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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SEGA MASTER SYSTEM (8-bit)


Attention à ne pas perdre la bou... Trop tard.

Marble Madness

Marble Madness

 

 Master System

Concepteur:
Atari

Développeur:
Tengen / Virgin

Editeur:
Virgin
Genre:
Action / Réflexes

Joueurs:
1P

Dates de sortie
1992 Europe
atroce Difficulté:

78%Graphismes
75%Animation
72%Son
43%Jouabilité
51%Durée de vie

54%54%
Trucs et astuces

Choix du niveau:

Sur l'écran d'options, choisissez Test FX 2 et Test Tune 5. Vous pourrez maintenant changer le Start Level.

Quand on évoque le nom d'Atari, on pense surtout à leurs consoles Atari 2600 et 7800, à Pong, et à l'opposé, à l'Atari moderne avec ses adaptations de Godzilla, Matrix, Riddick, et d'autres jeux pas toujours bien fameux. On pense au passé lointain et au présent, à l'Atari constructeur de hardware et à l'Atari nouveau visage d'Infogrames. Si la société originale a plus ou moins disparu, elle n'a jamais vraiment cessé d'être active. Entre leurs débuts retentissants et leur lente dissolution, ils auront toujours créé des jeux. Durant la grande époque de la rivalité Nintendo-Sega, à la jonction des années 80 et 90, ils étaient là, en arrière-plan, développant et éditant des titres pour les deux géants.

Mais l'ambition — et le talent pourrait-on ajouter — n'y était pas. Leur stratégie commerciale était d'adapter sur consoles leurs succès d'arcade qui en ce temps, pour la plupart, étaient déjà dépassés. Paperboy, Rampart, Pit Fighter, Klax, Race/Hard Drivin', et donc Marble Madness, autant de jeux connus qui ne sont pourtant pas regardés avec beaucoup d'estime par les joueurs casaniers. Le plus souvent, le développement était à la charge de leur filiale Tengen, éditeur sujet à controverses pour ses ports non-officiels sur NES, attitude défiante que l'on pouvait voir comme une sorte de rébellion de l'ancien leader américain contre son phénoménal remplaçant japonais. Une animosité de vaincu subsistait.

Aussi, pour amener leurs classiques sur consoles, Atari se trouvait parfois à négocier avec un intermédiaire, un développeur ou un éditeur bien posé. C'est à cause de cela que certains jeux Atari évoquent pour nous d'autres compagnies et qu'on ne réussit pas toujours bien à associer cette propriété intellectuelle avec son vrai propriétaire. Sur NES, la plupart de leurs jeux, comme Gauntlet II et Paperboy, furent convertis par Mindscape. Mais il y eut des exceptions, Marble Madness en fait partie: il eut la chance d'être développé par Rare. Sur Master System, il ne vit le jour qu'en Europe, grâce à Virgin, sans qu'on soit certain qui de Virgin ou de Tengen s'occupa de la réalisation. Un programmeur est crédité, Steve Lamb, qui avait déjà bossé sur un clone de Marble Madness pour le ZX Spectrum, Gyroscope. Donc un anglais, donc plutôt Virgin.

En son temps, en 1984 sur borne d'arcade, Marble Madness fut un succès. Le principe autant que les décors escarpés en 3D isométrique étaient inédits. La boule avait l'originalité de se contrôler avec une trackball, comme on en a longtemps trouvé sur les ordinateurs portables et qui ressemble à l'envers d'une souris. Quand il inventa et programma ce jeu, assisté d'une petite équipe, Mark Cerny n'avait que 18 ans et cela lança bien évidemment sa carrière de façon magistrale. Il a été depuis impliqué dans de nombreux best-sellers du jeu de plates-formes (Sonic 2, Crash Bandicoot, Spyro, Jak and Dexter, Ratchet and Clank...) où l'on retrouve son savoir-faire pour les pièges tordus. Quant à sa création, elle servit d'inspiration à d'autres jeux, des jeux à balle mais pas des jeux de sports, comme Spindizzy Worlds, Putt & Putter, ou encore On the Ball et Super Monkey Ball. On ne peut nier l'impact positif qu'aura eu Marble Madness.

Sur consoles, des années plus tard, ce triomphe ne se sera pas répété. Si Rare réalise une bonne conversion, celle de la Master System a surtout le don de mettre en avant tous ses défauts, en particulier au travers des nombreux problèmes de maniabilité qui se posent, et de souligner à quel point le jeu a mal vieilli. Le mode deux joueurs simultanés, qui était important compte tenu du peu de profondeur du mode solo, n'a pas été inclus. Tengen se donne beaucoup moins de mal que Rare et cela résume assez bien le caractère d'Atari à cette époque, recycleur paresseux de ses succès d'antan, trop satisfait de lui-même pour mesurer l'ampleur de sa débâcle et s'apercevoir que les temps ont changé. On pourrait presque y lire la raison de l'échec de leurs consoles: le manque de vision et de créativité, aucun désir d'expérimenter ou de s'améliorer. Atari vivait dans le passé et comme tel en aura longtemps été le synonyme.

Sur le plan du design, le jeu est fidèle. On retrouve les six niveaux géométriques verticaux avec leurs façades lisses et leurs tracés sournois, et les quelques ennemis rôdant autour des pièges comme une bande de jeunes dévoyés. On dirige une boule bleue que l'on doit emmener au goal, marqué de drapeaux. A cause de sa fragilité, du parcours qui est tout sauf régulier et d'un temps limite pressant, c'est évidemment un sacré challenge. Mais ce qui l'est encore plus dans cette conversion, c'est le contrôle de la boule, ultra-sensible. Dans la version NES, la sphère est un peu comme un 4x4, elle accroche bien à la route; sur Master System, ce serait plutôt une auto tamponneuse conduite par un non-voyant ivre mort. Les deux types de commande 45 et 90 degrés sont présents mais ça ne change rien, que l'on choisisse l'une ou l'autre, la boule part dans tous les sens avec trop d'impulsion et on se prend la tête à tenter de la stabiliser.

Marble Madness n'est pas le genre de jeu où la difficulté fait preuve d'indulgence envers des fautes de maniabilité d'une telle proportion. Elles le rendent tout bonnement injouable dès que la précision entre en jeu et que les obstacles deviennent sérieux, vers le troisième ou quatrième niveau. Dans un sens, c'est une bonne nouvelle: avec ses 6 petits niveaux, on n'a pas l'impression que le jeu est trop court puisqu'on n'en voit jamais la fin ! La bille se regénère perpétuellement, mais comme le temps pour atteindre l'arrivée est limité, chaque seconde qu'on perd en la cassant nous rapproche un peu plus du game over. Et ce temps est inestimable puisque ce qu'il en reste à la fin d'un niveau est transféré vers le suivant. Les 20 secondes de base de l'Ultimate Race ne serviront à rien si on n'a pas réussi à économiser du temps dans chacun des niveaux précédents. Dans ces conditions, bien jouer ne suffit pas, il faut réaliser des parcours sans faute. C'est ce qui préserve la durée de vie mais rend en même temps la présente version impossible, du fait de la maniabilité.

On passera rapidement sur les caractéristiques techniques. Huit degrés de difficulté, c'est louable mais les premiers sont déjà bien trop durs et l'on n'a guère de raison de se servir des suivants. La musique n'a rien d'extraordinaire mais n'est pas désagréable, ce qui est toujours un soulagement sur Master System. Minimaliste, l'animation se limite aux pièges mécaniques, aux monstres et aux accidents, notre pauvre boule étant torturée de plusieurs façons comme une adepte de CBT. Paradoxalement, elle ne possède aucune animation qui suggère le mouvement, si bien qu'en ligne droite on croirait faire glisser un curseur plutôt que faire rouler une sphère, impression que vient renforcer l'absence d'ombre. On est heureux de voir la Master System gérée sa palette avec retenue: les couleurs sont sobres, dans le ton de l'arcade.

En somme, cela n'aurait pas été une trop mauvaise adaptation si la jouabilité n'était pas venue tout gâcher avec une gestion physique impétueuse de la boule. A cause d'elle, la difficulté s'enflamme et notre intérêt s'éparpille en cendres froides. On se débat moins avec les périls du relief qu'avec la boule; la priorité devient tout autre. Ce n'est pas vraiment une tragédie, à part peut-être pour les fans de l'arcade et ceux qui avaient mis 400 francs dans la cartouche à l'époque; Marble Madness aura créé un nouveau style de jeux mais il existe, tout du moins sur consoles, plusieurs autres titres qui valent mieux que l'original.

le 9 avril 2010
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
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