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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE NINTENDO ENTERTAINMENT SYSTEM (8-bit)


Ladies and gentlemen, le tout premier jeu de sport de la NES !

Baseball

Baseball

ベースボール
 

 NES

Développeur:
Nintendo

Editeur:
Nintendo
Genre:
Base-ball

Joueurs:
1-2P

Dates de sortie
07.12.1983 Japon
10.1985 USA
1991 Espagne
très dur Difficulté:

27%Graphismes
62%Animation
40%Son
71%Jouabilité
56%Durée de vie

45%45%

Je sais ce que vous vous dites: les premiers jeux de sport de Nintendo sur NES, qu'y-a-t-il de plus barbant ? Soccer, Tennis, Golf... vous les connaissez tous et ils ne vous ont jamais vraiment fait envie, même quand vous étiez gosse. Quand en plus il s'agit d'un sport qui jouit d'une reconnaissance marginale en France comme le base-ball, sport qui vous semble confus d'après ce que vous avez pu en voir à la télévision, vous vous demandez si un tel test vaut vraiment la peine, si franchement, sans vouloir nous vexer, 1UP n'est pas en train de perdre son temps.

Si c'est à peu près ce que vous pensez, si mon tour de divination a bien marché, eh bien, je vais me faire un plaisir de tenter de relever ce défi, de vous montrer que Baseball de Nintendo n'est pas un jeu aussi insignifiant que vous le pensez et que les règles du sport sont à votre portée. Mais sur le fond, autant vous le dire tout de suite si la note ne vous l'a pas encore révélé: votre intuition a vu juste, Baseball, comme ses contemporains, n'a rien d'un jeu marquant pour la génération 8 et 16 bits.

1983

Il faut d'abord que j'apporte une précision à ce que je disais en exergue. Baseball est en fait l'un des premiers jeux de sport de la NES américaine, mais il est bien le tout premier jeu de sport de la Famicom, la NES japonaise. La Famicom fut commercialisée en juillet 1983, longtemps avant d'apparaître chez nous. Durant cette première année, seuls neuf jeux virent le jour et un seul de sport, que voici. Les autres jeux de ce qui deviendrait, plus tard, en Occident, la "Série Sportive" de Nintendo sortirent petit à petit durant les cinq années suivantes; c'est pour ça qu'on note une certaine disparité technique entre les titres.

Aux Etats-Unis, la NES sortit en octobre 1985 et quatre jeux de sport furent mis simultanément sur le marché: Baseball, Tennis, Golf et 10 Yard Fight, un jeu de football américain d'Irem, tous publiés sous le label "Sports Series" de Nintendo. En Europe, c'est un peu moins clair, la distribution variant d'un pays à l'autre. Mais grosso modo, Tennis, Golf et Soccer sortirent durant la même période, entre 1986-87. Quant à Baseball, ce sport étant ce qu'il est chez nous, le jeu ne fut jamais commercialisé contrairement à ce qu'affirme le catalogue de 1987, de toute évidence une brochure destinée à l'Amérique. Cependant, il existe bien une version européenne de Baseball, dans une nouvelle boîte comme ce fut le cas aussi pour Soccer, une réédition tardive de 1991 réservée à l'Espagne semble-t-il.

Lorsque ces jeux de sport arrivèrent chez nous, ils étaient déjà vieux de plusieurs années et dépassés, tout comme les Donkey Kong. Les distributeurs mettaient côte à côte des jeux réalisés en 1983 et d'autres en 1987, souvent au même prix. La différence sautait aux yeux et leur fut fatale. Au Japon, ce fut une tout autre histoire, comme nous l'avions vu dans le test de F-1 Race. Les jeux de sport de Nintendo étaient une nette amélioration par rapport aux carrés et bâtonnets de l'Atari 2600 et le public japonais leur fit un triomphe. C'est difficile pour nous de l'imaginer, mais tous leurs titres de cette époque, Baseball, puis Golf, Tennis, Excitebike, F-1 Race en 1984, Soccer en 1985, Volleyball et Pro Wrestling en 1986, furent des best-sellers, se vendant chacun entre un million et demi et trois millions d'unité. Des chiffres que Nintendo ne dépasserait pas si souvent par la suite.

Ce sont ces jeux mêmes qu'on trouve laids et mal fichus, qui auront permis à la Famicom de conquérir le marché japonais et à Nintendo de s'enrichir et de consolider ses bases. Ils n'ont l'air de rien, mais on leur doit beaucoup.

Base-ball

Et c'est vrai que l'esthétique n'est pas très flatteuse. Baseball ne compte que trois écrans: le titre, une vue du stade et une rapprochée du terrain. C'est un de moins que Donkey Kong, qui lui est pourtant antérieur. Il bénéficie au moins d'un vrai mode deux joueurs, une équipe contre l'autre. Il y en a six parmi lesquelles choisir, chacune représentée par une lettre et des couleurs d'uniformes différentes. On dispute simplement un match. Que l'on gagne ou que l'on perde, il n'y a pas de conséquence. C'est juste un match de base-ball. L'équipe adverse nous est assignée aléatoirement à chaque nouvelle partie.

Les règles ont l'air d'être assez bien respectées. Mais évidemment, pour le savoir, il faudrait déjà les connaître. J'avoue que ce n'était pas vraiment mon cas avant de m'y mettre. J'avais des notions, j'avais joué à des jeux de base-ball auparavant, mais un peu à l'aveuglette, sans savoir précisément ce qu'on attendait de moi. Baseball n'est peut-être pas le meilleur jeu pour apprendre les règles, ou pour les comprendre surtout, mais il est assez bon pour vérifier si on sait ce qu'on fait. Et là, lecteur, je te sens craintif, interrogateur... va-t-il oser ? va-t-il oser nous assommer avec les règles du base-ball ?

Tremble de tout ton corps, infortuné lecteur, car la réponse est oui ! Au moins ça m'évitera de trop m'y attarder dans les tests suivants ("quoi ?! il y en aura d'autres ?"). Commençons par ce que vous devez déjà savoir: au base-ball, il y a un batteur (batter) et un lanceur (pitcher). Chaque point débute par leur face à face. Le but du lanceur est d'envoyer la balle de telle sorte que le batteur fasse une mauvaise frappe ou la rate. Le but du batteur est de la renvoyer pour qu'elle ne soit pas rattrapée sans avoir touché le sol et qu'il est le temps de courir jusqu'à la première base. Lorsqu'il y parvient, un autre batteur de son équipe prend sa place.

Le terrain est appelé un diamant, parce qu'il en a la forme. Mais ce qui est important sont les carrés blancs aux quatre coins du losange, ce sont les bases. Pour marquer un point (run), le batteur doit être passé par chaque base en partant de la droite et revenir à la "home plate", d'où il était parti. Un joueur est sauf tant qu'il est sur une base, mais si un joueur de l'équipe adverse récupère la balle et touche la base avant qu'il ait pu l'atteindre, alors il a perdu et il est "out". Trois out et les rôles sont inversés, l'équipe se retrouve en défense. Après quoi, une manche, un inning, se termine. Un match se déroule en neuf innings.

Chaque équipe a également neuf joueurs. En attaque, seul le batteur et ceux qui ont atteint une base sont présents sur le terrain, quatre joueurs au plus. En défense, tous sont présents. Il y a le "rattrapeur" (catcher), derrière le batteur, qui doit rattraper la balle du lanceur, plus quatre joueurs en infield, la région en terre battue juste derrière les bases, et trois en outfield, encore plus loin, aux limites du terrain. Si n'importe lequel des joueurs attrape la balle avant qu'elle touche le sol, le batteur est out. Sinon, ils doivent la lancer ou la passer pour qu'elle revienne au joueur le plus près d'une base vers lequel s'élance un batteur.

Pour résumer, une équipe marque un point quand un de ses joueurs parvient à faire le tour du losange, pendant que l'autre équipe doit les en empêcher en rattrapant la balle à la volée ou en la ramenent aux bases vers lesquelles ils se dirigent. Sachant cela, vous pouvez comprendre le résultat d'un home run. Ce fameux coup se produit lorsque le batteur frappe la balle très loin, par-delà les limites du terrain, généralement dans les gradins. La balle étant de ce fait irrécupérable par la défense, le batteur, et ses coéquipiers sur les bases s'il y en a, peuvent tranquillement faire le tour du losange pour marquer. Si le batteur était seul, l'équipe marque donc juste un point, mais s'il y en avait un sur chaque base, quatre points d'un coup !

Il y a d'autres petites choses à comprendre, en particulier dans le duel entre le lanceur et le batteur, central à l'action, mais ici la NES peut nous aider. Parmi les carrés noirs qui servent d'indicateurs en cours de partie, l'un affiche le score, l'inning et notre poste (2IN.BOT par exemple, pour second inning et "bot" pour attaque, par rapport à la position "bottom", en bas, à l'écran de score). Un autre, toujours présent, a les lettres BSO alignées verticalement. Elles tiennent le compte des Ball, Strike et Out. On a déjà expliqué les out. "Ball" signifie que le lanceur a envoyé une balle que le batteur ne pouvait pas frapper; trois fois cette faute et le batteur peut directement avancer en première base. "Strike" est l'inverse: le batteur a tenté de frapper une balle, mais il l'a ratée; trois fois cette faute et c'est un out. Un dernier indicateur affiche tous ses termes et d'autres comme "Foul", une faute, généralement lorsqu'on a envoyé la balle hors limites ou "Safe", lorsqu'un batteur atteint une base à temps.

Sur NES

Le base-ball n'est pas ce qu'on pourrait appeler un sport simple, alors imaginez quand il faut traduire toutes ces règles et ces détails en gameplay ! C'est le défi qu'aura dû relever Nintendo à l'époque, qui plus est sur une toute petite cartouche de jeu. Pour que cela fonctionne, une bonne partie des actions de l'équipe, en défense comme en attaque, sont automatiques. Ce qui reste jouable après sont toutes les actions relatives à la balle: le lancer, la frappe, la récupération, les passes. Le batteur court tout seul vers sa base, mais on peut toutefois lui ordonner de continuer juqu'à la suivante si la décision nous semble profitable en appuyant simultanément sur A et la croix de direction. Chaque bras du pad correspond à une base, et cela sert aussi lors des passes.

A part lorsqu'il s'agit d'attraper la balle, on n'a jamais à contrôler les mouvements des joueurs. C'est sans doute mieux comme ça, car la maniabilité est très molle et imprécise. Il y a évidemment la perspective qui joue, mais nos crevettes en casquette se tortillent plutôt que de courir. L'intelligence artificielle ne brille pas spécialement. L'ordinateur abuse d'une technique, le pickoff, qui consiste à lancer la balle vers l'une des bases où attend un des siens plutôt que vers le batteur pour lui faire faire un out. Pour que cela ait une utilité, il faudrait qu'on ordonnât à notre joueur de partir en avance, mais comme on ne prend jamais ce risque, qu'on s'en remet au mode auto, on perd juste un temps fou à le regarder faire ses simagrées.

Le rythme est peut-être ce qui blesse le plus Baseball. Comme on contrôle assez peu de choses dans le jeu, chaque attente entre nos actions donne l'impression de tirer en longueur, et au cours d'un match, de s'éterniser. On trépigne d'impatience plus que d'excitation. Mais en même temps, le base-ball est un peu comme ça aussi. Et comme nous le verrons dans d'autres tests, y compris celui de Baseball Stars Professional sur Neo Geo, les simulations de base-ball par définition ne peuvent pas entretenir d'action vraiment soutenue. Côté technique, il n'y a pas grand chose à dire. Le jeu est violemment dépouillé mais clair. En fait, en 1983 sur Famicom, il est le seul à ne pas imposer le terrible fond noir ! Les petits bonhommes ont aussi certaines poses et animations réussies, malgré leur taille. Les bruitages eux sont dignes d'un Game & Watch mais on s'en accommode assez bien.

L'absence de musique en revanche fait froncer les sourcils. Pourquoi ? Parce qu'aussi petit soit-il, on a l'impression que Baseball en fait encore moins que les autres. Baseball est vraiment un modeste, modeste jeu. C'est l'indigence pour l'explorateur ludique venant du futur de la NES. Les deux seules consolations sont qu'un match dure longtemps, peut-être pas pour les bonnes raisons, et qu'on observe quand même déjà les premiers signes de la jouabilité made in Nintendo. Il y a une certaine finesse dans le game design, les proportions sont assez justes, les commandes ne sont pas trop lourdes, on peut adroitement infléchir la trajectoire de la balle au lancer, et lorsque celle-ci s'élève très haut, elle a même droit à un zoom ! Incroyable pour l'époque.

Alors si un ami sincère vous dit que de temps en temps, sur sa NES, il lui arrive de rejouer à un jeu de la série Sports, ne le prenez pas pour un fou: peut-être a-t-il quelques bonnes raisons après tout.

le 30 novembre 2012
par sanjuro



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