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      C'est ton Destins !  (le Jeu de la Vie)

Super Jinsei Game – The Game of Life

Super Jinsei Game – The Game of Life

スーパー人生ゲーム (trad: "Super Jeu de la Vie")
Suppléments:
Comment Jouer :
Guide en Français

 Super Famicom

Développeur:
Takara

Editeur:
Takara
Genre:
Jeu de société

Joueurs:
1-4P

Dates de sortie
18.03.1994 Japon
bonne Difficulté:

91%Graphismes
82%Animation
89%Son
70%Jouabilité
85%Durée de vie

84%84%

C'est beau la vie. On naît, on meurt, et entre ces deux pôles, on s'agite et on rêve. Un don pour les uns, une épreuve pour les autres — pour tous, un mystère !

Des âmes frivoles lui trouvent aussi un côté ludique. Il fallait bien un entrepreneur américain pour prendre cette observation au sérieux et faire de la vie un jeu, produit de divertissement payant. Milton Bradley, lithographe de 24 ans, inventa son Game of Life en 1860, à la veille de la guerre de Sécession. Grâce à lui il put lancer avec succès sa compagnie, dont les initiales MB sont devenues depuis synonymes de jeux de société.

A l'origine, il s'agissait d'un simple plateau en échiquier où le vice et la vertu se disputaient l'existence du joueur. Pour le centenaire de la compagnie, une toute nouvelle version fut conçue, qui sert encore de base à celle que l'on trouve aujourd'hui, en 2021, dans le commerce. Mais la morale puritaine a cédé la place à un guide beaucoup moins noble : l'argent. Faire fortune est devenu le but de la vie. Même les enfants rapportent des sousous !

On y joue avec une roulette, comme l'original de 1860, sur un vaste plateau que beaucoup d'entre nous ont connu en relief, avec des montagnes et bâtiments en plastique que l'on fixe sous le carton. A bord d'une voiture-pion à 6 places, pour nos futurs conjoint et enfants, on suit un itinéraire tortueux divisé en cases principalement jaunes et rouges, coupé occasion­nellement de stops et de bifurcations.

Après un choix de carrière entre les affaires et l'université, on s'engage sur les chemins de la vie. Au gré d'évènements déterminés par les arrêts de la Roue du Destin, on ramasse et perd des milliers de dollars, sous forme de salaire, d'actions, d'emprunts, entre bonheurs et malheurs. On pioche des cartes Partage de la Richesse et Marque de Standing, protège ses biens par des assurances. La route prend fin au Jour des Comptes, où il faut choisir pour sa dernière demeure entre la Maison de Campagne et la Résidence de Millionnaire.

Cette poursuite du bonheur pécuniaire fut distribuée à travers le monde. En France, sous le nom de Destins – Le Jeu de la Vie. Mais il y a un pays où elle fut mieux reçue qu'ailleurs, un pays où l'on dénombre plus de 60 versions différentes : le Japon. Le succès arriva en 1989, avec le début de l'ère Heisei et une édition qui lui était dédiée. Depuis 1990, on compte en moyenne deux nouvelles éditions par an. Là-bas, son nom est Jinsei Game et son distributeur le fabricant de jouets Takara.

Mais comme Bandai, Nintendo et Tomy, avec qui ils s'associèrent plus tard, Takara vend des jouets et des jeux vidéo. En 1993, ils tentent bizarrement de faire de Destins un jeu de rôle sur Famicom. Ce n'est probablement pas ce que le public veut. Aussi, l'année suivante, apparaît sur Super Famicom une transposition plus fidèle, que voici.

Ma Super Vie Japonaise

Quand Super Jinsei Game voit le jour en 1994, il y a déjà eu une dizaine d'éditions japonaises du jeu de société. Difficile de dire si elles ont influencé son développement, il faudrait toutes les essayer; cependant, une chose est sûre : le jeu vidéo ressemble beaucoup à Destins, mais il s'en éloigne aussi considérablement par certains aspects. Il est plus long, plus riche, il garde la plupart des règles mais supprime certains éléments et en transforme d'autres. C'est Destins, et c'est en même temps bien plus. Son « Super » est mérité.

Avant toute chose, il faut choisir sa couleur et créer son personnage, juste le visage. Le nombre d'options, toujours par six, paraît assez limité par rapport à ce qu'on voit aujourd'hui, mais en fait les physiques que l'on assemble sont très réussis, ils sont rayonnants de vie et d'une grande variété. Le résultat est nettement plus joli que les Mii de Nintendo. C'est un formidable atout pour le jeu, que d'avoir, 25 ans plus tard, des personnages plus sympathiques que tous les avatars du web.

Une partie se déroule toujours avec quatre joueurs, qu'ils soient humains ou dirigés par l'ordinateur. Un bon conseil si vous jouez seul : prenez deux bonhommes plutôt qu'un. On peut tout faire avec la même manette et cela évite d'avoir à regarder l'ordinateur jouer trois tours durant.

Les préparations terminées, direction, la maternelle ! Car dans Super Jinsei Game, avant d'entrer dans la vie professionnelle, on traverse toute la période scolaire : primaire, collège, lycée, puis enfin le choix cornélien entre université et travail, point de départ de la version plateau.

Durant cette étape, beaucoup de petits évènements amusants se succèdent, qui permettent de forger le caractère. Héritage de cette tentative de jeu de rôle sur Famicom, nos personnage ont des caractéristiques, détaillées dans une « feuille de personnage » avec d'autres informations comme le montant de nos biens et de nos dettes, la famille et l'animal de compagnie, les études et la carrière, et, si vous en venez là, le nombre d'arrestations.

Ces caractéristiques ne sont pas juste là pour faire joli, elles jouent un rôle essentiel dans le déroulement de notre vie, notamment en déterminant le type de métier que l'on peut exercer. Il existe 18 professions, certaines partagées entre les deux sexes, d'autres exclusives : docteur, chanteur, joueur de football, cuisinier, hôtesse de l'air, inventeur... On peut même être chômeur ou femme au foyer, pour ceux qui ne trouvent pas chaussure à leur pied.

Chaque profession possède en outre un système d'avancement. L'employé de bureau pourra peut-être devenir un jour directeur, le débutant une vedette et le pilote de kart se retrouver au volant d'une F1. Le salaire évidemment s'en ressent. Mais pour gravir les échelons, des caractéristiques clé doivent atteindre un certain niveau. S'il veut espérer recevoir un jour le prix Nobel, l'inventeur devra posséder une grande intelligence, et l'homme politique beaucoup de charisme pour briguer un poste ministériel.

Mais la carrière n'est pas tout, il y a aussi la vie privée ! Après l'école et les premiers flirts, vient le jour du mariage, puis les enfants, l'achat de la maison, de l'animal domestique (qui va du chien à l'alligator). Si on ne choisit pas ses rencarts, on peut au moins décider qui on épouse, mais c'est la roue qui prend la décision finale. Comme Destins attache un prix à tout, chacune de ces étapes est aussi une forme d'investissement. Le but du jeu, ne le perdons pas de vue, étant de devenir le plus riche possible, et donc forcément millionnaire.

Le plateau de jeu est vaste, il reprend le décor bucolique de la version carton en l'étoffant jusqu'à devenir une petite ville côtière, une sorte de Sim City pour enfants (ça existe !), avec des véhicules et des animaux pour apporter de l'animation. Par contre, cela risque au début de déplaire aux habitués, les cases ne sont plus du tout dans le même esprit; elles sont ici uniformes, colorées, avec des attributions précises.

Les cases principales contiennent des évènements, heureux (bleues) ou malheureux (rouges), et même variables (points d'interrogation). Les cases coeur sont des moments et des choix de la vie privée ou familiale, les cases JOB et dollar, les questions de métiers et de salaire. L'intérêt de cette formule est qu'on ne sait pas exactement ce que renferme la case avant de tomber dessus. Il y a un effet de surprise que le jeu de société avait du mal à entretenir.

Si l'aire de jeu est spacieuse, son véritable atout est d'abriter une multitude de sous-espaces. Le plateau visible n'est que le sommet de l'iceberg ! Les écoles, les tunnels, et d'autres lieux encore, nous emmènent dans de petits plateaux de jeu indépendants. Grâce à eux, le nombre total de cases en est probablement doublé. Une partie en devient si longue, près de trois heures, que Takara a jugé bon d'inclure une sauvegarde par pile. Curieusement, on a très peu de contrôle dessus, elle s'active auomatiquement sur les cases TAX, impôts.

Les évènements sont des scénettes rigolotes en une ou deux images avec un peu d'animation et du texte, dans lesquelles nos protagonistes perdent ou gagnent de l'argent, mais aussi des points de caractéristiques. Les autres cases ouvrent juste des menus pour faire des choix, que ce soit changer de métier, grande nouveauté dans ce jeu et abondamment utilisée, ou effectuer des achats. On peut acquérir des actions, des cartes bonus, mais pas de marques de standing. Il est aussi possible d'emprunter de l'argent directement à la banque ou chez l'usurier.

Mais évidemment, entre le joueur et toutes ces actions, que ce soit dans la compréhension des scénettes ou dans les choix des menus, s'élève le barrage de la langue. Il nuit grandement à l'appréciation du jeu, et c'est pourquoi 1UP a décidé de vous offrir une traduction partielle, des points les plus importants, dans notre supplément exclusif Comment Jouer : Guide en Français. En espérant qu'au travers de cette brèche vous pourrez trouver le moyen d'apprécier Super Jinsei Game à sa juste valeur.

Le concept de Destins est enrichi de nombreuses petites idées, certaines meilleures que d'autres. On pourrait citer les embranchements qui font parfois tourner en rond, les cases avec un trou, les activités à choisir, les passages à la prison ou à l'hôpital, les surprises du plateau... Mais le génie de Super Jinsei Game, avec ses personnages charismatiques, est de modeler les scénettes d'après nos métiers et même, semble-t-il, d'après nos caractéristiques.

C'est-à-dire que si une case renferme un évènement déterminé, celui-ci changera complètement si l'on est secrétaire ou sumo, ménagère ou yakuza, et que, sur un point d'interrogation, ce qui s'est bien passé pour un joueur pourra mal tourner pour un autre. Même pendant l'enfance on observe des variations. Grâce à la multitude de métiers et de cases, les parties se renouvellent subtilement, donnant l'impression de toujours découvrir quelque chose de nouveau comme dans les meilleurs jeux Nintendo.

La force de cet argument est telle qu'il offre une solide compensation au principal défaut de Jinsei Game : celui de n'être au final que l'adaptation d'un jeu de société. Il n'y a qu'un seul plateau, qu'un seul défi, pas de niveaux différents comme chez Itadaki Street. Le but est d'avoir amassé la plus grande fortune en arrivant au bout, sur la case GOAL. Il n'y a pas d'objectifs supplémentaires ou cachés, à part peut-être d'améliorer ses résultats dans le tableau des millionnaires.

Et comme dans un jeu de société, l'interactivité est minimale : on fait tourner la roue, on bouge son pion, on fait des choix, mais il n'y aucune phase de pure jouabilité, aucun mini-jeu à la Mario Party. C'est un grave défaut pour un jeu vidéo, alors il fallait une grande qualité pour l'amortir. Il récupère aussi des fautes propres à Destins, des règles contraignantes, que l'on peut choisir d'ignorer dans la réalité mais pas ici. Elles s'ajoutent à ses propres lourdeurs, liées aux cases STOP.

Le risque est que ni les fans de Destins, ni les amateurs de jeux vidéo n'y trouvent satisfaction pour des raisons entièrement opposées, mais si vous êtes suffisamment large d'esprit pour aimer les deux, vous ne devriez pas faire partie de ces désappointés. Les fans seront sans doute amers de ne pas trouver les voitures et de voir disparaître la plupart des métiers qu'ils connaissaient (le journaliste payé 20 000 $, hahaha !). Il existe deux suites au jeu, qui rajoutent certains oublis, dont les voitures, mais le graphisme est laid, puéril, et le charme n'opère plus.

Cependant, la réussite du premier jeu a aussi ses limites. La formule évènements ✕ métiers offre tellement de possibilités que les auteurs ne peuvent pas aller jusqu'au bout de leurs ambitions. Alors il y a évidemment des répétitions et des facilités dans les scénettes, un affaiblissement sur la fin aussi, où Takara a plus souvent recours à des icônes qui surgissent sur le plateau. Ils ont un peu eu les yeux plus grands que le ventre, mais ce qu'ils ont accompli est tout de même digne de louanges.

Le design des personnages est si bon, si fin de détails qu'il surpasse le reste du graphisme. Quelques décors des scénettes et du plateau sont un peu sommaires mais l'ensemble reste très agréable. La différence par rapport au Destins de notre enfance est que son design à lui était américain et datait des années 70. Les Japonais ont exercé leur propre influence lors de l'adaptation, mais c'est compréhensible au vu de tout ce qu'ils ont rajouté. Rappelons que Destins n'avait aucun personnage.

Pour complémenter le graphisme, il y a la musique, parfaite dans son registre. Elle n'est pas combative comme dans un jeu d'action, ni somnolente comme pour des menus, qui étaient les deux écueils que l'on pouvait craindre. Elle correspond tout à fait à ce dont un jeu de société a besoin, des mélodies vives mais douces, un peu télévision et show-biz, mais pas ringarde ou niaise. Idem pour les quelques bruitages. Coups de sifflet, tintements, et puis bien sûr l'inoubliable bruit de la roue reproduit à l'identique.

Vie Future

Au Japon, dans le monde des jouets, Takara est une compagnie importante. Ce sont eux qui sont à l'origine des Transformers, avant que les Américains leur donnent ce nom. Mais dans le monde des jeux vidéo, c'est un petit éditeur, qu'on connaît surtout en France pour avoir adapté sur consoles Nintendo (et Sega) quelques-uns des grands titres de la Neo Geo. Ils manquaient d'ambition, mais ils avaient au moins de bons graphistes.

Sans avoir joué à un dixième de leurs jeux, j'ai quand même envie de dire que Super Jinsei Game est probablement l'un de leurs meilleurs. Ces choses-là se sentent. Une quinzaine de Mario Party n'ont pas encore trouvé le moyen d'avoir son attrait sans puérilité, malgré l'absence de jouabilité proprement dite.

Il mérite d'être connu, et je suis persuadé que s'il avait été traduit en français à l'époque, il aurait eu du succès, et qu'il en aurait encore aujourd'hui s'il sortait enfin, qu'il n'est pas trop tard. A condition, bien sûr, de l'aborder pour ce qu'il est, un jeu de société sur écran, le prolongement, l'embellissement et, bien sûr, mot fétiche, l'enrichissement du Jeu de la vie. Si vous aimiez jouer à Destins quand vous étiez enfant, je ne vois pas comment vous ne pourriez pas aimer y jouer sur Super Nintendo.

Vous avez maintenant notre traduction pour vous aider à franchir le pas. Peut-être un jour MB, Takara-Tomy ou quelqu'un d'autre aura la judicieuse idée de vous proposer la version intégrale. Qui sait... Une de ces bonnes surprises de la vie.

le 12 mars 2021
par sanjuro



Jeu testé en version japonaise
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