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Master System Développeur: Sega Editeur: Sega
Genre: Action / Aventure Joueurs: 1P Dates de sortie
03.1991 Europe
bonne Difficulté:
72%Graphismes 76%Animation 62%Son 88%Jouabilité 55%Durée de vie 80%80%
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Danan ressemble quand même plus à Tarzan qu'aux trois autres. Comme lui il vit dans la jungle, apprivoise les bêtes sauvages, jouit d'un vocabulaire limité et se fait traiter d'animal par les méchants de passage. En outre, il trimbale son slip panthère dans une époque pseudo-contemporaine puisque l'on y voit de la technologie avancée et que des balles de revolver viennent s'incruster sous sa peau. De Rahan, il a le couteau, de Conan, la musculature, et de Rastan, bien sûr, les mêmes origines jeux vidéo. Mais Danan est un héros modeste, presque obscur. On ne lui connaît que ce jeu de la Master System, sur laquelle il sera arrivé et avec laquelle il aura disparu, pour toujours. Le cercle de ses intimes se réduit encore un peu plus quand on découvre que seuls les joueurs européens et brésiliens ont eu l'occasion de faire sa connaissance; c'était une de ces cartouches dont nous avons déjà parlé (et parlerons encore) réservées à ces deux seules régions parce que la console continuait de bien s'y vendre. A défaut d'être toujours réussies, ces productions Sega à distribution restreinte avaient des sujets qui piquaient la curiosité. La particularité intéressante ici, outre son héros qui aurait pu naître de la plume d'Edgar Rice Burroughs, est que nous avons affaire à un jeu d'action-aventure et presque, attention, d'aventure-action. Différence subtile que de placer un genre devant l'autre mais pourtant chargée de sens: c'est donner au premier le contrôle des opérations. Le scénario touffu justifie l'appellation aventure, de même que le système d'expérience; ni l'un ni l'autre ne sont toutefois assez développés pour songer à un Action RPG, et puis les dialogues tiennent plutôt lieu de cut-scenes. Au final, c'est quand même l'action qui prime. On traverse les niveaux le couteau au poing et on poignarde tout ce qui bouge. Danan, c'est un peu Jack l'éventreur — d'ailleurs, dans le premier niveau, on tue des blondes à la forte poitrine. Sacrilège ! Son torse nu n'empêche pas notre héros d'avoir aussi quelques atouts dans sa manche. Après avoir ramassé un certain nombre d'icônes, il peut faire appel à ses amis les bêtes. Il y a le Tatou Exterminateur*, qui se roule en boule pour en filer un coup, l'Aigle Elévateur*, qui comme son nom l'indique sert d'ascenseur et à plus long terme de transporteur, et enfin le Gorille Infirmière Tueur*, qui vous soigne un peu et trucide un peu. Celui-là est en effet bien dans la brume. Le scénario, comme nous le disions, est réel et assez intéressant même si les dialogues sont, comme le prophète, niais. Dans le prologue, on nous apprend qu'un monstre des temps anciens, Gilbas, a été vaincu autrefois et scellé dans une fosse. On connaît la rengaine: on range les monstres dans des petites boîtes et on les ressort quelques siècles plus tard pour flanquer la pagaille. Danan va évidemment découvrir que cette vieille légende et la mort de Jimba, son mentor, sont liées. Le fil conducteur, c'est l'armée Gaits (Bill?) dirigée par l'empereur Wolf. Parvenue à conquérir le monde, elle est soudain déstabilisée par les révoltes et cherche à réveiller Gilbas pour gagner la guerre. Cela fait un peu penser aux Nazis cherchant à s'emparer de pouvoirs surnaturels pour faire pencher la balance de leur côté, thème de certains films. Les hommes de l'armée Gaits ressemblent d'ailleurs à des soldats de la Wehrmacht et des officiers SS. Avant de faire leur connaissance au troisième niveau, Danan part d'abord à la recherche du prophète au nom rigolo, et doit, pour cela, traverser le territoire des Amazones (qui n'ont qu'un sein paraît-il, mais avec la vue de profil, c'est difficile à juger). Toutes sont blondes, habillées en rose et d'une jupette blanche... sacrés Japonais ! Après avoir battu leur reine, on rencontre une autre blonde (ça sent le fétichisme), Linda, celle-ci au service des forces alliées Mallus. Au second niveau, on découvre que Wolf et ses sbires sont parvenus à emberlificoter les Moralos, la tribu qui avait aidé à emprisonner Gilbas. Leur chef Gaza prend son rôle de boss de fin de niveau très à coeur, ce qui n'empêche pas Danan de n'en faire qu'une bouchée et de piquer une tête dans le niveau suivant. La séquence sous-marine qui l'ouvre est assez inattendue, le but étant d'infiltrer le Shogun, le navire de guerre Gaits, commandé par un cyborg du nom de Schtrouheim (Stroheim?). Ce niveau différent est une agréable diversion et on ne s'en plaindra pas. Dans le suivant, qui se déroule dans une espèce de temple, on doit tout simplement empêcher le prêtre de Moralos de réveiller Gilbas. Ce qui se produit alors est plutôt déroutant. Gilbas est réveillé, on l'affronte, on le tue, et puis le jeu est terminé. Hein ? Quoi ? Allô ? Autant dire que ça fiche un coup, même si la jaquette, comme souvent sur Master System, ne nous prenait pas en traître et nous annonçait franco le nombre de niveaux: quatre. A ce stade, on en était presque à ne pas trouver de défaut flagrant au jeu; même la musique, nulle jusqu'ici, était devenue meilleure. Et voilà que soudain ce défaut énorme nous tombe dessus comme un gros crapaud sautant dans notre giron. Pour être pris au sérieux, Danan aurait eu besoin d'au moins six niveaux; pour être un succès, pas moins de huit; avec quatre, il est privé de sa virilité comme un eunuque. Vu comme on nous parle de l'armée Gaits, de l'empereur Wolf, au fur et à mesure que l'intrigue se dénoue, on s'attend à les affronter tôt ou tard, mais non, le point culminant du scénario en réalité c'est Gilbas et rien d'autre. Lui mort, l'armée du mal est vouée à l'échec et il n'y a plus de raison de continuer. Mais c'est une mauvaise excuse qui sert de paravent à un problème fréquent de ces jeux euro-brésiliens de la Master System, leur bâclage. Ce sont des jeux faits à la va-vite, sous la pression de délais réduits, écourtés. Finis ou pas, ils devaient sortir. Il fallait approvisionner le marché Master System de l'époque, assurer sa survie lui qui résistait à l'extinction. De toute évidence, Danan The Jungle Fighter fait partie des victimes. Tout ce qu'on peut faire pour lui est d'imaginer ce qu'il aurait pu advenir: revenu dans la jungle avec Linda, Danan est attaqué par les troupes Gaits qui se sont emparées de l'essence de Gilbas pour créer une arme dévastatrice; niveau 5, Danan, laissé pour mort, traverse une zone dangereuse sur les bords de l'Amazone; niveau 6, le voici dans un temple Maya converti par Gaits en base futuriste; niveau 7, un énorme vaisseau volant transportant l'arme secrète a été lancé, Danan saute à bord; niveau 8, parvenu à la détruire, il doit maintenant affronter ce qu'il reste de Gaits tandis que le vaisseau plonge au sol; combat final contre Wolf dans les débris fumants de l'épave; belle victoire, grande fin, joueur comblé, note explosive sur 1UP. Il y a d'autres indices de son inachèvement: les animaux qui finalement ne servent pas à grand chose, des erreurs comme la confusion Knife of Wildcat, Knife of Panther, l'expérience fonctionnant surtout comme un compteur pour l'accroissement des vies, et puis ce choix tout au début, dans la maison du vieux, entre le territoire des Amazones et un pays très accidenté, "a very rugged land", qui n'est en fait qu'un bout de marécage qui ramène au point de départ, quand bien même on nous promet une traversée terrible de dix jours. Qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'est-ce ça fait là ? Cela ressemble à un commencement de niveau délaissé par ses designers et servant à boucher les trous. Mais il y a du bon aussi dans Danan. Après tout, il hérite d'une note canon pour un jeu aussi court. Elle est trop élevée sans doute, dans la tranche inférieure serait plus juste, mais il possède des qualités qui font plaisir à voir dans un jeu Master System, alors récompensons ! Danan, le personnage, est maniable et la difficulté est juste. Voilà, en une phrase, en deux mots, "maniable et juste", ses qualités principales. Le saut est impeccable et, même si les coups de couteau ne vont évidemment pas loin, ils suffisent. Ils sont en cela aidés par un test de collision pour une fois largement en faveur du joueur. C'est flagrant dans les combats de boss où on les manque d'une bonne marge et ils meurent quand même. Plus appréciés encore sont les ennemis qui ne reviennent pas et l'absence de gouffres: quand on tombe dans un trou, on passe simplement à l'écran en-dessous. Esthétiquement, il y a moins de raisons de se réjouir. Le graphisme est dense et granuleux, les personnages, dont les membres semblent plus difformes que musclés, ne sont pas très bien dessinés et on a parfois du mal à les discerner dans le décor. Une consolation vient des couleurs bien choisies. Quant à l'animation, elle est assez discrète, ce qui a ses inconvénients et ses avantages. Mais ce qui importe surtout, c'est qu'on souhaite continuer. Danan est suffisamment agréable à prendre en mains pour donner envie d'y rejouer, c'est un de ces jeux dont la fin scénaristique ne signifie pas la fin ludique. Cela pourrait presque compenser sa brièveté. Presque ! Car non, rien n'y fait, quatre niveaux pour un jeu d'action-aventure, c'est bien trop court. Quelqu'un a dit que le temps c'est de l'argent, c'est aussi de la créativité: des niveaux en plus, une finition, dont les bons jeux vidéo ne peuvent pas se permettre de manquer. * les noms des animaux ont été imaginés pour la circonstance le 2 octobre 2009 par sanjuro Jeu testé en version européenne
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