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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE NINTENDO ENTERTAINMENT SYSTEM (8-bit)


Quoi ? Street Fighter 4 ? Pff ! Moi je dis: Street Fighter 2010 ! Carrément !

Street Fighter 2010

Street Fighter 2010

2010 ストリートファイター
 

 NES

Développeur:
Capcom

Editeur:
Capcom
Genre:
Action

Joueurs:
1P

Dates de sortie
08.08.1990 Japon
09.1990 USA
atroce Difficulté:

93%Graphismes
86%Animation
90%Son
85%Jouabilité
85%Durée de vie

80%80%

Si vous vous demandez quand, comment, vous avez pu rater près de deux mille suites à Street Fighter, rassurez-vous, vous n'avez pas perdu la tête, ou, manque de pot, vous n'avez pas échoué dans le futur: le "2010" du titre n'est pas une numérotation mais une année, et ce Street Fighter-ci n'a absolument rien à voir avec LE Street Fighter que nous connaissons tous. La tentation de créer une fausse association entre les deux jeux était tout simplement trop forte pour Capcom. Au Japon, même si c'est bien assez pour prêter confusion, cela se limite au design du titre. Aux Etats-Unis, ils ont voulu aller encore plus loin, pousser le malentendu à l'extrême en sous-titrant le jeu "The Final Fight" et en faisant passer le héros pour le Ken de Street Fighter.

Les deux gaillards sont blonds, hop, l'affaire est dans le sac. Quel culot ! Plus surprenant, on pourrait croire qu'une telle modification a été faite pour profiter du renom de Street Fighter II, mais, celui-ci datant de 1991, il n'était pas encore sorti et c'est en réalité avec le premier jeu, moins connu, que le rapprochement est fait. Dommage, hein, autrement ils auraient pu aussi essayer de faire passer le méchant de service pour Bison ! Plus sérieusement, on se dit que Bionic Commando aurait fait un candidat plus convaincant à pareille affiliation qu'un titre aux antipodes comme Street Fighter.

D'après le jeu, l'année prochaine, en 2010, des créatures parasitiques capables de fusionner leur corps avec celui de l'hôte pour considérablement augmenter leur puissance feront leur apparition. Et vous pensiez que la crise économique était ce qui pouvait vous arriver de pire ! Bon, ben, mieux vaudra rester chez soi jusqu'à ce que Kevin se montre. Kevin Striker, alias MX-5, c'est le nom du protagoniste dans le jeu original japonais, un officier de la police galactique et surtout un cyborg, un homme dans un corps de machine, ce qui pour une fois justifie les prouesses physiques qu'il accomplit.

Dans sa version américaine, Ken, lui, est un savant. Ah oui, tout à fait, on se disait bien en filant des pains dans Street Fighter que son approche avait quelque chose de scientifique ! Il a inventé un truc-bidule qui rallonge l'existence mais crée aussi des mutants, le Cyboplasme. Evidemment, celui-ci a été volé et son copain Troy, qui lui n'a pas fait carrière dans le jeu de combat, a été tué. Alors, Ken, assoiffé de vengeance, se lance à la poursuite du mystérieux tueur. Mais qu'est-ce qu'ils ont brodé sur le sujet nos amis américains, c'est fascinant ! Pour le test du jeu, on laissera tomber Ken, même si c'est son histoire à lui qui est mise en image dans les photos d'écran. Cela dit, ne faites pas l'erreur d'appeler Kevin Ken, ou il vous arrachera les deux bras d'un seul mouvement et vous n'auriez pas l'air très fin à courir et à hurler sans vos bras.

Mais ne vous inquiétez pas, Kevin a d'autres chats à fouetter et il va être très occupé à voyager sur 5 planètes pour éliminer la menace extra-terrestre. Il visitera brièvement des villes terriennes, un monde végétal et un grand désert (qui portent les noms de Dagobah et Tatooine dans la version japonaise !), une région aquatique et finalement une base spatiale. Street Fighter 2010 n'est pas un jeu ordinaire et son scénario très porté sur la science-fiction affecte aussi le gameplay. Comme un chasseur de primes, on a pour objectif d'abattre des cibles, des aliens infectés par les parasites. On est téléporté à proximité d'eux, dans de petites zones très différentes les unes des autres: cela peut aussi bien être un court niveau à scrolling qui nous conduit vers l'individu recherché, qu'un tableau de quelques écrans de large où celui-ci est déjà présent ou arrive peu après. La plus petite zone tient sur un seul écran !

En mourant, le ou les parasites, car ils opèrent parfois en groupe, libèrent de l'énergie que le cyborg doit absorber pour créer un portail temporaire vers la zone suivante. Il a juste dix secondes pour sauter dedans sinon son corps vole en éclats. Entre les deux zones, on traverse un passage intermédiaire, rien qu'un écran de décor psychédélique, vide ou habité, qui ne sert pas à grand chose si ce n'est à mettre habilement dans l'ambiance. Et ainsi se déroule tout le jeu, avec une cinématique très simple entre chaque planète. L'aspect que cette structure ramassée met largement en avant est bien entendu la confrontation avec la cible, de sorte qu'il n'y aurait pas de mal à dire que Street Fighter 2010 est une suite de combats de boss avec occasionnellement entre de brefs niveaux pour se dégourdir les jambes.

Deux traits particuliers, l'un très bon, l'autre très mauvais, achèvent de façonner son originalité. Street Fighter 2010 est un jeu incroyablement difficile, et ça, à moins d'être un hardcore gamer de chez hard, c'est son défaut. D'un autre côté, c'est aussi un superbe exemple de game design, un Capcom au mieux de sa forme sur NES qui s'est visiblement régalé à peindre des paysages extra-terrestres. Il faut voir à quel point les décors ont été fignolés, la richesse des dégradés de couleurs dans chaque scène, comment chaque pixel semble trouver la place qui lui convient, un vrai travail de fourmis ! Et puis le jeu est brillant de diversité, resservant très rarement les mêmes environnements et boss, pas plus d'une fois en règle générale. La brièveté de chaque zone est compensée par leur originalité, tout comme l'excellence du game design sert de motivation, encourage à persévérer face à la difficulté coup de poing.

Pourtant, même avec la meilleure volonté du monde et l'espoir de tous vos admirateurs pour vous soutenir, ce n'est pas le genre de jeu dont vous êtes près de voir la fin — si vous la voyez jamais. On a beau nous faire l'inestimable don de continus infinis, qui par dessus le marché permettent de reprendre à la zone même plutôt qu'au début de la planète, ce qui compte est de réussir à tenir les ennemis en respect et de vaincre les boss avec les cinq malheureux carrés de vie dont on dispose. Là résident la science et la résistance du jeu. Si Kevin est rapide, ils le sont aussi, avec des trajectoires qui les rendent plus faciles à percuter accidentellement qu'à détruire. De plus, les continus ne dispensent pas des recharges d'énergie, elles très rares, ni de la capacité à conserver ses power-ups. Sans eux, les coups sont beaucoup plus courts et c'est la croix et la bannière pour toucher sans se faire toucher.

Kevin Striker est un remarquable athlète, mais comme tous les hommes de son genre en jeux vidéo, le maîtriser est un défi à lui tout seul. Son coup de poing météore par exemple (hé ho, Seiyar !), que les power-ups permettent d'étirer tout au bout de l'écran, peut s'incurver en appuyant sur la direction vers laquelle il fait face, ou se transformer en coup de pied météore en appuyant sur le bas. Non, il ne peut pas se baisser, il a hérité des genous inflexibles de Mega Man et ce n'est pas le moindre des agacements. Par contre, il peut s'en servir à merveille pour effectuer des sauts et d'impressionnantes galipettes. En appuyant sur l'arrière juste après avoir sauté, il réalise un retourné, un backflip incroyable que certains power-ups vite perdus permettent de transformer en arme redoutable. Et il faut le voir s'accrocher d'une main sous les plates-formes, grimper sur les murs sans l'aide de ses jambes ou se catapulter dans les airs à la seule force de ses biceps !

Sa souplesse est vraiment exceptionnelle. Dans les mains d'un joueur expert, c'est un régal à voir. Dans les nôtres, peut-être moins habiles (encore qu'il y a certainement des génies du paddle parmi nos lecteurs... flatteur, va !), c'est déjà moins joli, et, distrait, on en vient alors surtout à remarquer les clignotements, les ralentissements. Le jeu n'est en effet exempt ni de l'un, ni de l'autre, et s'en donne à coeur joie dans le cafouillage visuel, comme souvent dans les jeux Capcom sur NES. Hé ! qui a dit de rayer la mention "Capcom" ? Malgré tout, cela impressionne moins que ses qualités esthétiques. Le son est d'excellente facture lui aussi. Parmi les musiques, il y en a qui rappellent les Mega Man mais en moins exubérantes, alors que d'autres font dans un registre dramatique beaucoup trop inquiétant pour le petit robot bleu.

Ce qu'il y a d'amusant au fond avec Street Fighter 2010, c'est qu'on pense bien à d'autres jeux Capcom en jouant, Mega Man, Bionic Commando, voire même à d'autres jeux NES, Blue Shadow, Batman, mais jamais, ô grand jamais, pense-t-on à Street Fighter. Une fois qu'on est parvenu à se rincer l'esprit de cet amalgame idiot, on peut apprécier le jeu pour ce qu'il est: un parcours du combattant terriblement dur mais tout aussi terriblement original. Même avec les profondes réserves que la première caractéristique inspire, il était impensable de ne pas récompenser ce joyau de game design par une bonne note. Il n'y a pas deux niveaux, parmi la vingtaine, qui se jouent exactement de la même façon. Les scrollings vont aussi bien dans le sens horizontal que vertical (sans parler de celui qui oscille), on se bat dans toutes sortes de situations contre toutes sortes d'ennemis. Avec son thème sérieux de science-fiction et son challenge pro, on pourrait le voir comme une version adulte de Mega Man en supposant que celui-ci est un jeu qui s'adresse aux enfants... mais j'y pense, en voilà un nom qui lui irait très bien, Mega Man 2010 !

(Psst, un cyborg très acrobatique, portant des lunettes noires, qui est chargé d'éliminer des cibles, ça ne vous fait pas penser aussi à un certain P.N.03 sur GameCube ?)

le 17 avril 2009
par sanjuro



Jeu testé en version américaine
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Version américaine



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