Cette grande comparaison a pour but de mettre en évidence les différences et les points communs entre ces trois RPG bien connus. Car, en réalité, les connaît-on si bien ? Certes leur nom est familier de tout joueur qui se respecte mais combien vraiment ont joué à leur toute première prestation ? En Europe, peu de monde sans doute.
Dragon Quest contre Final Fantasy
Pour être tout à fait juste, il aurait fallu comparer Final Fantasy à Dragon Quest III, qui est temporellement plus proche. Le titre culte de Square est sorti un an et demi après Dragon Quest, d'où une grande différence technique entre les deux titres. Dragon Quest est un jeu NES primitif alors que Final Fantasy fait partie de la génération la plus connue de la console, celle à laquelle appartiennent aussi Super Mario Bros. 3 et Mega Man 2, caractérisée par une augmentation importante de l'espace mémoire qui permit d'effectuer des progrès considérables au niveau du graphisme, du son et de la durée de vie.
De ce fait, Final Fantasy est supérieur sur tous les points purement techniques. Il est plus beau, plus long, mieux accompagné musicalement; le bestiaire, les armes, les villes sont tous beaucoup plus riches et nombreux. On s'immerge aussi bien plus vite dans son univers, grâce à toutes ces améliorations bien sûr mais également parce que le scénario est plus abouti et que les personnages qui y prennent part, autant que les situations, sont plus variés. La sophistication du RPG moderne est absente de Dragon Quest alors qu'on en perçoit les pulsations dans Final Fantasy.
Néanmoins, ce n'est pas une victoire absolue. Alors que Dragon Quest devient plus agréable au fur et à mesure qu'on s'habitue à son interface austère, celle de Final Fantasy dévoile sa nature incommode tandis que la quête progresse. La simplicité de Dragon Quest finit par jouer en sa faveur. Les combats se règlent rapidement là où ceux d'à côté s'éternisent, on ne s'empêtre pas dans son équipement quand Final Fantasy lui nous oblige à passer de nombreuses minutes dans les boutiques et dans les menus à acheter et changer des items.
Si Final Fantasy est incontestablement un grand jeu, il y a un aspect de l'ancêtre Dragon Quest sur lequel il aurait pu prendre exemple: l'avantage d'une jouabilité claire et simple.
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Final Fantasy contre Phantasy Star
Final Fantasy et Phantasy Star sont sortis en même temps. Un coup du sort qui aura sans doute un peu pénalisé la carrière du second, même si la Master System n'a jamais été très populaire au Japon. Les deux jeux sont presque aussi différents que le sont Final Fantasy et Dragon Quest mais pour des raisons complètement différentes. C'était le résultat voulu par l'équipe de Sega qui a réalisé son jeu de rôle en prenant le genre à contre-pied. Toutefois, ils partagent aussi des affinités.
Les quatre héros de Phantasy Star ont une présence plus marquée que les vedettes muettes de Final Fantasy. De courtes cinématiques permettent de les voir s'exprimer en gros plan, ils ont un nom prédéfini, une identité; dans Final Fantasy, on compose sa troupe comme on le ferait avec des pions. Ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose mais l'approche est différente, stratégique dans Final Fantasy, elle se focalise sur l'action dans Phantasy Star.
C'est aussi ce qui différencie le système de combat de ces deux grands classiques. La latitude de manoeuvre est plus grande dans Final Fantasy: on est libre de frapper l'adversaire de son choix et de changer l'ordre des personnages de son équipe, ce qui a son importance. Dans Phantasy Star, rien de tout cela, on frappe et c'est tout. Cela le prive d'une certaine subtilité mais d'un côté cela lui fait gagner en rapidité d'exécution, ce dont Final Fantasy ne peut se prévaloir et devient vite chez lui un défaut handicapant.
La différence toutefois qui saute aux yeux est dans la visualisation des donjons: classique vue de dessus pour Final Fantasy avec des niveaux bien construits et intéressants à explorer, prouesse technique pour Phantasy Star doté d'une vue subjective à la fluidité exemplaire. Si ce dernier remporte l'approbation du programmeur, il ne remporte pas nécessairement celui du joueur. La technique a ses limitations: tout se ressemble et l'on se perd dès que le niveau devient un peu trop large. En se servant de plans, l'exploration est grandement simplifée et ce qui départage alors la vue 2-D de l'un et la vue 3-D de l'autre sont surtout les goûts individuels.
Avec cette cartouche énorme d'un demi-méga, Sega pousse la Master System dans ses derniers retranchements et cela se voit à l'image. Certains monstres remplissent l'écran et tous possèdent des animations. Sur NES, on ne peut pas en dire autant. Si les monstres sont très réussis, le graphisme est loin de rivaliser avec les meilleurs productions du genre sur cette console pleine de surprises. Cependant, là encore, tout est affaire de goût. Le graphisme de Phantasy Star est large et très coloré, bien dans l'esprit des productions Master System, celui de Final Fantasy est beaucoup plus sombre avec un style, notamment dans le character design, assez glauque.
Une chose est certaine en tout cas, autant l'un que l'autre sont d'excellents jeux avec une grande quête riche en surprises. On peut difficilement les départager car ils ont des défauts et des qualités qui leur sont propres et ne sont pas forcément ressentis avec la même intensité par tout le monde.
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Phantasy Star contre Dragon Quest
Ces deux-là semblent aux antipodes l'un de l'autre et représentent deux courants différents du retrogaming, l'ère ancienne et l'ère moderne; Dragon Quest sort alors que la grande carrière de la Famicom ne fait que commencer, Phantasy Star arrive lui un an avant l'extinction de la Master System japonaise. Graphiquement, c'est le jour et la nuit. Il est intéressant de remarquer pourtant que les deux jeux tournent sur une 8 bits, ce qui montre toute l'étendue de cette génération de consoles qui aura permis, plus qu'aucune autre, à l'industrie du jeu d'évoluer, de changer.
Une fois encore, Dragon Quest est avantagé par sa simplicité même si ses donjons ont en commun avec ceux de Phantasy Star d'être particulièrement confus. La gestion de l'équipement est assez directe dans les deux jeux, et durant les combats le monstre est montré de front sans que les personnages eux soient affichés. Comme quoi tout n'est pas différent. Cependant, dans le titre de Sega, on ne voit qu'un seul ennemi qui représente l'ensemble du groupe alors que dans Dragon Quest il n'est jamais question de plus d'un adversaire à la fois. Phantasy Star triomphe grâce à la beauté de ses graphismes et à la variété de sa quête.
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