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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE AMSTRAD GX4000 (8-bit)


Un test et puis on le brûle.

Burnin' Rubber

Burnin' Rubber

 

 GX4000

Développeur:
Ocean

Editeur:
Ocean
Genre:
Course

Joueurs:
1P

Dates de sortie
09.1990 Europe
atroce Difficulté:

70%Graphismes
84%Animation
60%Son
60%Jouabilité
35%Durée de vie

40%40%

L'odeur de la gomme brûlée au bord des circuits automobiles à la tombée du jour rappelle étrangement le fumet des grillades de poissons craquelant aux premières matinées d'avril. Souvenez-vous, c'était 1990. Une toute nouvelle console jouait des coudes contre Nintendo et Sega pour entrer dans le marché du jeu vidéo. A son bord, un crocodile promettait de ne faire qu'une bouchée de la concurrence. Lacoste avait décidé de produire sa première machine de jeu, la Super Polo, qui disparut, elle et ses jeux de tennis, très rapidement. Si vite que nos mémoires n'ont retenu de cette période que l'autre console au crocodile: la GX4000 du petit géant britannique Amstrad.

Les ordinateurs Amstrad, le CPC 464 et le CPC 6128, étaient très populaires en France; aussi leur nouveau bébé reçut-il une distribution conséquente dans notre beau pays, contrairement au reste du monde pour qui l'objet demeure inconnu. Avec son design incurvé blanc, la GX4000 avait su se démarquer, ressemblant clairement à un vaisseau spatial venu du futur pour sauver l'humanité du péril jaune et, vu de loin, à la coquille d'un mollusque préhistorique ayant servi de repas à une bande de Népalais affamés. Son joypad, étonnamment sommaire, avec juste une croix de direction et deux malheureux boutons d'action se regardant comme des rescapés dans une barque, était aussi anormalement léger, inspirant des doutes sur sa qualité.

Les cartouches s'emboîtaient sur le haut de la console, dépassant fièrement sur sa surface plate. Les joueurs n'avaient pas l'embarras du choix quand il s'agissait de planter un titre sur sa tête, sa ludothèque étant considérablement restreinte. Peut-être le plus connu, parce qu'il était vendu en boîte avec elle, était une course de voitures d'Ocean plaisamment intitulée Burnin' Rubber. C'est aussi le jeu qui servait fréquemment à faire la démonstration de la console en magasins, et c'est comme ça moi-même que j'ai pu y jouer longuement, à Darty, en attendant que ma famille fasse ses courses (j'ai attendu très longtemps puisqu'ils ne sont jamais revenus et que j'ai été adopté par l'enseigne, où je travaille désormais, dormant la nuit dans les congélateurs vides comme Dracula dans son cercueil).

Burning' Rubber est vraiment un jeu de course tout ce qu'il y a de bête, trop bête même pour 1990. On y pilote une voiture rouge, qu'il faut emmener, après un tour de qualification, au bout d'un long circuit divisé en checkpoints. Sa longueur est telle qu'on ne met pas moins de trois minutes et demi pour boucler un tour ! Il faut en accomplir quatre pour terminer la course et aussi, du même coup, le jeu, puisque celui-ci n'en possède pas d'autre. C'est une course d'endurance, et cela parce que le modèle réel de Burnin' Rubber n'est autre que les 24 Heures du Mans. On en reconnaît bien les voitures, avec leur cockpit arrondi et leurs lignes courbes.

Il n'y a que deux diversions qui viennent atténuer, plus que rompre, la monotonie de la course. La première est le cycle du jour. Comme la course dure vint-quatre heures, la luminosité peu à peu s'affaiblit, le soleil se couche (l'image prend alors une teinte orangée rouille), la nuit finalement s'installe, épaisse et vorace, et nos phares s'allument pour y résister. Après quelque temps, le circuit s'éclaircit de nouveau, progressivement, et on passe la ligne d'arrivée comme on avait passé celle de départ, en plein jour.

La seconde diversion sont les accidents. L'impact le plus fort envoie le véhicule dans les airs, tournant sur lui-même comme une girouette, et pas plus lourd avec ça. C'est d'un irréalisme confondant, mais bon, c'est amusant. Du moins tant qu'on ne veut pas gagner, car même si on ne nous le dit pas, nos chances de finir premier une fois qu'un accident, ne serait-ce qu'un seul, a eu lieu, sont quasiment nulles — ce qui fait rudement plaisir après quinze minutes de course acharnée. Pour ne rien arranger, notre placement dans la course n'est indiqué nulle part à l'écran ! On nous le donne après la qualification, mais plus une seule fois après, même lorsque la course est terminée. Le vainqueur a droit à un écran de victoire spécial, mais ça on le sait uniquement parce que c'est arrivé à de meilleur joueurs !

Tout ce qu'on nous donne est notre score, qui s'en va rejoindre d'autres, absolument imbattables, dans un tableau, absolument inutile. Mais le plus insupportable dans tout ça est le maniement de la voiture, ce tacot qui refuse de tourner.

— Va à gauche, carogne !!
— Nan, z'est mieux en face.
— Tourne à droite maintenant !
— Plutôt crever.

Par défaut, seule la croix de direction a un usage. On appuie sur le haut pour accélérer, et voilà. Les boutons ne servent qu'à passer les vitesses en manuel. Mais lorsqu'on demande à notre "bolide" de tourner, on a l'impression d'avoir très peu d'effet sur lui, le sprite ne réagit pas immédiatement. Alors, machinalement, on appuie encore plus fort sur le bouton, comme si on voulait broyer le pad entre nos doigts. Burnin' Rubber va plus à fend les manettes qu'à fond les manettes. Dans les virages, la voiture est lourde, un vrai paquebot. Elle est aussi hyper-sensible, une chiquenaude l'envoie valdinguer.

Niveau technique, c'est assez moyen. Son meilleur atout est l'animation, assez fluide pour un jeu de ce genre. Les programmeurs arrivent à animer l'Union Jack, sur les bas-côtés, mais c'est le seul effort qu'ils trouvent bon de faire, le reste étant couvert d'arbres et de panneaux publicitaires pour Amstrad et des jeux Ocean, SCI (Chase HQ II), Gazza II. Le graphisme profite de la résolution assez large de la GX4000 mais n'impressionne guère, se situant quelque part entre la Master System et la Mega Drive. Trop près de l'un et pas assez de l'autre pour se gagner un nouveau public. Le son se limite à une musique d'intro amigaesque et les bruitages à des tintements et des bourdonnements.

Mais la conception surtout est mauvaise comme pas deux. Au quatrième tour, la route est parsemée de véhicules à éviter, certains fumants, d'autres collés les uns aux autres. On croirait passer au milieu d'un carambolage. Comment peut-on dépasser autant d'épaves et malgré tout toujours trouver plus de concurrents en piste ? Ce jeu est insupportable. Il fait penser à Hang On, même à Out Run, en bien pire et le paysage en moins. Et on ne peut pas dire pourtant que le jeu de Sega donnait envie de faire du tourisme ! Eux ont l'excuse de l'âge, mais même avec ça, ils ne souffraient pas de pareilles aberrations, comme ces bugs invraisemblables, faciles à déclencher, qui plantent ou resettent le jeu.

Il m'avait quand même distrait, à Darty, pendant que j'attendais. Mais c'était faute de mieux. Parce qu'il n'y avait pas de Sega ou de Nintendo, parce qu'un jeu de course est toujours immédiat, parce que la GX4000 était une nouveauté et qu'elle valait mieux que de se tourner les pouces. J'y repense avec nostalgie, mais pas avec aveuglement. Le plus effrayant est d'entendre des joueurs évoquer Burnin' Rubber avec tendresse, ou avec fierté, lorsqu'ils disent que ce fut leur premier achat. On ne sait si on devrait pleurer pour eux ou les gifler. La nostalgie est capable de faire passer le plus médiocre des objets pour une chose remarquable simplement parce qu'on aura eu le malheur de l'essayer en premier.

A y penser, c'est comme une mauvaise plaisanterie qui reviendrait chaque année...

Epilogue

Quant à la GX4000, braves lecteurs, sa carrière fut courte. L'année suivante, en 1991, Amstrad y mettait fin, et on ne peut pas dire que cela fit des vagues: personne n'y fit vraiment attention. Vingt-six titres avaient eu le temps de sortir: Barbarian II, Batman, Copter 271, Crazy Cars II, Dick Tracy, The Enforcer, Fire & Forget II, Klax, Mystical, Navy Seals, No Exit, Operation Thunderbolt, Pang, Panza Kick Boxing, Plotting, Pro Tennis, Robocop 2, Skeet Shoot, Special Criminal Investigation, Super Pinball Magic, Switchblade, Tennis Cup 2, Tintin on the Moon, Wild Streets et World of Sports. Le reste fut annulé. Evidemment, nous n'avons aucune intention de tester ces jeux sur 1UP (ou en tout cas pas sur cette console), mais la GX4000 ayant existé au coeur de la période qui nous intéresse, on pouvait bien, sinon lui rendre hommage, au moins se la remémorer.

le 1er avril 2013
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
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Taille normale 320x200
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