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NES Développeur: Bandai / Tose ? Editeur: Bandai
Genre: Action / Aventure Joueurs: 1P Dates de sortie
07.1991 USA
dur Difficulté:
82%Graphismes 79%Animation 80%Son 79%Jouabilité 65%Durée de vie 80%80%
Mots de passe:
Niveau II, 2 potions :
PZDB WRKK FXCZ Niveau III, 3 potions : FXDT WPKL FDNM Niveau IV, 3 potions : FHDB WRKK FXHH |
Si vous n'avez jamais vu le film original, je vous invite à sauter le résumé qui suit. Une tombe s'ouvre en grondant. Un corps translucide en sort, flottant dans les airs, c'est une femme vêtue à la mode du XIXème siècle — c'est Mary Shelley ! Elle déclare avec un fort accent britannique au reporter de 1UP tremblant devant elle : « Ce n'est absolument pas l'histoire que j'ai écrite. D'abord mon savant s'appelle Victor, pas Henry. » Je le sais, madame ! J'ai lu votre roman il y a bien lontemps. L'histoire de Frankenstein telle qu'elle est entrée aujourd'hui dans la culture populaire provient du film d'Hollywood réalisé par James Whale en 1931, avec Boris Karloff dans le rôle de la créature. Il aura donné lieu à plusieurs suites chez Universal durant les années 30 et 40, et à une nouvelle série de films britanniques par la Hammer dans les années 50 à 70. En 1990, Roger Corman venait de réaliser un Frankenstein moderne d'après Brian Aldiss. « Certes, mais dans mon roman... » Les rencontres que l'on effectue au cours du jeu nous révèlent une chose : le monstre n'est pas juste revenu à la vie, il a carrément ouvert les portes de l'enfer ! Rien qu'au village on doit affronter la Mort, un peu plus loin dans le même niveau un cheval-démon effrayant. Le monstre de Frankenstein revu et corrigé par Bandai est résolument mauvais. C'est un chef de bande, une canaille sans scrupules à la tête d'un syndicat du crime de l'au-delà. Le pendant du Dracula de Konami.
Mais on peut quand même faire un lien ténu avec le jeu. C'est du film que vient le nom d'Emily, qui rend souvent visite à son grand-père (le seul personnage qui ressemble à un portrait du jeu). Eux seuls sont bons avec le monstre, qui est gentil, alors évidemment il ne la kidnappe pas. La foudre qui s'abat sur le château, le début dans le cimetière et l'incendie dans la forêt sont des images du jeu qui trouvent leur équivalent dans le film. Enfin, la couleur du monstre, un gris sombre qui tire sur le bleu, semble aussi venir de là. Notre personnage n'est qu'un simple villageois, un garçon qui se bat d'abord avec ses poings mais a tôt fait de ramasser les armes perdues par les monstres. Sa première est un gourdin pris aux trolls. Il peut entrer dans des ouvertures du décor qui conduisent à des salles ou des passages. Tous les boss, petits ou grands, ont quelque chose à lui dire avant le combat. Il converse aussi avec des individus plus civilisés. Des coffres renferment potions et globes de pouvoir, pour les armes. Tout cela est la partie aventure du jeu. Très agréable mais finalement trop peu représentée. On ne trouve pas assez d'armes différentes, ni visite assez de salles. Le village a vraiment dû être décimé, parce qu'on ne voit pas non plus beaucoup d'êtres humains. Il n'y a pas d'équipement : les potions rouges apparaissent à l'écran pour être activées avec Select, le reste est absorbé par le héros. On aurait voulu un meilleur équilibre entre action et aventure. Mais c'est aussi que cette poursuite n'est pas bien longue. Quatre niveaux, d'une longueur normale voire un peu courte pour un jeu d'action. Une anomalie qui ressemble plus à la Master System qu'à la NES. D'ailleurs, le décor est plus massif qu'il ne l'est d'habitude sur cette console. Mais on reconnaît bien aussi son style, ou plutôt celui de Bandai (ou Tose, d'après la rumeur), auteur des désastreux Dragon Ball et Chevaliers du Zodiaque. Frankenstein en est la continuation, mais évoluée, corrigée, améliorée en quatre ans. Les Chevaliers du Zodiaque en particulier vient à l'esprit — la partie aventure, sans les éléments rôlistes. Par exemple, le héros possède un coup de pied sauté inconvenant dans cet univers, mais extrêmement utile, qui évoque infailliblement celui de Seiya. Je parierais aussi que c'est le même artiste qui a dessiné les nombreux petits portraits, qu'on croirait, peut-être à raison, tout droit tirés d'un anime. On en vient à se demander si un troisième jeu des Chevaliers n'était pas en préparation sur Famicom (pourquoi les bâtisses du village ont-elles des colonnades de temples ? pourquoi le héros est en jupette ?). En tout cas, grâce à Frankenstein, on peut se faire une idée de ce à quoi il aurait pu ressembler en 1991. Frankenstein est le genre de jeux où le niveau cède trop vite la place à un combat de boss. C'est aussi ce qui réduit sa durée. Un vice dont Bandai est depuis longtemps affligé et qu'ils assouviront pleinement dans les jeux de baston Dragon Ball Z. De plus, cela augmente la difficulté, en particulier dans le dernier niveau, bien salé, qui tire quand même son épingle du jeu grâce à l'élément de surprise. On ne possède que deux continus, mais chose étonnante, malgré leur brièveté, chaque niveau a un mot de passe qui retient même les potions rouges. Faire le jeu d'une traite est néanmoins plus valorisant et intéressant. Les mots de passe offrent une protection supplémentaire aux joueurs moins expérimentés, sans toutefois leur épargner les douleurs du dernier niveau. Notre héros a au moins l'assurance de pouvoir toujours y revenir bien équipé. Par rapport aux jeux des années 80 de Bandai, tout est supérieur. Dans ses meilleurs moments, le graphisme fait penser à du Naxat, dans les autres, cela reste du Bandai mais sans les horreurs visuelles d'antan. Disparues aussi les atrocités sonores ! Une vraie bande son, inquiétante, a été composée pour l'occasion. Des cinématiques très stylisées illustrent chaque étape de la poursuite. Voilà maintenant Bandai qui se prend pour Tecmo ! S'il y a parfois des lacunes (on ne comprend pas toujours bien ce qu'on regarde), il faut avouer que la présentation est plus recherchée encore que chez Tecmo. Un soupir de soulagement accueille surtout la jouabilité. On se souvient encore avec dégoût des collisions effroyables de Dragon Ball. C'est enfin jouable, et ce en dépit des innombrables duels. On n'a plus l'impression de subir la jouabilité. Ou presque plus. Le monstre donne encore des signes de vie. Tous les ennemis sont vifs et agressifs et reviennent sans cesse, mais quelques-uns en plus sont difficiles à éviter ou à atteindre, comme les gros insectes volants du village. Au niveau 2, on doit franchir un étang. Si l'on tombe dedans, on se retrouve dans un écran à combattre une sorte de Créature du lagon noir. Et là, on a comme un flashback traumatisant d'une scène identique de Dragon Ball, où, tombé dans l'eau, on devait lutter contre des choses informes. Revivre ça ne laisse plus de doutes quant à la paternité du jeu, les auteurs ont décidé de nous ressortir leurs Greatest Shits. C'est le seul endroit sous l'eau et où la jouabilité est aussi mauvaise. Mais sur terre, ça se laisse jouer. Tenez, Mary, vous voulez essayer ? Frankenstein profite amplement de 1990 et de ses nouveaux standards. Plus de couleurs baveuses et de sprites qui ressemblaient à des mouches écrasées (ou plutôt à des moucherons : il n'y avait pas autant de détails), plus de sons débiles qui se faisaient passer pour de la musique et surtout presque plus d'énervements majeurs avec la jouabilité. Si tout est nettement supérieur à ce que Bandai faisait il y a quatre, cinq ans, rien cependant n'est parfait, et ils n'arrivent toujours pas à entrer dans la cour des grands, juste à regarder par dessus le mur pour tenter d'apprendre comment on fait pour cesser d'être petit. Mais la différence est telle avec les abominations du passé qu'on se prend l'envie de chanter les louages du jeu. La qualité de son challenge en particulier. On aurait souhaité une aventure plus étoffée mais ce qui est présent suffit déjà à élever Frankenstein au-dessus de sa simple condition de jeu d'action. On a plaisir à le recommencer pour se perfectionner et arriver au dernier niveau, face à l'insaisissable monstre, dans la meilleure forme possible. Indispensable pour en venir à bout dans le combat final. Bandai a conçu son jeu un peu comme une aventure filmique, en usant de cinématiques bien sûr, mais aussi en s'assurant que chaque niveau soit d'une grande diversité : le décor change tout le temps comme dans une production 16 bits de Konami. Super Castlevania IV n'est pas encore sorti qu'il subit déjà son influence. Le résultat consomme beaucoup de place mémoire sur NES et c'est sans doute aussi pour ça que le jeu n'est pas plus large. Qu'importe ! Frankenstein est un jeu atypique, assez séduisant et prenant, qualités rarement vues dans les jeux Bandai. Déjà un peu désuet en 1991, avec son style d'action qui semble appartenir à la décennie précédente, c'est justement grâce à ça qu'il charme encore aujourd'hui. Il a des chances de figurer parmi les meilleurs jeux de Bandai (faible challenge, me direz-vous), en tout cas le meilleur que nous ayons vu sur 1UP, et cela sans même avoir besoin de montrer la queue d'un Son Goku ou le poing d'un Seiya. Et, prévisible ironie, il s'agit d'une rareté méconnue du seul continent américain. « Dites-moi, Mister sanjuro, est-ce que vous avez une bonne amie ? Je me sens bien seule dans mon tombeau sans Percy. » le 31 octobre 2024 par sanjuro Jeu testé en version américaine
NES-2F-USA
FINI sans continus, sans mots de passe. Score : 147 800 |
Boîte du jeu Version américaine Photos choisies Cliquer pour agrandir Toutes les photos Taille normale 256x224
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