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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE NEC PC ENGINE / COREGRAFX (8-bit)


Un ninja vengeur massacre ses pairs à tour de bras. Les aliens ont peur !

Ninja Spirit

Ninja Spirit

最後の忍道 (Saigo no Nindou, trad: "La Fin de la Voie du Ninja")
 

 PC Engine

Développeur:
Irem

Editeur:
Irem
Genre:
Kill'em all

Joueurs:
1-2P (alternés)

Dates de sortie
06.07.1990 Japon
09.1990 France
1990 USA
très dur Difficulté:

83%Graphismes
88%Animation
69%Son
92%Jouabilité
68%Durée de vie

76%76%
Trucs et astuces

Choix du niveau:

A l'écran titre, appuyez sur II, I, II, II, I, II, Select, Run. A la place du Sound Test vous verrez le Stage Select. Appuyez sur I pour choisir parmi les trois premiers niveaux. Pour accéder aux trois suivants, maintenez enfoncés Select, Run et continuez d'appuyer sur I.

Messages cachés:

A l'écran titre, appuyez sur I, II, II, I, Select, Run. A la place du Sound Test vous verrez une question d'Irem. Si vous y répondez par l'affirmative, Irem a encore quelque chose à vous dire, retournez à l'écran titre et appuyez maintenant sur II, I, I, II, Select, Run. Sacré Irem !

Cela s'annonçait comme une belle soirée pour le ninja (les ninjas travaillent toujours la nuit). Le croissant de lune était si mince qu'on le distinguait à peine; se fondre dans l'obscurité n'en serait que plus facile. Il allait d'un pas enjoué chez quelque samouraï rebelle qu'il devait égorger, songeant en riant à la bonne farce qu'il allait lui jouer. Le bain de sang à n'en pas douter serait spectaculaire ! Il s'en frottait les mains. Le ninja traversait un coin désert, son brave Fido derrière lui, quand des éclairs apparurent soudain dans le ciel. "Tiens, il va pleuvoir", se dit-il. Mais les éclairs curieusement étaient verts et se rapprochaient de lui en prenant leur temps. Il les contemplait en se remémorant un haiku de Bashō:

Qu'il est admirable
Celui qui ne pense pas: "la vie est éphémère"
En voyant un éclair


Juste au moment où il croyait avoir saisi le sens du poème, il fut foudroyé sur place. Fido vint renifler sa carcasse fumante (snif snif) et poussa un hurlement à la lune: "au chômaaaage!". Direction l'ANPE (Agence des Ninjas Pour l'Emploi), où on lui trouverait bien une place ailleurs.

Mais le ninja n'avait pas qu'un chien, il avait aussi un fils ! Quel homme ambitieux. Et ce fils, Tsukikage (Clair de lune), était plus ambitieux encore puisqu'il voulait élucider la mort mystérieuse de son pôpa et devenir par la même occasion héros de jeux vidéo. Il avait l'esprit ninja, le Ninja Spirit !

Durant les balbutiements de la PC Engine et jusqu'en 1991, la politique d'Irem était d'adapter ses succès d'arcade d'il y a un ou deux ans. Six jeux eurent droit aux honneurs de l'adaptation: R-Type (par Hudson), Vigilante, Mr Heli, Ninja Spirit, Image Fight et finalement Legend of Hero Tonma. Après ça, Irem préféra sortir des jeux originaux, cinq en tout, et se rabattre sur les consoles de Nintendo. Leur contribution sur la console de NEC aura donc été assez maigre, peut-être parce que l'expérience initiale des adaptations n'aura pas été concluante.

Dans Ninja Spirit comme dans leurs autres jeux, l'accent est mis sur l'action. Si vous trouviez le gameplay du Shinobi de Sega et du Ninja Gaiden (Shadow Warriors) de Tecmo déjà simples, vous risquez de trouver celui de Ninja Spirit carrément régressif. Dès le début, on possède quatre armes dont on change à sa guise avec Select: l'épée, les shurikens, les "grenades" et le grappin (le kusarigama, pour être exact). Les munitions sont illimitées et il n'y a aucun super pouvoir. Tout ce que l'on peut faire est de ramasser des sphères colorées, comme dans un shoot'em up, Irem oblige. Ces sphères permettent d'ajouter un niveau de puissance, mais un seul, à chacune de nos armes, de détruire tous les adversaires à l'écran, de (mal) se protéger derrière une barrière de feu, ou alors, et c'est là le plus important, de nous donner une ombre.

L'ombre est une réplique du ninja qui le suit à la trace (pour ne pas dire comme son ombre), effectue les mêmes mouvements et lance les mêmes attaques. On peut en avoir deux à la fois. L'ombre est toujours un peu en recul; même après un saut, elle reste en l'air. Le fonctionnement rappelle ainsi celui d'un shoot'em up, avec les boules de défense qui demeurent dans le sillon du vaisseau et que l'on doit placer judicieusement pour décupler la force de son tir. C'est très efficace en particulier contre les boss.

Ce ne sont pas les seules choses dans Ninja Spirit qui rappellent le genre de prédilection d'Irem. Le déroulement est férocement linéaire, avec des ennemis qui arrivent en nombre et sans trève. L'idéal est donc d'aller toujours de l'avant, dans des niveaux essentiellement horizontaux, qui ne possèdent rien d'autre que d'occasionnels bouts de plates-formes. C'est énergique et soutenu, arcade à l'extrême, mais en même temps c'est aussi un peu rébarbatif. Ceux qui aiment de la variété et une pointe de finesse dans leurs jeux d'action consoles risquent d'être déçus: celui-là est un shoot'em up réincarné. On fonce dans le tas et on regarde après.

Les diversions sont rares: quelques passages verticaux, comme le cinquième niveau, qui forme aussi une boucle — mais il est long et ennuyeux —, et deux moments où le plafond peut soudain servir de terrain. Il n'y a qu'à effectuer un grand saut et on se retrouve à courir la tête à l'envers !

Le ninja a toutefois l'avantage d'avoir une bonne jouabilité. De son saut immense, il atteint presque le sommet de l'écran en temps normal. Il a la détente facile, ses coups sortent vite, et une fois la précieuse boule rouge acquise pour chaque arme, toutes ont un débit important. Le style nourri des attaques autant que leurs dimensions imposantes se montrent, une fois encore, dignes d'un shoot'em up. En outre, elles sont parfaitement multidirectionnelles: elles peuvent aller dans les huit directions, en sautant lorsqu'on veut frapper vers le bas.

Autres points intéressants, le ninja n'est vulnérable qu'aux coups mêmes, le contact des ennemis ne lui fait rien, et il peut arrêter tous les projectiles avec ses armes. Ce n'est pas du luxe. D'ailleurs, les continus sont infinis et ils ramènent à la section du niveau où l'on est mort. Quel est le rapport ? La difficulté. Même avec tous ces atouts de notre côté, on trinque. Alors, conscient du problème, Irem a décidé de diviser le jeu en deux modes: arcade et PC Engine. Dans le second, qui est celui par défaut, au lieu de mourir instantanément, on dispose de 5 points de vie. Mais il y a un hic: certains ennemis nous tuent quand même d'un coup ou nous laissent moribond.

Cela dit, par rapport au mode arcade, c'est tout de même une nette amélioration. Personnellement, malgré de nombreuses tentatives, je ne suis pas parvenu à passer le niveau 3 arcade. C'est à peine si j'ai réussi à atteindre sa seconde portion. Déjà parce qu'on perd ombres et power-ups rouges, mais surtout parce que les assauts adverses sont insurmontables: tireurs, ninjas sauteurs et pèlerins au bâton arrivent vite, des deux côtés simultanément, en bas comme en haut. Peut-être en les esquivant tous avec un gros coup de chance... En tout cas, on ne se plaindra pas du mode PC Engine. Mais même lui n'est pas de tout repos. Avant d'arriver au boss final, on doit survivre à une longue chute où il pleut des ninjas aux sabres mortels. Voilà ce que c'est que de boire trop de saké ! Sérieusement, ce passage est insupportable. Cela ressemble aux chutes de Mega Man 2 mais en bien pire, et la scène même tient du cauchemar.

Brrr... j'en frissonne encore. Passons à un sujet moins lugubre, l'aspect technique. Comme les deux tiers des adaptations arcade d'Irem sur PC Engine, le jeu tourne dans la résolution supérieure de la console, avec 80 pixels en plus dans le sens de la longueur. Si cela était nécessaire pour la jouabilité, on ne peut pas dire que l'usage qui en est fait graphiquement soit mirobolant. Les décors comme les sprites sont assez beaux — qui n'a jamais vu le premier boss ? — mais les fonds sont très sombres et surtout, tout le niveau se répète inlassablement jusqu'à la fin. C'est fidèle à l'arcade, oui, un peu plus élégant même grâce à une meilleure palette de couleurs, mais ça n'est pas fameux pour autant.

Le son aussi produit une impression mitigée. Les bruitages sont gentillets, très 8 bits, zip-zip! pot-pot! mais les musiques elles sont blafardes. Le moteur son ressemble beaucoup à celui de Legend of Hero Tonma; ce doit être le même, et il est toujours aussi étouffé. Mais Tonma lui avait de bonnes petites musiques, dont on se souvenait facilement. Ce n'est pas le cas ici. L'ambiance est correcte, mais n'espérez pas danser toute la nuit au son du ninja.

Mais alors, qui a tué papa ninja ? Un alien venu de l'espace probablement, de la galaxie Bydo. Si Irem n'arrive pas à échapper à R-Type, c'est parce qu'ils n'essayent pas. Ninja Spirit est un hybride entre un jeu d'action et un shoot'em up. En France, perspicaces, on a inventé un nom pour ce type de jeux: les kill'em all, dont Probotector et Turrican sont les plus célèbres représentants. La définition succincte du kill'em all est un shoot'em up à pied, ce qui correspond parfaitement à Ninja Spirit. Seulement, dans celui-ci, la diversité n'est pas au rendez-vous, surtout du point de vue du design (graphismes et level). Et la difficulté instable, façon douche écossaise, n'arrange rien. L'apprécieront ceux qui aiment être écrasés sous les assauts ennemis en permanence et qui ne demandent rien de plus pour être heureux.

Ninja Spirit est l'un des jeux les plus populaires d'Irem après R-Type, mais à y regarder de près, on peut se demander s'il le mérite vraiment. Ou peut-être est-ce 1UP, qui, à défaut d'avoir l'esprit ninja, à celui de contrariété.

le 20 août 2014
par sanjuro



Jeu testé en version japonaise
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