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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE NINTENDO ENTERTAINMENT SYSTEM (8-bit)


Pour la meilleure interprétation du Joker, les nominés sont: Jack Nicholson, Heath Ledger et Sunsoft.

Batman - Return of the Joker

Batman - Return of the Joker

ダイナマイトバットマン (Dynamite Batman)
 

 NES

Développeur:
Sunsoft

Editeur:
Sunsoft
Genre:
Action

Joueurs:
1P

Dates de sortie
20.12.1991 Japon
12.1991 USA
11.1992 Europe
19.11.1992 Suède
moyenne Difficulté:

92%Graphismes
95%Animation
93%Son
75%Jouabilité
84%Durée de vie

78%78%
Trucs et astuces

mots de passe:

Niveau 1-1: LPRZ
Niveau 1-2: MDRR

Niveau 2-1: NMLL
Niveau 2-2: NWKL

Niveau 3-1: LGZQ
Niveau 3-2: GPTW

Niveau 4-1: GNXF
Niveau 4-2: KHCN

Niveau 5-1: QGVN
Niveau 5-2: WBZT

Niveau 6-1: FFHG
Niveau 6-2: CKQG

Niveau 7-1: GPZT

Sound test:

A l'écran titre, maintenez enfoncés A et Start jusqu'à ce que le sound test apparaisse.

Un jeu NES d'actualité, ça alors ! Un jeu qui annonçait dix-sept ans trop tôt le retour du pitre aux blagues mortelles. On ne pouvait pas rater cette occasion, alors que Batman et le Joker se retrouvent de nouveau face à face sur le grand écran, de vous parler de Return of the Joker, une cartouche intéressante à plus d'un titre. C'est d'abord une production Sunsoft, qui a eu droit à pas mal de tests ces temps-ci sur 1UP, de toute évidence parce qu'on les aime bien. Et puis c'est surtout la suite de ce qui est considéré comme l'un de leurs meilleurs jeux, et pour certains même leur meilleur, le Batman de la NES, une bombe technique et ludique qui en son temps avait fait chavirer le coeur de bien des joueurs.

Chronologiquement, Return of the Joker est sorti deux ans après leur premier succès, avec entre-temps le développement de Gremlins 2, une autre adaptation de film bien léchée. On retrouve d'un jeu à l'autre de mêmes noms, ceux qui donnèrent sans doute une identité aux productions Sunsoft de ces glorieuses années, avant que l'ère des 16-bit ne précipite leur déclin. Il y a ainsi un Suzuki aux commandes, on suppose qu'il s'agit toujours du même ou d'un parent. Les compositeurs non plus ne changent pas, Nobuyuki Hara et un certain Kodaka, sans prénom, dont on reconnaît facilement la qualité exceptionnelle et l'originalité du travail. Enfin, au design, SP Taka et, un nom qu'on retrouve souvent, Yoshiaki Iwata, qui avait travaillé aussi sur les décors du Batman de la Megadrive, clairement l'atout principal du jeu.

Il y a bien une continuité entre tous ces jeux Sunsoft de la NES, même sans relever les noms du générique on s'en rend compte implicitement. La même noirceur, en particulier des décors, peut-être la patte d'Iwata, que même un jeu comme Gremlins 2 qui devrait être plus léger a dû mal à réprimer. Un aspect futuriste aussi, technologique, celui du Japon des machines et des robots qui trahit assez nettement l'univers moins déshumanisé de Batman. La fascination pour des pièges avec beaucoup de pointes, de tapis roulants, de champs électriques et de pièces tournantes, parfois tous présents simultanément à l'écran et animés, prouesse étourdissante donnant l'illusion d'une vie bio-mécanique monstrueuse dont le sprite du joueur serait la proie. Et bien sûr les musiques, incroyables, intimidantes, avec toujours plus de dimension qu'on en croyait la NES capable.

Tout cela est présent dans Return of the Joker, et pourtant c'est un jeu bien différent du premier Batman. La différence dans les suites est toujours un pari risqué, qu'y a-t-il de plus simple que d'appliquer la même formule ? Mais d'un autre côté, qu'y a-t-il de plus beau que de créer une oeuvre entièrement nouvelle ? Sunsoft, dans sa nouvelle confrontation entre Batman et le Joker, avait choisi de se lancer un défi, celui de se surpasser techniquement. Le premier Batman mettait en scène de petits sprites dans des décors industriels, alors la suite afficherait de grands sprites dans des décors aussi variés que possible. L'aspect visuel serait mis en avant, avec des effets d'animation, notamment des tirs impressionnants comme les shoot'em ups nous y ont plus souvent habitués.

Return of the Joker reprend là où autant le film que les jeux finissaient, à la cathédrale. Le chevalier noir (mieux connu sous son nom de cirque, l'homme chauve-souris) ramasse désormais son armement dans des caisses, sous la forme de gros médaillons estampillés d'une lettre qui ressemblent à s'y méprendre à ceux de Contra. Il y en a quatre, qui lancent pour la plupart une file de petits tirs scintillants comme des étoiles. On a du mal à penser qu'il s'agit là en fait du Batarang, plus encore quand on découvre qu'en maintenant le bouton enfoncé on peut projeter un super tir: boucle de feu, branches à explosifs, bouclier d'étoiles et bulbes en jet de flammes, eux aussi plus dans l'esprit de Contra ou d'un kill'em all/shoot'em up que d'un jeu d'action traditionnel.

Comme beaucoup de choses dans ce jeu, Batman faisant des feux d'artifice avec son poing, c'est impressionnant visuellement. On admire le spectacle mais l'on en vient assez vite à regretter des armes plus efficaces, qui n'ont pas besoin de chargement et font autant de dégâts sinon plus, la précision aidant. Dans le même domaine de pseudo-utilité, des médaillons sans lettre confèrent une invincibilité lorsqu'on en a ramassé huit, ce qui arrive si rarement qu'on se demande en effet quel est l'intérêt. Par contre, aucune recharge de vie, Batman s'en remet désormais uniquement à ses talents d'acrobate et, non négligeable, aux continus infinis et aux mots de passe. En plus de pouvoir tirer vers le haut, ce qui cette fois a vraiment une utilité, il dispose aussi d'un nouveau mouvement, une glissade percutante.

Ces aptitudes en main et au pied, le chevalier noir (quoique bleu dans cette version) peut se lancer dans des niveaux gardés par des hommes brutaux et aussi grands que lui. La hauteur des sprites est vraiment quelque chose de surprenant dans ce jeu. Ils sont bien dessinés, ce qui est assez rare sur 8-bit dès qu'un personnage dépasse une certaine taille. Les tireurs en particulier ont des lignes incisives et un style moderne dont la représentation semble plus réussie que le sprite de Batman. Lui manque un peu d'élégance, ses jambes sont trop longues, à l'arrêt cela lui donne un air de nigaud. C'est un détail, cependant cela peut jouer un rôle beaucoup plus important qu'on le croit comme le prouve le sprite ridicule de Batman sur Mega Drive. Un héros se doit d'être beau, que voulez-vous !

Les décors eux aussi sont beaux, on ne le niera pas. Mais c'est surtout leur variété qui surprend, il n'y a pas un niveau qui se ressemble ! Et quand on dit "niveau", il faut bien se dire que l'on ne parle pas juste des sept niveaux mais de leurs subdivisions, chacun se découpant en plusieurs portions. Les décors changent à chaque fois et du tout au tout. Rares sont les jeux, et rarissimes sur 8-bit, qui ne reprennent pas des éléments d'un passage à l'autre. Return of the Joker peut se vanter lui de changer ses niveaux plus souvent qu'un dandy change de caleçon. C'est d'autant plus étonnant qu'ils sont tous très courts, sans pour autant que cela affecte le jeu entier. On a presque l'impression que Sunsoft gaspille son design tant nous avons été habitués par d'autres jeux à ce qu'on nous resserve longtemps les mêmes décors, économie de moyen si fréquente que son absence nous plonge dans une angoisse chargée de doutes.

On rencontre aussi quelques boss. Le premier est un clown hyperactif. Tirs en l'air, talkie-walkie, il ne tient pas en place. Le second est un robot à la tête et aux épaules massives. Hé, vieux ! tu t'es trompé de BD ! C'est Batman ici, pas Iron-Man. Le troisième est une machine dans l'esprit du second boss du premier jeu qui laisse tomber de temps en temps une dragée nucléaire. Après vous enchaînez deux combats contre le Joker, mais là encore un Joker qui donne l'impression d'avoir été formé par Bowser et Shredder plutôt que chez DC Comics. L'originalité de ces combats est que l'on troque sa barre de vies contre un compteur de Power qui décroît plus lentement. C'est une idée intéressante qui rend ces passages moins expéditifs, à l'avantage du joueur...

Si en jouant à Return of the Joker on remarque inévitablement la qualité du graphisme, l'animation et le son ne laissent pas indifférents non plus, ce que tout ceux qui avaient découvert Sunsoft en jouant à Batman et Gremlins 2 savaient d'avance. Plus que les bruitages, typiques des jeux d'action de la NES (on pense une nouvelle fois à Contra), c'est bien entendu les musiques qui éblouissent par leur composition. Elles ne sont plus aussi frénétiques que dans le jeu précédent, le moteur son a clairement été réécrit, les percussions claires et fortes ont disparu laissant leur place à un style plus calme, plus menaçant, qui implique une certaine lenteur mais colle admirablement au personnage mystérieux de Batman. La musique des boss (BGM C) est un mélange de ces styles, l'ancien, agressif, et le nouveau, presque lyrique. Il y a même des intonations un peu jazzy (BGM E et F) qui démontrent la maîtrise des auteurs dans tous les genres. Que ce soit Hara ou Kodaka ou les deux qui soient à l'origine des musiques, ce qu'ils parviennent à accomplir mérite bien des éloges.

Il faudra toutefois qu'ils les partagent avec tous ceux qui ont travaillé sur l'animation, et celle des décors en particulier. Là où la plupart des jeux NES ont des fonds statiques, avec parfois, au prix d'un immense effort, quelques carrés qui clignotent, ceux de Sunsoft grouillent de vie. Tellement d'objets bougent par rapport à un jeu NES ordinaire qu'on se demande si un technicien de Sunsoft ne vient pas trafiquer la nuit notre NES pour lui permettre d'obtenir de tels résultats le lendemain. Les exemples ne manquent pas tout au long du jeu de cette animation prodigieuse qui finit par culminer dans un niveau 7-1, où, sous un ciel animé sur cinq plans de scrolling, s'agitent chaque feuille, chaque brindille d'une jungle dense, tandis qu'au premier plan des torches brûlent, un tireur guette, une douzaine de robots volants passent au-dessus de Batman dont l'arme s'étire, prête à décharger sa colère enflammée. Comment parviennent-ils à animer tout ça ? Il y a des clignotements, mais moins qu'on pourrait le craindre et ils sont peu gênants, à l'inverse par exemple de Duck Tales qui rame terriblement par moments quand bien même le décor n'est jamais animé.

Jusqu'ici l'impression qu'on se fait du jeu pourrait se résumer à: "bon, mais tout de même inférieur au premier Batman", en dépit de qualités vraiment saisissantes. Seulement, quelque chose vient tout changer, creuser un terrible écart entre les deux jeux qui ne rend pas Return of the Joker juste "inférieur" mais nettement moins bon. Si techniquement, artistiquement, il est irréprochable, la jouabilité et au travers d'elle l'aspect ludique en prennent eux un sacré coup à tous les niveaux. Comme nous vous le disions au début, tout a changé dans ce nouveau Batman, c'est valable aussi pour le gameplay. On ne retrouve plus rien de la joie qu'on avait à traverser chaque niveau, à pulvériser un ennemi d'un coup de poing, à escalader des plates-formes, à faire face à des difficultés pourtant souvent désespérantes.

Il y a plus de diversité, y compris des phases de shoot'em up avec des fusées dorsales, mais le plaisir n'y est pas. Les ennemis ont le chic pour vous atteindre avant que vous ayez pu réagir, Batman a une démarche poisseuse, collant au sol comme une glace à la crème fondant sur le pavé, les armes ont toutes une sorte de pauvreté de fonctionnement qui les rend peu agréables à utiliser, les niveaux changent si vite qu'il n'y a pas moyen de s'y plonger et ils sont tous d'une linéarité avouée malgré toutes sortes d'idées pour tenter d'en accroître l'intérêt. Quant aux plates-formes, elles n'ont plus qu'un rôle secondaire et c'est peut-être là aussi un changement décisif pour ne pas dire fatal. C'est comme si l'énergie créatrice avait été toute dépensée pour le design et qu'il ne restait plus rien pour le jeu même. Tout ce qui rendait le premier Batman si prenant n'aboutit ici à rien, le plaisir de jeu a été sacrifié sur l'autel de l'esthétique.

Et puis, on ne peut s'empêcher de penser qu'il y a eu une volonté d'adresser certaines des critiques du premier Batman, peut-être à tort. Certains trouvaient le jeu trop dur, d'où utilisation d'un système de mots de passe dans chaque niveau comme dans Gremlins 2. La longueur des niveaux les rendait trop éprouvants à traverser, dans ce cas ils seront raccourcis. Les différences entre Return of the Joker et son précédesseur sont finalement si nombreuses qu'on a du mal à voir une vraie relation entre les deux, il s'agit plutôt d'une nouvelle interprétation en termes de jeu d'action, par la même équipe, des aventures de Batman. C'est sans doute aussi l'une des raisons pour lesquelles il ne reçut pas l'accueil qu'une suite de très bon jeu est en droit d'espérer, parce que le public n'arrivait pas à faire le rapprochement entre les deux jeux, un peu comme il était difficile de faire le lien entre les différentes versions du premier (NES, Mega Drive, PC Engine, Game Boy), toutes si différentes les unes des autres.

Ses grands sprites, ses beaux graphismes, sont finalement moins impressionnants que l'aurait été un bon gameplay. Le Batman original de Sunsoft avait une magnifique personnalité. Sur certains points il faisait penser à Ninja Gaiden, mais en tellement mieux, tellement plus juste qu'on aurait plutôt pris le jeu de Tecmo pour un ersatz. La suite, au contraire, fait un peu penser à Contra, un peu à Shinobi, d'autres bribes à un jeu d'action Capcom, sans jamais réussir à se trouver, ni à convaincre. On s'extasiera sur la technique mais on rest...

— C'était donc toi, Joker.
La machoire dure, hargneuse, Batman s'avança vers son ennemi juré, l'écrasant du regard. Son poing était serré si fort qu'on entendait s'étirer et craquer le cuir de son costume. Le Joker, sonné, se leva en repoussant vivement sa chaise, s'appuyant sur la petite table qu'il venait de quitter où se trouvait une machine à écrire et quelques feuilles dactylographiées.
— C'est toi qui écrivait cet article, toi aussi qui a tenté de saboter mon jeu en pourrissant le gameplay. Est-ce que tu as quelque chose à dire avant que j'en finisse ?
— C'est l'histoire d'un français, d'un belge et d'un anglais qui...
Quatre phalanges allèrent s'écraser de nouveau sur le visage du Joker qui tituba à reculons et tomba sur les coudes contre le rebord du parapet.

— Allons, mon vieux Batman, ne te fâche pas, c'était juste une petite plaisanterie ! dit-il en essuyant sa bouche sanglante et en jetant à son adversaire un regard aussi moqueur que sournois. Tu ne vas pas m'en vouloir, dis ? Il fallait bien que je me venge un peu de ce que tu m'avais fait subir dans le premier jeu. Tu ne pouvais pas vraiment croire qu'avec un titre comme "Return of the Joker" ce serait aussi bon pour toi. Mais regarde, le graphisme est toujours très beau, très impressionnant, comme toi !
Il se faisait doux mais reprit soudain avec véhémence.
— Alors tu pourrais bien me laisser savourer la victoire d'un jeu moins bon cette fois-ci !

Mais Batman continuait de s'avancer, courbant légèrement le dos, levant lentement les mains comme un étrangleur dans un film muet. Le Joker comprit ce qui l'attendait. Son visage grimé passant du clown farceur au clown triste tandis qu'il s'emplissait de terreur.

— Non, non ! emmène-moi à l'asile d'Arkham, comme les autres ! gémit-il en agitant la main. Pas la chute de la cathédrale ! J'y ai survécu une fois, je n'y survivrai pas deux fois.
— Je veux m'assurer que tu ne reviendras pas cette fois, répondit Batman, l'air lugubre.

Et ses mains s'avançaient inéluctablement... C'est ainsi que le Joker disparut des consoles une fois pour toutes.

le 11 juillet 2008
par sanjuro



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