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NES Développeur: Sunsoft Editeur: Sunsoft
Genre: Action Joueurs: 1P Dates de sortie
14.12.1990 Japon
12.1990 USA 1991 France 21.02.1991 Suède
dur Difficulté:
89%Graphismes 90%Animation 90%Son 88%Jouabilité 85%Durée de vie 89%89%
Mots de passe:
Niveau 1-1: GBQK |
Après avoir déambulé des heures durant dans les grands magasins à la recherche d'un cadeau de Noël pour votre neveu, vous avez fini par vous égarer dans les rues sombres qui abritent des petits commerces aux devantures crasseuses. Une enseigne écrite dans une langue asiatique compliquée ayant attiré votre attention, vous descendez un escalier et entrez dans une boutique plus spacieuse qu'on ne le devine de l'extérieur. Derrière le comptoir, tirant sur une longue pipe en bois d'où s'échappe une fumée teintée qui se répand dans le magasin, un vieux Chinois en habit traditionnel vous regarde indifférement. Gremlins 2 et Batman sont liés. Pas au cinéma bien sûr, mais sur NES. Ces deux jeux, sortis à peu près à la même époque, remarqués et bien reçus, adaptés tous les deux sur Game Boy par les mêmes auteurs, sont sans doute les titres les plus connus de Sunsoft en France, tous supports confondus. Ils ont d'autres points en commun comme on le verra dans ce test, mais aussi des différences, dont une de taille, Gremlins 2 se joue en vue de dessus, bonne démonstration des capacités d'adaptation de l'éditeur japonais. Sans trop de surprise, le personnage que l'on dirige est Gizmo, l'adorable boule de poils aux grandes oreilles, sorte de Pikachu des années 80. C'est lui qui, involontairement, lorsque sa peau entre en contact avec de l'eau, engendre les Gremlins, des petits monstres bipèdes reptiliens, farceurs et violents. Dans le premier film, Gizmo est un cadeau de Noël inattendu pour Billy, un jeune employé de banque qui reçoit la créature des mains de son père. Le Noël tourne au cauchemar quand les Gremlins font leur apparition et se mettent à saccager la paisible bourgade. Dans la suite, Gizmo a été rendu à son propriétaire d'origine qui ne tarde pas à mourir de cause naturelle, et un laboratoire de Manhattan mal intentionné récupère l'étrange animal. Heureusement, par une coïncidence purement hollywoodienne, il se trouve que Billy et sa copine travaillent dans le même immeuble, un gratte-ciel ultra-moderne qui appartient à un magnat de la télévision, parodie ostensible de Donald Trump. Contrairement à Batman, qui n'était fidèle au film que dans ses cinématiques, Gremlins 2 suit la trame du scénario original tout du long mais du point de vue de notre petit héros. Le jeu débute ainsi quand Billy ouvre la cage de Gizmo, lui permettant de s'échapper du laboratoire. A partir de là, il lui faut traverser dix niveaux reprenant divers lieux du film, groupés par paire et se terminant parfois par un boss. On commence timidement dans des bureaux, se composant de couloirs et d'une salle de travail. Après la grande cinématique du jeu, montrant la naissance des gremlins et la répudiation de Gizmo, on est prisonnier de conduits d'aération qui mènent à une immense salle de contrôle au sous-sol. On affronte un chef gremlin au dessus de tuyaux d'écoulement, puis l'on reprend de plus belle l'exploration du building, passant d'un entrepôt à des studios de télévision, comme dans le film. Un détour rapide par la réception nous conduit jusqu'au bureau du directeur, démissionnaire face à son remplaçant électrisant. Dans les deux derniers niveaux, Sunsoft a de plus en plus de mal à contenir sa fougue créatrice, et les références au film sont quelque peu ensevelies sous des décors technologiques truffés de pointes, de lave, de tapis roulants et de plates-formes. On ne s'en plaint pas (ou juste un peu parce que c'est quand même dur) tandis que Batman est rappelé à notre bon souvenir. Cela ne remet pas en cause la fidélité au film, car il y a toujours un ennemi pour nous replacer dans le contexte; on est à peu près certain en jouant que tous les gremlins que l'on rencontre figurent dans le casting d'origine. Les armes de Gizmo, qui changent à chaque niveau, sont aussi des accessoires dont il se servait sur pellicule, commes les trombones, les allumettes, ou un arc improvisé, dans la fameuse parodie de Rambo II. Mais bien entendu, rien n'accomplit aussi bien le travail de référence que ces larges images, représentation en pixels d'une précision troublante. Tout y est: la petite moue boudeuse de Gizmo, l'éclat dans le regard sournois des gremlins, les expressions de tristesse, de joie, de surprise, il n'y a pas un dessin de raté, c'est à la photographie ce qu'une toile de Bouguereau est à la réalité. Et Sunsoft n'a aucune difficulté à y glisser de l'animation, pas seulement des panoramiques, mais des personnages qui bougent, Gizmo qui se tord de douleur sous ses pustules larvaires, un gremlin idiot qui sautille en clignant des yeux. C'est plus fort encore que leur Batman, on est béat d'admiration. Les cinématiques sont nombreuses mais pas également réparties, les deux morceaux les plus impressionnants se situent au début du second niveau et à la fin du jeu. Le premier demeurant l'une des plus belles cinématiques que l'on ait vu sur console 8-bit. Les gouffres, qui percent régulièrement le sol, sont souvent survolés par des plates-formes. Quoique rapides, elles ont toutes la même taille et se déplacent toujours le long d'une ligne droite, avec occasionnellement des obstacles par dessus lesquels il faut sauter. Cela accroît sensiblement la difficulté, tout comme les tapis roulants, qui pullulent dans les derniers niveaux. La vue aérienne, dont Sunsoft s'était déjà servi pour Fester's Quest sur NES et Batman sur PC Engine, n'est pas le plus grand atout de Gremlins 2. Les sauts de plates-formes en sont moins naturels qu'avec une vue latérale, il y a toujours une petite appréhension, liée à la perspective, dont on ne parvient pas à se débarrasser. Et d'ailleurs on tombe aussi plus souvent. Lorsque l'on effectue un saut au-dessus de la lave, si l'on est trop près du rebord de la plate-forme, on crame. A cause de cela, on ne peut pas être entièrement satisfait par la jouabilité. La difficulté est mieux pensée. Conçue différemment, elle aurait pu devenir effroyable. Dans les jeux vidéo, il y a quatre degrés qui vous séparent de la mort: les carrés d'énergie, les vies, les continus, et les sauvegardes ou mots de passe. Par défaut, dans Gremlins 2, vous n'avez pas de vies, juste des coeurs d'énergie. Les vies s'achètent auprès du marchand chinois, qui vend aussi pour une bouchée de pain d'autres items utiles comme le ballon qui permet de voler un court instant après une chute ou une espèce de thermos qui améliore le tir. Plutôt que de miser sur les vies ou les continus, Sunsoft a choisi de donner des mots de passe à la fin de chaque niveau. Cela change radicalement la façon de jouer, mais semble cependant un choix judicieux. Vous avez ainsi deux façons de finir le jeu, en utilisant les mots de passe, ce qui est difficile parce que vous n'avez que vos coeurs et aucun item, ou en emmagasinant des vies au cours de chaque niveau. Le joueur dévoué ne s'embêtera pas, il le finira des deux manières. Pourtant, aura-t-il vraiment la volonté de montrer autant de zèle ? Gremlins 2 est un bon jeu, mais auquel il manque un degré d'excellence, l'inévitable Batman achevant de souligner l'écart. Il a des qualités exceptionnelles, et pas seulement ses cinématiques, mais qui sont relativisées par des lacunes ou des limitations. Prenez les musiques par exemple, celles des deux premiers niveaux cartonnent ("elles déchirent grave !!" si vous préférez), la troisième est déjà moins brillante, la quatrième joue sur un tout autre ton, plus mystérieux, genre donjon de RPG, qui ne lui réussit pas, et la dernière est dans la veine des premières mais en plus fatiguée. Même inégalité avec le graphisme, si d'un côté on s'extasie sur les cut-scenes, les niveaux, largements dominés par des étendues noires ou peu recherchées, méritent presque un bâillement. Le sprite de Gizmo est très bien fait, certains Gremlins aussi, alors que d'autres aux couleurs jaune et verte les font ressembler à des soldats de plastique et s'immergent quelque peu dans le décor. L'animation n'y échappe pas non plus, même si contrairement aux deux autres cela va en s'améliorant. Au début, on remarque surtout les clignotements, alors que dans les derniers niveaux c'est toute la souplesse de l'animation du décor qui saute aux yeux. On retrouve à plus d'une occasion le Sunsoft qui, par le passé, en bon marquis de Sade du jeu vidéo, nous a à la fois torturé et fait fantasmer. Ce passage par exemple exhale le vice sunsoftien dans la moindre de ses tiles (carrés d'image): un couloir relativement étroit, une plate-forme précédée d'un grouffre et suivie d'un autre, beaucoup plus large, encadré de rampes électrifiées, avec en son centre deux rouleaux bardés de pointes, et pour passer au dessus de tout ça, deux tapis roulants qui vont beaucoup trop vite. On t'aime Sunsoft ! comme la bouche rongée par la carie aime le dentiste. Si clairement Gremlins 2 n'est pas le meilleur jeu de Sunsoft, c'est en tous cas un titre dont la NES peut être fière. Ses imperfections ne sont pas une raison pour le prendre à la légère, de fréquentes touches de génie dans le graphisme, la musique, l'animation, viennent laminer le moindre reproche sévère qu'on aurait l'outrecuidance de formuler. Il n'y a pas de secrets, ni même de chemins alternatifs, et après ? Chaque obstacle que Sunsoft dresse sur notre route est bien assez pour se divertir. Gremlins 2 est si bon que l'on ressent son influence chez d'autres, mais oui, comme Zombies de Lucasarts sur Super Nintendo (la perspective, les araignées, la lave, les surfaces de pointes... et les tomates !). En attendant d'autres tests de jeux de cette compagnie qui, sur NES, vaut son pesant d'or autant que Konami et Capcom, on se replongera avec inlassable délice dans leurs deux adaptations captivantes de films à succès. le 28 mars 2008 par sanjuro Jeu testé en version européenne
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