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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE NINTENDO ENTERTAINMENT SYSTEM (8-bit)


Non seulement on s'emm**** mais en plus on se gèle les cou***** !

Winter Games

Winter Games

ウインターゲームズ
 

 NES

Concepteur:
Epyx

Développeur:
Atelier Double

Editeur:
Pony Canyon / Acclaim
Genre:
Jeux olympiques

Joueurs:
1P

Dates de sortie
27.03.1987 Japon
09.1987 USA
dur Difficulté:

20%Graphismes
36%Animation
40%Son
38%Jouabilité
24%Durée de vie

27%27%

Les jeux vidéo sur le thème des jeux olympiques sont des produits opportunistes par excellence. Ils apparaissent généralement une fois tous les quatre ans, pour coïncider avec l'évènement susdit, et disparaissent de nos consoles et de nos esprits aussitôt celui-ci terminé, parce qu'ils ne sont pas plus intéressants que ça. Une conclusion s'impose: ce n'est pas pour l'amour du sport qu'on nous fait profiter de ces jeux médiocres développés avec un manque d'enthousiasme par trop évident.

Winter Games d'Epyx est un peu différent. Si la version NES pour les Etats-Unis est sortie quelques mois avant les jeux olympiques de 1988 à Calgary, au Canada, le jeu original pour micro-ordinateurs date de 86 et ne se rapporte donc à aucun évènement précis. Il s'inscrit en réalité dans la série de jeux sportifs d'Epyx, parmi lesquels on compte aussi Summer Games, World Games et le plus connu du lot car adapté sur toutes les consoles, California Games.

Winter Games ne dispose pas non plus de la licence officielle du formidablement pompeux Comité International Olympique. Ca ne l'empêche pas d'avoir une cérémonie d'ouverture avec colombes blanches et flamme consacrée. Mais surtout, le jeu original est si ancien — et cette conversion réalisée par des Japonais n'étant pas spécialement fraîche non plus — que le contenu périmé file un peu la nausée à nos narines sensibles et exigeantes de retrogamers. Le jeu est franchement, indéniablement, catégoriquement mauvais, mais lui au moins peut en attribuer la faute à son grand âge.

Une fois qu'on a compris qu'il faut appuyer sur un bouton pour mettre fin à cette cérémonie d'ouverture sous peine de voir la flamme brûler et les colombes voler jusqu'à notre toute dernière facture d'électricité, on arrive dans un menu de sélection qui permet de disputer les épreuves à la suite, séparément, en entraînement, ou simplement de voir les records. Bref, rien d'intéressant.

Ca ne s'améliore pas avec les épreuves en question qui sont pourtant tout ce qu'il y a à se mettre sous la dent. Il n'y en a que quatre. Oui, quatre. C'est même moins que le nombre d'anneaux dans le logo olympique. Pour citer l'honorable Pierre de Coubertin: "Merde alors !" Celles qui ont été choisies sont quand même assez populaires: ski freestyle, patinage de vitesse, patinage artistique et bobsled; manque le hockey, mais au moins on nous aura épargné le curling !

Après avoir choisi sa nation et entré son nom dans un menu étriqué au possible qui ne laisse rien présager de bon, on aborde la première épreuve qui est désignée sous le nom curieux de "Hot Dog Aerials". Il ne s'agit pas d'une erreur de traduction mais d'un terme tombé en désuétude: le Hot Dog skiing, qui est tout simplement l'ancêtre du freestyle. N'oublions pas que le jeu date du milieu des années 80. On s'élance d'un tremplin et pendant les trois ou quelques secondes que dure le saut, on doit réaliser des acrobaties, deux en fait, parce qu'il n'y a pas la place d'en caser plus.

Si on parvient à ne pas s'écraser, on est noté par les six pays juges, autrement, c'est le zéro pointé. Le truc est qu'une fois qu'on a compris la méthode qui marche le mieux, un backflip (avec gauche) et une figure (avec une des diagonales), il n'y a rien de plus à tirer de cette épreuve. Ca va aussi vite qu'un microgame de WarioWare. Au suivant !

Le patinage de vitesse est une course en split-screen. Même en jouant très mal, ça ne prend pas plus d'une minute à boucler. Au début, la maniabilité semble abominable. Il faut appuyer en alternance sur gauche et droite mais on se fait systématiquement devancé par l'ordinateur. C'est qu'en réalité ce n'est pas une question de vitesse de pression mais de timing; il faut appuyer en cadence, non pas avec la barre de vitesse dans le coin droit, mais avec les bras du coureur. De nouveau, une fois qu'on en a saisi le fonctionnement, on gagne tranquillement et il n'y a plus de raison d'y revenir.

Le patinage artistique n'est certes pas aussi intéressant que le kickboxing en patins à glace que je tente de soumettre au comité olympique depuis plus de dix ans, mais statistiquement, le nombre de morts (notamment par décapitation) y est moins élevé. On dirige une patineuse dans son tutu-cache-minou et le but de l'épreuve est d'empêcher son arrière-train d'entrer en contact avec la glace tout en exécutant un programme convaincant. Malgré cette description, il s'agit de la plus terrible de toutes les épreuves. Rien que d'y penser, j'en mouille ma combinaison de ski.

Les problèmes sont si nombreux que quoiqu'on fasse on est voué à se tromper. Ce n'est pas indiqué dans le jeu, et je n'ai pas pu savoir si la notice était plus informative, mais il y a une logique à suivre dans l'exécution du programme: il ne faut jamais faire deux fois la même figure, cela fait perdre automatiquement des points, et il faut les enchaîner dans un certain ordre que le joueur doit découvrir par lui-même. La patineuse a aussi une fâcheuse tendance à se vautrer. Pour empêcher ça, il faut s'assurer qu'on réalise toujours la figure dans la bonne direction et appuyer sur A avant qu'elle ne se termine.

La notation n'arrivant qu'à la fin du temps imparti, il est impossible de se faire une idée précise de sa performance. Comme dans la première épreuve, les notes fluctuent fortement sans qu'on y voit toujours bien une raison. De plus, détail important qui n'est indiqué nulle part mais explique pourquoi on a tant de mal à marquer ne serait-ce que 5 points, en patinage artistique, 6.0 est le score maximum. On passe beaucoup de temps à essayer de comprendre cette épreuve (et à rager contre elle) et on la quitte sans la moindre satisfaction.

La dernière épreuve sauvera-t-elle ce jeu d'un sort abominable ? Non, aucune chance. La descente en bobsled est si rigide (pour ne pas dire frigide) qu'on peut difficilement parler de course. En fait, on ne voit pas bien ce qui détermine le chrono final. Si on ne s'est pas planté dans un virage, on atteint l'arrivée avec un temps qui à peu de chose près est toujours le même. Tout ce qu'on nous demande est d'appuyer un coup à gauche, un coup à droite dans les 8 courbes.

Une fois les quatres épreuves arrivées à conclusion et nos merveilleux records enregistrés, le jeu est terminé. N'espérez pas de médaille, ni même de cérémonie de clôture, on vous renvoie simplement à l'écran de sélection. Bien sûr, un doute subsiste. On se refuse à croire que c'est vraiment tout. On n'arrive pas à avaler qu'on puisse s'être autant moqué de nous, alors on se dit que c'est sans doute parce que nos résultats ne sont pas assez bons. Peut-être aurait-il fallu obtenir un 6.0 au patinage ? Peut-être est-il possible d'aller plus vite au bobsled ?

Or, comme il n'y a aucun point de comparaison dans ce jeu, comme on ne sait pas au juste ce que valent nos résultats, pas plus qu'on ne sait ce qu'on attend de nous, il est impossible d'apporter de réponses à ces questions. Il faudrait un expert pour passer le contenu de la ROM au crible, pour chercher s'il n'y a pas un truc au fond qui nous échappe. La cartouche est assez large pour un jeu aussi ténu (1 mégabit, 128 Ko) alors on se prend à délirer, à imaginer qu'il y a moyen non seulement de débloquer une cérémonie des médailles mais aussi les épreuves du jeu original qui manquent à l'appel (ski alpin, saut à ski, biathlon et luge).

Mais c'est surestimer le travail de ses auteurs. Avec ses graphismes hideux qui feraient presque passer les premiers jeux NES pour des oeuvres d'art, sa compétition qui ne dure que quelques minutes et le caractère pseudo-aléatoire de sa jouabilité, Winter Games est purement et simplement un désastre. On l'étudie plutôt qu'on y joue, le disséquant avec une incrédulité mêlée de dégoût. Comment un titre pareil a-t-il pu voir le jour, non seulement sur le marché japonais, au format Disk System, mais américain aussi ? Il est plus laid qu'un jeu Atari 2600, plus court qu'un jeu Tiger, plus lourd qu'un jeu de pétanque. Si cet hiver vous ne mourez pas de froid, il y a toujours Winter Games pour vous achever. Chez 1UP, le père Noël le met de côté pour les retrogamers pas sages !

le 30 décembre 2010
par sanjuro



Jeu testé en version américaine
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