NES Super Nintendo Master System Mega Drive PC Engine Neo Geo

select a console »
TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE NINTENDO ENTERTAINMENT SYSTEM (8-bit)


Un peu de guerre froide en plein été, pour se rafraîchir.

Rush'N Attack

Rush'N Attack

グリーンベレー (Green Beret)
 

 NES

Développeur:
Konami

Editeur:
Konami
Genre:
Action

Joueurs:
1-2P

Dates de sortie
10.04.1987 Japon
04.1987 USA
1989 Europe
08.06.1989 Suède
dur Difficulté:

65%Graphismes
60%Animation
73%Son
82%Jouabilité
64%Durée de vie

70%70%

1985. La guerre bat son plein. Surtout, heureusement, dans les salles d'arcade et sur le grand écran: Commando et Rambo II viennent de sortir au cinéma. L'ennemi à la mode n'est pas encore le terroriste du Moyen-Orient mal rasé mais le soldat russe, blond et musclé dans son uniforme beige. Konami, qui a longtemps été le plus cinéphile des éditeurs, ne pouvait pas rater l'occasion de faire un jeu sur le thème populaire de l'héroïque combattant américain contre les vilains Ruskofs. Et voici qu'apparaît la borne de Green Beret, l'histoire d'un Béret vert nommé Steve qui doit libérer des prisonniers de guerre en pleine Russie. Quatre niveaux d'action primaire sont au rendez-vous; ceux qui sont prêts à en découdre affûtent gaiement leurs couteaux à la pointe de leurs incisives.

Deux ans plus tard, aucune trève n'a été signée et les jeux d'action militaire se portent suffisamment bien pour que Konami décide d'adapter Green Beret sur Famicom Disk System. La Famicom est une petite console tellement particulière que cette adaptation se voit renforcée d'un mode deux joueurs simultanés (entre en scène Ben), de deux niveaux supplémentaires et d'un remaniement des items (on perd le lance-flammes mais on gagne une étoile d'invincibilité). Quant aux prisonniers, ils se sont enfuis, même si la boîte affirme le contraire. Le jeu sort un peu plus tard en Europe, sous son titre américain Rush'n Attack ("fonce et attaque") qui sert en fait de paravent à un jeu de mots politiquement pas très correct: Russian Attack ("attaque russe"). Mais oui, the Russians are coming ! Tout du moins sur nos consoles.

Il n'y a pas que ces slogans et messages cachés de la Guerre froide qui font de Rush'N Attack une pièce de musée fascinante (on notera aussi les domes galbés du Kremlin sur le design de couverture). Pour Konami, il s'agit d'un précurseur et d'une ébauche, celle de Contra, qui s'installe dans les salles d'arcade en cette même année 1987 où Rush'n Attack débute sur console. L'action à deux joueurs, les armes lourdes, les files d'ennemis galopantes et les plates-formes étagées feront une nouvelle fois leur preuve quand il sera temps d'affronter les extra-terrestres. Si Rush'N Attack est l'extrapolation de Rambo, Contra serait plutôt celle de Predator. Tout se recoupe. Mais on peut aussi faire la liaison avec un autre jeu Konami, c'est Metal Gear, autre enfant de 87. Rush'N Attack a des idées de game design qui anticipent Contra, cependant le contexte militaire est beaucoup plus proche de celui des missions de Snake.

Béret bleu et béret rouge, c'est à dire Steve et Ben, nos deux soldats qui n'ont de vert que le grade, traversent les différentes zones d'une vaste base militaire. Dans la première sont entreposés des tanks, des camions et des rampes de tir, après quoi viennent un aéroport entouré de miradors, des docks avec un sous-marin à quai, des bâtiments et des remparts aux abords d'une forêt sibérienne, puis enfin l'immense hangar où sont cachés les avions de chasse et un missile balistique qu'on devra neutraliser... à coups de roquettes ! Le terrain d'action est donc très proche de celui des Metal Gear et tout au bout, il y a aussi une arme ultime qu'il faut détruire coûte que coûte. On fera également remarquer que Big Boss est décrit par ses auteurs comme un ancien Béret vert. Et si... voici une supposition qui fera se pâmer les amateurs de relations secrètes et de théories vaseuses... et si Steve de Rush'N Attack était en fait Big Boss ?!

Mais assez de fan fictions. Rush'N Attack est un vieux jeu d'action, et il faut appuyer sur ce dernier mot. Quand scénario il y a, il tient sur une feuille de papier toilette avec laquelle on éponge sa sueur. Les niveaux nous jettent au milieu d'un flot constant de soldats que l'on remonte à contre-courant à la force de son poignard, s'agitant nerveusement dans les abdomens qui se présentent confusément à lui. Parfois on acquiert un bazooka qui permet de tuer de façon plus propre, l'obus enfilant les corps comme des perles, ou une grenade. Leurs coups sont très limités, juste trois, mais précieux. Les ennemis de Rush'N Attack ont cela de difficile qu'ils arrivent emmêlés et que du coup leurs techniques le sont aussi. Il y a ceux qui courent, ceux qui sautent, ceux qui tirent et d'autres encore. Mais quand l'un fait une chose et celui qui le suit une autre, réussir à tuer les deux ou trois bonhommes avant d'avoir été atteint demande des réflexes d'assassin.

Le mode deux joueurs était un avantage considérable en 87, et même en 89 en Europe. Très peu de jeux d'action horizontaux pouvaient se targuer d'en proposer un simultané. Sans lui, Rush'N Attack n'aurait été qu'un petit jeu quelconque, oubliable. Avec, ce fut une expérience chérie, au moins pour une année, jusqu'à l'arrivée de Contra/Probotector qui en fit immédiatement un titre dépassé. Techniquement beaucoup plus avancé, il relégua les exploits de Steve et Ben à un passé plus lointain qu'ils ne l'étaient réellement, et c'est sans doute pour ça que le rapport entre les deux jeux, aussi intéressant soit-il, n'est pas plus souvent mis en avant. Konami réussit assez bien à diversifier le décor des 6 niveaux mais cela reste malgré tout fort simple, très gris avec des teintes pâlottes, comme l'animation, qui fige les sprites dans des poses un peu curieuses, et la musique qui, passé le second niveau, est toujours la même.

Elle n'est pas désagréable néanmoins, c'est déjà ça de gagné. On reconnaît bien le style Konami, et les marches douces rappellent celles de King Kong 2. Malgré le peu de bruitages, eux non plus ne s'en sortent pas trop mal. Les coups de couteau sont bien rendus et donnent envie de poignarder toute la journée ! (peut-être pas un compliment qui séduira tout le monde) D'ailleurs, aurait-on compris qu'il s'agit de chiens au niveau 3 si ce n'était pour les aboiements ? Cependant, quelque chose coince dans ce Rush'N Attack, et pour comprendre de quoi il s'agit, il faut revenir sur d'autres jeux Famicom de cette période, comme King Kong 2 justement, ou Metal Gear.

Green Beret tourne sur disque alors que les deux autres tiennent sur des cartouches. On peut se demander pourquoi. Pour assurer le bon fonctionnement du mode deux joueurs ? C'est là la seule raison qui vient à l'esprit. Mais surtout le jeu est d'une brièveté qui s'explique mal. Même avec deux niveaux de plus que l'arcade, on fait et on voit un peu toujours la même chose dans ces décors bétonnés. Et si on met du temps à en venir à bout, c'est uniquement parce que la difficulté est tranchante. La vérité est que Rush'N Attack en fait moins que ses contemporains; tous ses défauts ne sont pas imputables à son grand âge, qui aurait tendance à lui servir un peu trop facilement d'excuse. En 1986 et 1987, sur cartouches comme sur disques, il y avait des jeux plus beaux, plus longs et surtout plus fouillés.

Une fois qu'on a compris cela, plus de doute possible: Rush'N Attack est de toute évidence un jeu moyen, doté d'un point de départ assez intéressant mais qui oublie de se développer. Konami n'a pas voulu en faire plus que la borne d'arcade qui était elle-même bien moyenne, sans qualités prononcées. Sa jouabilité vieillotte (on saute avec Haut, comme dans Kung Fu !) est tout de même ce qui le sauve. Précise et dynamique, elle donne envie de persévérer, d'éradiquer le péril rouge et de désosser l'U.R.S.S., seul ou avec un camarade un ami. Prends ça, Brejnev !

le 16 juillet 2010
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
Boîte du jeu
Version européenne



Photos choisies
Cliquer pour agrandir

Toutes les photos
Taille normale 256x224
01 | 02 | 03 | 04 | 05
06 | 07 | 08 | 09 | 10
11 | 12 | 13 | 14 | 15
16 | 17 | 18 | 19 | 20
21 | 22 | 23 | 24 | 25


Panorama
Tout sur une page


All text and screenshots: © 2001 sanjuro, 1up-games.com