Devant le nombre déclinant de visiteurs et les difficultés multiples rencontrées par le site, 1UP a décidé de changer le ton de sa ligne éditoriale. Désormais, nos tests seront à contenu pornographique uniquement, et dans tous les jeux que nous évoquerons, nous ferons en sorte de parler de sexe, de montrer des femmes nues (et des hommes aussi, ne négligeons pas des marchés potentiels !) et de décrire des scènes excitantes. Pour notre premier test nouveau, nous avons choisi Adventures of Lolo, un jeu qui s'y prête bien puisque nous vous parlerons d'une paire de lolo, de boules poilues, de petites queues, de salles sado-masochistes, d'échangisme, de situations pénétrantes, de gros monstres roses et de créatures perverses, de bonus aphrodisiaques, de longs serpents vicieux, et de ce qui se trouve derrière la porte verte. Bienvenue sur le nouveau 1UP !

Oh, mon Dieu, avec une intro pareille, je vais finir en Enfer, flagellé sur les fesses au bord du Styx devant tous les nouveaux arrivants pendant mille ans au moins. Non, rassurez-vous, Adventures of Lolo est un jeu pur et charmant, capable d'entraîner tous les vices de la race humaine dans les gouffres putrides d'où ils sont nés. Le héros est une petite boule bleue avec des p'tits bras, des p'tites jambes, de grand yeux innocents, et répondant au doux nom de Lolo. Le brave Laurent, euh, Lolo (pensez à la façon dont nos merveilleux Japonais le prononcent, Roro, avec ce R qui dans leur bouche bat de l'L) doit sauver sa douce compagne, la gentille Lala, kidnappée par ce gros mal élevé de Great Devil. Qui l'eut crût, mais nos deux petits héros assument les fonctions de prince et de princesse !

Heureusement pour Lolo qui n'a guère la carrure d'un athlète du jeu vidéo (c'est à dire d'un Prince of Persia), il ne sera pas question pour lui d'utiliser ses aptitudes physiques mais bien son intellect. Sa tête lui servant de corps, cette nouvelle lui fut sans doute un soulagement. Il a en effet de la chance parce que vu comme ça, on se demande pourquoi Great Devil s'embête, il pourrait très bien ne faire qu'une bouchée de Lolo et Lala, ou jouer au ping-pong avec. Mais apparemment, derrière ce faciès bestial, se cache aussi un intellectuel et, plutôt que de remplir son château de bêtes féroces, il a préféré faire de chacune des 50 salles un vrai casse-tête. Oh, les féroces créatures sont toujours là, elles sont d'ailleurs bien souvent carrément mortelles, mais votre principal souci ne sera jamais de les battre, simplement de trouver le moyen de passer à la salle suivante.

Et cela se fait, en ouvrant la porte. Le problème bien sûr est que la porte est verrouillée, qu'elle ne s'ouvre que lorsque vous obtenez la perle enfermée dans un coffre, lui-même ne s'ouvrant qu'une fois tous les coeurs de la salle ramassés. Si, dans les premiers niveaux, réunir tous les coeurs et récupérer la perle ne vous posera guère de problème, vous imaginez bien que cela ne durera pas et que bientôt le pauvre Lolo, et surtout vous, allez devoir griller quelques neurones pour arriver à vos fins. Votre premier soin sera d'éviter de mourir, désagrément malheureusement si fréquent ici comme ailleurs. Les ennemis pourtant sont souvent bien simples, même s'ils se montrent aussi fatals qu'une rasade de ciguë, plusieurs sont immobiles, quelques-uns sont mobiles - rarement sans suivre une direction précise -, certains vous éliminent par contact, d'autres vous tirent dessus dès qu'il n'y a plus d'obstacles entre vous.

Il faut apprendre à bien connaître les mauvaises petites manies de chacun pour éviter de s'y faire prendre trop souvent. Quant à la limace verte (certains lui préfèrent la désignation plus noble de "serpent"), bestiole récurrente, il ne peut pas vraiment être considéré comme un ennemi puisqu'il se contente de vous regarder niaisement et se révèle bien souvent un "bloc" très utile. Les blocs, c'est l'élément principal pour vous sortir du pétrin, en les placant là où il faut, vous éviterez des contacts désagréables. Le serpent vert, comme d'autres monstres, peut devenir un bloc temporaire si vous le changez en oeuf, pouvoir limité que vous recevez parfois en récupérant un coeur. Beaucoup de problèmes ont un rapport direct avec la façon dont vous utiliserez ces blocs par rapport aux ennemis. Cruciale aussi est la notion de placement, l'importance par exemple de savoir que se placer sur une demi-case plutôt que toute une case peut avoir des résultats intéressants.

C'est ce qu'il y a de magnifique avec Adventures of Lolo, un principe simple, des graphismes sans prétention, mais où connaître sur le bout des doigts la moindre règle de ce minusucule univers a une importance décisive pour la suite. Les actions du personnage et les possibilités semblent si limitées qu'on se dit qu'on ne se retrouvera jamais bloqué, jamais confronté à une situation insurmontable, mais c'est l'erreur du soldat qui croit en la victoire avant d'avoir vu l'armée adverse. Et là encore, dans cette certitude désavouée, se trouve l'autre beauté de ces pérégrinations savantes: celle que même les situations d'apparence les plus impossibles sont surmontables, parfois même ironiquement de deux façons, quand bien même les échecs se succèdent, heure après heure, jour après jour, et la frustration et l'incompréhension s'installent.

HAL n'a fort heureusement pas commis d'erreur. Ils ont fait les bons choix, y compris celui de mettre des mots de passe à disposition pour chaque niveau. Comme ça on peut retourner à l'avant-avant-dernier pour tenter de comprendre pour la énième fois ce qui nous échappe. Les tableaux à résoudre tiennent toujours sur un seul écran et se composent simplement de petites cases et de petits sprites, les légendaires seize-par-seize. Adorables. Comme cette créature qui vous poursuit avec un grand sourire avant de ronfler pesamment à vos pieds tel un Rondoudou. Pour reprendre la devise de notre confrère Pixelove: gloire aux pixels ! Les animations sont minimalistes, rictus des monstres, surfaces liquides, tirs, et bien sûr Lolo qui se dandine en remuant son excroissance. Les seuls reproches viennent des clignotements, qui sont assez déplacés dans un jeu aussi peu animé, et de la musique qui se répète du premier au dernier étage du château, guerre psychologique façon Great Devil peut-être. Mais après tout, on aurait pu tomber sur pire (le composeur de Dragon Ball ?), et il faut avouer que c'est une bonne mélodie. Mise en sourdine, elle ne dérange plus, même après l'avoir entendu depuis des mois.

Avant d'arriver sur NES sous le nom de Lolo dans cet excellent titre, le petit bonhomme bleu avait déjà fait parler de lui dans Egger Land sur MSX et sur Famicom, dont il existe, sur cette dernière, une trilogie, reflétant ainsi la trilogie des Adventures of Lolo de la NES. Les deux versions sont très proches, Adventures of Lolo constitue une légère évolution graphique d'Egger Land, le mur nord est en relief et le fond noir est désormais pavé; Lolo, lui, reste le même, sauf qu'il a perdu ses chaussures rouges. Un autre fait intéressant à connaître est que cet Adventures of Lolo n'est jamais sorti au Japon, il existe bien des Adventures of Lolo 1 et 2 mais ils correspondent à nos épisodes 2 et 3. Sans doute s'agissait-il pour HAL d'introduire le principe du jeu en occident, ce qui explique pourquoi Adventures of Lolo se compose essentiellement de tableaux des jeux précédents.

Mais qu'elle s'appelle Egger Land ou Adventures of Lolo, cette série de HAL est avant tout une déclaration d'amour aux puzzles bien faits, mettant à profit toute la matière grise disponible, une gymnastique idéale pour un cerveau bien lustré. Et si l'on serait tenté de croire que la mise en forme est alors une préoccupation secondaire des concepteurs, il ne faut pas s'y tromper, le jeu est soigneusement conçu et son aspect attrayant n'est pas un coup du hasard. Alors si Nintendo, qui ne fait maintenant plus qu'un avec HAL, avait l'amabilité de les laisser mettre Kirby un peu de côté - le pauvre aura bientôt disparu tant sa boule de gomme aura été frottée - et de donner un coup de frein aux Mario Party pour redonner vie à des jeux intelligents, nous serions ravis d'étreindre affectueusement le petit Lolo. Moins de party, plus de lolo ! Indéniablement le slogan des joueurs intelligents.