail, comme de nombreux frames d'animation pour rendre le mouvement de la bouche fluide, d'autres spécifiquement créés pour montrer Pac-Man lorsqu'il ingurgite une pastille, ou encore les fantômes qui lèvent les yeux quand on saute au-dessus d'eux.

Quant aux décors, à défaut d'être variés, ils sont assez originaux, plutôt cool et vont bien avec Pac-Man. Le premier niveau est fait de Lego, le second semble fait de néons, le troisième de sable, d'eau et de pyramides, le dernier de plates-formes au-dessus du vide. Chaque niveau a plusieurs variations de couleur, et c'est malheureusement le seul changement qu'ils ont à offrir. De ce point de vue, on a l'impression qu'on se moque un peu de nous: "pas besoin d'en rajouter, ça suffira à l'acheteur, après tout on propose quatre fois plus de niveaux que l'original ! Haha !". Du coup Pac-Mania tombe dans cette catégorie de jeux dit arcade (penser plutôt arcade primitif) où les jeux tournent en boucle plutôt que de créer de nouveaux niveaux, et où la difficulté explose là où la boucle commence, histoire d'imposer une fin. Pas étonnant que la durée de vie soit le point noir du jeu, syndrome courant des jeux Pac-Man.

On pourrait craindre que le son suive la même voie, eh bien non, à l'image des graphismes rehaussés, le son l'est également. Les bruitages sont dynamiques, et les musiques, les premières en particulier, très entraînantes et colorées, se marient bien avec l'univers de Pac-Mania. Un tableau est vite dressé: il y a plus de bons points que de mauvais, quoique les mauvais, la durée de vie et l'étendu du jeu, comptent parmi ceux qu'il est chaudement recommandé de ne pas rater pour faire un bon jeu. Alors, forcément, le constat n'est pas aussi positif qu'on le souhaiterait. Mais étant le dérivé d'un titre incroyablement simple et pourtant assez accrocheur (loin du niveau d'un Tetris quand même, qu'on n'essaye pas de nous faire passer des vessies pour des lanternes), il jouit d'une situation très avantageuse qui lui permet d'améliorer facilement dans tous les domaines avec peu d'efforts. Sur un rythme frénétique, il recycle habilement de vieux plaisirs pas défendus.