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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE NINTENDO ENTERTAINMENT SYSTEM (8-bit)


Astérix n'aura pas bouleversé les jeux vidéo comme il aura bouleversé la BD française.

Astérix

Astérix

 

 NES

Développeur:
New Frontier

Editeur:
Infogrames
Genre:
Plates-formes

Joueurs:
1P

Dates de sortie
1993 Europe
bonne Difficulté:

80%Graphismes
82%Animation
86%Son
84%Jouabilité
82%Durée de vie

70%70%

C'était un village sans nom aux toits de chaume, quelque part dans le nord-ouest de la France. Aucune chance que vous ayez aperçu les fortifications de ses hauts rondins de bois depuis la route, en ce temps il n'y avait pas de voitures, le petit Jésus n'était même pas encore né et la France portait un autre nom. Ce village était habité par des Gaulois, nos fiers ancêtres, arborant de longues moustaches et des noms amusants en -ix. Le pays était envahi d'Italiens, qu'on désignait sous le nom de leur capitale, des Romains. Et ils n'étaient pas là pour faire du tourisme ! Leur armée, sous les ordres de César, était venue pour conquérir, leur enseigne militaire à l'aquila triomphant plantée dans le coeur de la Gaule comme un glaive de gladiateur.

Ainsi, "toute la Gaule est occupée par les romains. Toute ? Non ! Un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur. Et la vie n'est pas facile pour les garnisons de légionnaires romains..." Qu'ils sont célèbres ces Gaulois ! Du poissonnier au forgeron, on les connaît mieux que l'historique Vercingétorix. Il y a leur chef tout d'abord, Abraracourcix, monté sur son éternel bouclier à porteurs, le druide Panoramix qui prépare la potion magique, secret de la force surhumaine des Gaulois, Agecanonix le vétéran, Assurancetourix le barde, et enfin les deux héros du village, le petit blondinet avec des ailes sur la tête, Astérix, et le gros Obélix, qui est un peu enveloppé, aime les menhirs, les sangliers (rôtis) et son chien, Idefix.

Ensemble, Astérix et Obélix en ont fait voir de toutes les couleurs aux Romains, distribuant baffes et coups de poing à la volée, expédiant les légionnaires dans les airs comme des fusées. Cela fait trente albums de bande dessinée et plus d'années encore que la résistance dure, même si, après la mort du scénariste René Goscinny en 1977, la série, continuée par le dessinateur Albert Uderzo, n'a plus été pareil. Un album est encore sorti il y a deux ans et il a connu un bide, autant publique que critique. Eh non, la potion magique ne rend pas indestructible. Cependant, Astérix demeure une figure nationale et un symbole international de notre vieux pays têtu comme un Gaulois.

Parmi ses nombreux exploits, celui qui attire notre attention aujourd'hui est d'avoir été le premier héros français à sortir un jeu vidéo sur NES, à cette époque la plus célèbre console du marché, dominée essentiellement par les productions japonaises. Le seul qui aurait pu se permettre d'en faire autant eut été Tintin, qui le fit dès l'année suivante sur Super Nintendo avec Tintin au Tibet. Astérix, cependant, n'est pas tout à fait le premier personnage de BD franco-belge a être devenu un jeu vidéo, il y avait eu North & South adapté avant lui sur NES, jeu de stratégie dérivé des Tuniques Bleues. Ces trois titres, ainsi que les Schtroumpfs, furent non seulement créés par Infogrames mais réalisés sous la tutelle du même chef de projet, Stéphane Baudet. Sans doute un bon choix financièrement (après tout Infogrames s'en est toujours bien sorti de ce côté) mais pas forcémenent du point de vue créatif.

L'attention médiatique entourant Astérix sur NES ne fut pas plus dense qu'à l'accoutumée. Certains se souviennent peut-être d'un article du magazine Super Power sur la conception de jeux vidéo illustré avec un passage du story-board d'Astérix. Ce fut à peu près tout, l'évènement demeura une affaire de magazines spécialisés. C'est que derrière la fierté nationale il y avait aussi le réalisme du joueur et Astérix n'avait pas de quoi susciter un enthousiasme critique particulier, c'était juste un jeu moyen, tout bête. On dirige Astérix dans des niveaux de plates-formes horizontaux, parti sauver Obélix des Romains. Il le fallait bien pour justifier l'absence du grand bonhomme à ses côtés.

Notre cher Gaulois a peut-être fait le tour de Gaule et visité bien des pays dans ses aventures, de la Grande-Bretagne à la Belgique, mais ça n'a pas amélioré ses connaissances géographiques. Avant d'atteindre Rome, Astérix passe par la Suisse (l'Helvétie), l'Espagne (l'Hispanie) et l'Egypte. Une douzaine de niveaux qui incorporent quelques éléments de la bande dessinée dans un univers de jeu de plates-formes très traditionnel. Il y a des blocs marqués d'un A renfermant des bonus, des étoiles devenant une vie après en avoir ramassé cinquante, de la potion magique qui offre une invincibilité temporaire, des points d'énergie en forme d'ailes, des salles secrètes auxquelles on accède en ramassant une clef, une catapulte en fin de niveau. Cela ressemble à un millier de jeux plates-formes mais à un surtout en particulier, Super Mario Bros.

Les étoiles remplacent les pièces, la potion magique l'étoile, la catapulte le drapeau de fin, les blocs rappellent involontairement ceux avec une note de musique vus dans Super Mario Bros. 3. A d'autres moments, comme dans le niveau de l'Hispanie, on pense plutôt à Kirby's Dream Land pour l'ambiance. Malheureusement, ce sont des évocations qui suggèrent un manque de personnalité plutôt qu'une réussite égale. La technique n'est pas en cause, elle est de ce type qui ne surprend guère mais contre lequel on ne peut pas non plus vraiment formuler de reproches. Ainsi ni le graphisme, ni l'animation n'ont d'occasion de briller sans pour autant être mauvais, la musique s'en sort un tout petit mieux, il y a deux ou trois mélodies bien européennes (on se croirait sur ST ou Amiga par moments) qui trottent facilement dans la tête (l'intro, l'Egypte...).

Même constatation avec la jouabilité. Le coup de poing d'Astérix, son unique moyen de défense, est trop court de quelques pixels. Cela oblige à se trouver vraiment près pour frapper, et le fait que le coup aille vers le haut rend les attaques en plongée vulnérables. Mais ce n'est pas malgré tout un défaut suffisant pour gâcher le jeu. Ce qui l'empêche de décoller n'est pas sa réalisation, qui semble avoir été principalement confiée à des Espagnols, c'est son game design, c'est la façon dont le jeu a été pensé, c'est un sous-Mario sans la trempe créative, sans l'originalité fumante. Et l'univers d'Astérix, sous-exploité, n'aide pas à la récupération.

On y joue sans mal, le défi est même stimulant avec son unique continu, mais à part certaines musiques, rien ne laisse d'empreinte. On n'a pas d'envie d'y revenir après l'avoir fini, si ce n'est pour le seul principe d'être Astérix sur NES. Ca pourrait passer pour le travail de fin d'année d'un étudiant laborieux et consciencieux mais sans fibre artistique. Et puis, il y a une drôle d'ironie dans ce qu'il s'agisse d'un jeu presque autant espagnol que français, à l'époque c'était rare d'aller délocaliser la réalisation d'un jeu vidéo comme ça, ou alors tout le développement incombait à une équipe externe. Les graphistes et programmeurs français étaient-ils trop chers pour Infogrames ? Toujours est-il que cet Astérix est l'épitome du jeu de plates-formes moyen, et ce n'est pas exactement ce à quoi cette bande dessinée inventive et rieuse nous avait préparé.

le 16 mai 2008
par sanjuro



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