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NES Développeur: Rare Editeur: Nintendo
Genre: Action Joueurs: 1P Dates de sortie
07.1989 USA
1989 Europe 25.10.1989 Suède
trop dur Difficulté:
76%Graphismes 94%Animation 79%Son 94%Jouabilité 70%Durée de vie 80%80%
Points bonus:
Deux façons de recevoir des points supplémentaires par paquet de mille: en tirant frénétiquement au tout début d'un niveau, et en faisant des tours en passant la ligne d'arrivée. |
Cobra Triangle est l'exemple même d'un grand classique discret. Son nom, presque tout possesseur de NES le connaît, si ce n'est pas le cas, l'image de la boîte ou du premier boss suffit à raviver des souvenirs quasiment antédiluviens. Et pas nécessaire d'y avoir joué pour se le rappeler, c'est bien ce qui en fait un classique à la fois grand et discret, son monstre marin demeure une image inoubliable, inséparable de la NES, tout comme les boîtes mettant en valeur le pixel art des premiers jeux Nintendo ou les beaux artworks sur fond gris des jeux Konami. Toutes ces couvertures de boîtes, autant que les jeux qu'elles renfermaient, sont des images à jamais fossilisées dans l'ambre de nos mémoires. Ceux qui à l'époque étaient abonnés au magazine officiel et gratuit du Club Nintendo (un fanzine de quelques dizaines de pages, publié tous les trois ou quatres mois et qui donnait largement de quoi rêver pendant toute cette durée), se souviennent peut-être aussi que Cobra Triangle était un des jeux les plus disputés de la chasse au high-score, surtout par nos camarades d'outre-Manche. Nulle coïncidence dans ce fait, les auteurs de Cobra Triangle étaient une petit groupe de développeurs basé en Angleterre, à Twycross, et bien connu des possesseurs de consoles Nintendo. Vous l'aurez deviné (ou simplement lu à gauche...), il s'agit de Rareware. Même si Rare s'est fait un nom sur Nintendo 64 et Super Nintendo, c'est pourtant sur NES qu'ils ont été de loin les plus actifs et les plus prolifiques avec des dizaines de jeux souvent bien connus des "Nesseux", sans que ceux-ci ne fassent forcément le rapprochement avec Rare. Nous avions déjà vu l'excellent WWF Wrestlemania Challenge, qui est au catch ce que World Cup est au foot, et voici encore un autre exemple de leur efficacité sur la 8-bit de Nintendo. Dans la petite équipe de Cobra Triangle, on ne trouve que les noms de personnes qui travaillent encore chez Rare au jour d'aujourd'hui. Mark Betteridge, à la programmation, Kevin Bayliss, aux graphismes, David Wise, à la musique, et même, à l'époque, les célèbres frères Stamper, fondateurs de la compagnie, avec Tim aux graphismes, Chris en charge du hardware, et ensemble avec Betteridge au design. Alors la question, bien évidemment, est de savoir si le génie de Rare se retrouvait déjà dans Cobra Triangle. Le principe, à priori, semble assez éloigné du style de jeux qui fera leur renom par la suite, il s'agit d'un jeu d'action dans lequel vous dirigez un hors-bord. Toutefois, une touche familière des jeux Rare est déjà perceptible: le découpage en missions. Cobra Triangle n'est pas un banal jeu de course en bateau, loin de là, votre embarcation dispose d'un système de sélection d'armes à la Gradius (assez frustrant donc) et vous bénéficiez d'une relative liberté dans les niveaux. Certes vous êtes à la fois limité par le temps et par des tracés assez précis, mais contrairement à beaucoup de titres de l'époque, vous pouvez revenir en arrière dans un même niveau et certaines routes proposent des bifurcations. Les missions qui composent le jeu sont assez hétérogènes, même si une fois passé un certain point, vous rejouez finalement les mêmes dans des conditions plus difficiles. Il y a la course simple, où tout ce que l'on vous demande est de passer l'arrivée en un seul morceau et dans le temps, le déminage, où vous devez semer vos poursuivants pour aller jeter une mine dans une zone de destruction, la protection, un classique Rare (souvenez-vous: Goldeneye, Natalya...) où il est question de protéger des petits baigneurs de bateaux kidnappeurs en évitant des missiles paralysants, la course d'obstacles et la cascade, deux morceaux de choix dont nous reparlerons plus tard quand nous aborderons la difficulté, des niveaux bonus, collecte d'items ou tir sur cibles, et un affrontement avec un boss, ou, la Revanche des Fruits de Mer. Un menu bien varié, quoique, avec 24 niveaux à traverser, on a tout de même le temps de se lasser; les missions heureusement sont courtes, le temps limite dépassant rarement quelques minutes. Ces éléments font de Cobra Triangle un titre déjà singulier pour l'époque, ni les courses de bateaux, ni le système de missions n'étaient familiers des joueurs. R.C. Pro Am, un autre jeu de Rare, avait tout de même servi de moule pour la maniabilité et la vue, en 3D isométrique. Techniquement, c'était un exploit notable de Rare qui accomplissait des merveilles sur NES, avec une animation d'un fluidité exemplaire: pas un ralentissement, à peine quelques clignotements, une vitesse inattendue, des effets réalistes (les rebonds du bateau, les explosions...). Les programmeurs anglais, les enfants du ZX Spectrum, n'ont pas volé leur réputation, et montraient déjà au monde entier qu'ils pouvaient se permettre de disputer la suprématie japonaise dans le domaine ludique. Ce n'est pas la technique qui fait les bons jeux, on ne le sait que trop bien, mais ça aide quand même. Si l'animation n'était pas aussi confortable, les sensations de pilotage s'en ressentiraient, et il se trouve que la jouabilité est tout à fait satisfaisante. La seule exception viendrait, nous l'avons déjà évoqué, des armes et bonus. Dans le feu de l'action, ce n'est pas toujours facile de faire un choix, de sélectionner le tir que l'on veut par exemple, et l'on aurait souhaité un système plus instinctif: directement par les pods (les capsules que l'on ramasse), plutôt qu'en les accumulant par exemple. Cela n'aide pas face à l'obstacle le plus massif du jeu, sa difficulté. La première partie, jusqu'au premier boss, est aisée. Là où ça se complique, c'est quand vous commencez à voir les chutes. Ce n'est pas si dur en soit, mais ces cataractes aspirent vos vies comme elles engloutissent des hectolitres d'eau; cumulez les faux mouvements et la malchance, et vous n'aurez pas le temps d'atteindre le vrai cauchemar de Cobra Triangle, les icebergs. Iceberg n'est pas exactement le mot juste, il s'agirait plutôt de récifs sauteurs ou de rochers farceurs, mais vu qu'à votre première rencontre le décor est d'un bleu glacé, iceberg est un nom qui leur convient plutôt bien. Tout joue contre vous dans ces niveaux. Ces maudits cailloux pointus bondissent avec une régularité déstabilisante formant une muraille impromptue dont il est difficile de trouver la faille. Il vous faut de surcroît lutter contre le redoutable courant qui tente toujours de vous repousser derrière les icebergs que vous venez de franchir, et, si par malheur vous les percutez, ce n'est pas une barre d'énergie que vous perdez mais une double paire, voire plus. Sans compter l'étroitesse du couloir maritime et les ennemis sur les rives. Les boss peuvent aussi poser problème, mais pour eux il y a des stratégies pour rendre la tâche plus facile (et puis, on les aime bien ces boss: le serpent de mer, le crabe géant... "Fry the Monster !", "Grillez le Monstre !", souvenirs, souvenirs). Le jeu souffre assez de ces pointes de difficulté. Cela vient un peu gâcher les efforts de Rare, tout comme les derniers niveaux qui perdent en intensité puisque beaucoup se contentent de rabâcher, avec de simples variations de couleurs et une difficulté aux amphétamines; quand, vers la fin, on vous fait rejouer exactement la même course que vous avez disputée il n'y a pas cinq minutes, on le digère assez mal. Cobra Triangle n'avait pas exactement le profil du super jeu, les décors souffrent à la longue de leur manque de variété, mais il fait finalement moins bien qu'il ne le promettait au départ. Ca ne l'a pas bien sûr empêché de demeurer un classique et pour certains un jeu NES favori. On regrettera juste que Rare ne soit pas allé au bout de ses efforts initiaux et ait choisi la solution de facilité pour conclure le jeu. le 1er juillet 2005 par sanjuro Jeu testé en version française
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