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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SEGA MASTER SYSTEM (8-bit)


Don Sega vous fait une offre que vous ne pourrez refuser.

Dead Angle

Dead Angle

 

 Master System

Concepteur:
Seibu Kaihatsu

Développeur:
Sega

Editeur:
Sega
Genre:
Tir

Joueurs:
1P

Dates de sortie
1989 USA
1989 Europe
bonne Difficulté:

60%Graphismes
48%Animation
54%Son
88%Jouabilité
46%Durée de vie

66%66%
Trucs et astuces

Voir Naples et mourir. C'est bien ce qui risque d'arriver en cette année 1931 à George Phenix, inspecteur de la brigade criminelle de New York. L'arrestation de Robert King, un des plus grands caïds de la pègre, lui a valu des vacances bien méritées. Avec son amie Jane, ils sont partis en amoureux pour l'Italie. Mais les barreaux n'ont pas longtemps retenu King. Assoiffé de vengeance, il fait kidnapper Jane par la mafia locale et jure d'avoir la peau de son ennemi juré.

Le doigt sur la gâchette de son revolver à balles illimitées (un modèle datant vraisemblablement des années folles), Phenix se lance à la rescousse de sa miss, poursuite qui va vite le ramener dans son pays. Il est prêt à flinguer tous les gangs qui s'interposent entre lui et King, en commençant par la famille Enrico de Naples. Avanti, pezzonovante !

Comme cela arrive souvent sur Master System, Dead Angle est le jeu d'arcade d'une autre firme reprogrammé par Sega. La firme en question ici, cela est plus surprenant, est Seibu Kaihatsu. Nom barbare qui évoque surtout un jeu : Raiden, la série de shoot 'em ups en survol terrestre.

Dans Dead Angle, ce n'est pas le sol qu'on regarde, mais tout le décor. Phenix se contrôle par le biais de cette perspective étrange où le buste du personnage apparaît au premier plan mais uniquement ses contours, pour ne pas bloquer la vue. Dynamite Duke est un jeu Sega qui se sert d'une technique similaire; parmi les titres que nous avons testés, il y a aussi Crossed Swords sur Neo Geo.

Dead Angle a plusieurs avantages sur eux. D'abord, notre bonhomme est très transparent, à peine une esquisse, c'est très bien pour la visibilité. Ensuite, on dirige surtout une cible et lui suit son mouvement. Il n'y a pas d'actions compliquées; on tire avec un bouton, on se baisse un petit moment avec l'autre, pour l'esquive, c'est facile et intuitif.

Et puis Phenix, comme son nom le suggère, n'est pas un inspecteur ordinaire. Il lévite ! Il vole ! C'est un policier avec des ailes, Cop Icarus. Ou en tout cas c'est ce qu'on imagine pour expliquer comment, sur une simple pression du haut de la croix, notre personnage peut s'élever de plusieurs étages jusqu'au sommet ! A moins qu'il se tienne sur un chariot élévateur ? Enfin, ça n'a aucun sens mais ce n'est pas grave, parce que pour sa part, la maniabilité en profite grandement.

La fusillade éclate tout d'un coup. Les gangsters surgissent de nulle part et font feu, ils se matérialisent presque. C'est un épisode des Incorruptibles ou de Star Trek ? Beam me up, Scotty! La plupart courent, se jettent à terre, certains se cachent, ils ne sont pas très rusés. On n'en voit que deux types de toute façon : en complet gris ou coloré. Il faut en abattre un nombre précis, après quoi le boss fait son entrée. Un caïd de cinéma très agité, galvanisé par les pulsations électriques du jeu vidéo.

Contrairement à son homonyme mythique, George Phenix ne renaît pas éternellement de ses cendres, alors il faut faire bon usage du peu qu'on possède. Notre barre de vie, très longue, donne une confiance en soi digne d'Edgar J Hoover. En réalité, c'est une farce : elle se volatilise en trois coups. On redevient vite Harold Lloyd. Heureusement, deux items sont distribués en bonne mesure : la trousse de soin et le Tommy gun, la fameuse mitraillette Thompson des années de prohibition avec son chargeur circulaire. Celui du jeu contient 300 balles !

Les niveaux, qui sont d'un seul tenant, nous conduisent à travers tous les décors familiers des films de gangsters : la rue sans nom, le quai des trafics, l'hôtel de luxe... ainsi jusqu'à la villa de King à Chicago, qui, à l'écran titre, ressemble assez à celle de Tony Montana dans le Scarface de 1983 (Al Pacino et Michelle Pfeiffer chez Brian de Palma, également réalisateur des Incorruptibles en 87). L'intérieur évoquerait lui plutôt la maison des Shadoks.

On se méfie assez de ces productions Sega qui souffrent toujours des mêmes défauts : réalisation médiocre et manque de contenu. Surtout que celle-ci est destinée une fois encore au seul marché occidental. Comme prévu, on retrouve les failles habituelles, mais il y a aussi une bonne surprise... et même trois !

Oui, avec 6 petits niveaux, Dead Angle est trop court (quoique cela permet aussi de faire un test court, ce qui n'est jamais désagréable, vous en conviendrez). Oui, les décors sont fades, tracés et peints à l'équerre, la musique blafarde. Oui, l'animation est abominable, découpée comme du saucisson en tranches, laissant ce même goût d'ail digéré dans les yeux.

Mais la maniabilité, elle, est excellente, ce qui était loin d'être gagné d'avance dans un jeu de ce genre, et sur Master System qui plus est. C'est évidemment un atout pour la difficulté, mais ça ne garantissait pas pour autant son équilibre. Eh bien, elle est très bien dosée, cela en dépit des retours de boss au niveau final, bis toujours stressant. Crossed Swords était lui injouable et ultra-dur. Ce n'est pas tous les jours que la Master fait mieux que la Neo Geo, c'est moi qui vous le dis !

Même la fin est jolie, ce qui rattrape un peu l'esthétique grossière que l'on a subie jusqu'ici et permet de conclure sur une impression positive. Malgré ses carences, brièveté en tête, on passe un moment agréable à faire la loi dans Dead Angle, éliminant à la chaîne des gangsters dans ces abattoirs de la justice. Il peut rejoindre la grande famille Sega... le parrain a donné sa bénédiction !

Une note importante pour éviter les déceptions : Dead Angle n'est pas compatible avec le Light Phaser. Les jeux du Zapper de Nintendo ont presque tous leur équivalent chez Sega. Sur le thème des gangsters de Hogan's Alley, il y en a deux : Marksman Shooting et le plus élaboré Gangster Town.

le 11 décembre 2020
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
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