Jésus dit à Lazare: "lève-toi et marche". Et Lazare se leva et marcha. Nintendo dit aux Ice Climbers: "levez-vous et allez-vous battre dans Super Smash Bros. Melee". Alors, les deux esquimaux Nana et Bobo sortirent d'un silence vieux de 17 ans et s'en allèrent, maillet en main, débattre avec les autres apôtres de Nintendo. Une résurrection biblique dans l'histoire des jeux vidéo, occasion retro-rêvée pour se pencher sur la vie antérieure des deux nouvelles stars Smash Bros.
Ice Climber est d'abord un jeu d'arcade de Nintendo du début des années 80 qui fut ensuite adapté sur NES en 1984. Dans la version NES, il est possible depuis l'écran titre de choisir dans quelle montagne, ou niveau, commencer. C'est une option importante puisqu'elle prive d'emblée le joueur de découvrir à la suite les 32 montagnes. Défi de toute façon irréalisable vu la difficulté des niveaux et l'absence de continu. Le jeu se joue donc pour le plaisir individuel des épreuves et non pour sa finalité.
Ces montagnes pyramidales cachent en fait des séquences plates-formes teintées de casse-briques. Huit étages séparent le joueur du sommet, et pour passer d'un étage à l'autre il suffit de casser le plancher quand cela est nécessaire sinon de sauter sur une plate-forme. Arrivé au sommet, pas question de planter un drapeau, il faut encore récupérer des fruits dans un passage bonus, mais échouer à ce stade a moins d'importance puisqu'on passe quoiqu'il arrive au niveau suivant. Parvenir à s'élever au-delà et à s'agripper aux serres de l'aigle n'apporte que des points bonus.
Même dans les pics les plus isolés, la vie prolifère. Nintendo est au courant et trois sortes d'animaux viennent régulièrement harceler durant l'ascension: les otaries réparatrices de plancher, les oiseaux errants et l'ours rare qui en sautant monte l'écran d'un étage lorsque le joueur reste trop longtemps au même endroit. A la faune locale, il faut ajouter les obstacles naturels tels que les gouttes glacées et les tapis roulants (!).
Les intrépides Ice Climbers n'ont pas peur de tous ces dangers. Leurs gros marteaux leur permettent de se tailler un chemin et d'assommer les créatures hostiles. A l'inverse de Smash Bros, seul, vous ne dirigez qu'un Ice Climber, le bleu. Pour contrôler le rouge, il faut s'adjoindre l'aide d'un ami puisqu'on peut jouer à deux. Il n'y a pas de règle précise dans ce mode deux joueurs qui fonctionne comme en solo, on peut aussi bien coopérer que se bourrer le mou, l'essentiel étant d'arriver au sommet.
Avec ses graphismes du pauvre, ses musiques et bruitages vieillots mais un principe et un mode deux joueurs assez funs, Ice Climber pourrait se classer parmi les bons petits jeux 8 bits des premières années. Seulement, un défaut nettement plus dérangeant que le minimalisme technique mine le plaisir: une maniabilité très approximative. Les sauts surtout sont d'un inconfort total, ils sont beaucoup trop courts et raides, changer de direction avant de bondir coupe l'impulsion ce qui est très énervant. Comme quoi la légendaire jouabilité Nintendo ne s'est pas faite toute seule.
Si vous n'aviez jamais entendu parler des Ice Climbers avant leur arrivée triomphale sur GameCube, c'est que l'unique titre dans lequel ils avaient pris part n'est pas un chef d'oeuvre. Il fait partie des jeux moyens et méconnus des débuts de la NES et n'a pas apporté grand chose de neuf. Cependant, Ice Climber serait un jeu tout à fait recommandable de la période post-Donkey Kong, pré-Super Mario, si sa maniabilité n'était pas aussi mauvaise et les niveaux si durs (d'où sans doute la possibilité de choisir où commencer). Dommage, on n'est pas passé loin d'un classique.
le 18 mai 2002
par sanjuro