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Suppléments: | Les Huit Fins |
Neo Geo Développeur: Alpha Denshi Editeur: Alpha Denshi / SNK
Genre: Combat Joueurs: 1-2P Dates de sortie
11.09.1992 Japon
11.09.1992 USA 11.1992 Europe
bonne Difficulté:
88%Graphismes 89%Animation 90%Son 92%Jouabilité 84%Durée de vie 85%85%
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Quelle belle histoire que celle de World Heroes, le premier jeu de combat d'Alpha Denshi ! Des combattants célèbres de la Terre voyagent dans le temps pour aller se friter entre eux et décider quel est le plus grand héros de tous. L'heure est venue de régurgiter toutes nos leçons d'histoire (ou le peu qu'on en aura retenu) à coups de poing dans la cour de récré. D'abord, il y a Hanzo et Fuuma; le premier est en bleu avec une coupe en brosse, le second en rouge avec une crinière sauvage. Ceux-là, on les connaît moins, sauf si on a étudié au Japon ou si on a lu notre supplément sur Samurai Shodown. Ce sont des ninjas célèbres, Hattori Hanzō et Kotarō Fūma. A l'écran de sélection, ils ressemblent l'un comme l'autre, on ne se l'explique pas, à Eddy Mitchell. Plus prosaïquement, ce sont les obligatoires Ryu et Ken de World Heroes, de faux jumeaux qui ont beaucoup de similitudes mais juste assez de traits distinctifs pour les différencier. Comme les deux stars de Capcom, ils possèdent les trois coups emblématiques: la boule d'énergie, ici un shuriken qui a plusieurs formes, l'uppercut sauté, très joli enroulé dans un dragon, et l'attaque hélico, où tout le corps tourne. Pour Dragon, le personnage suivant, c'est l'histoire du cinéma qu'il faut connaître, ou alors le jeu éponyme de Virgin, sorti trois ans plus tard. Quel que soit le cas, on identifiera immédiatement Bruce Lee, le petit dragon. Ses mouvements, ses coups, que les films auront rendus célèbres, et même son cri, on ne peut pas se tromper, c'est bien lui. Il est aussi vif et dangereux que dans la Fureur de Vaincre. Avec Janne, on entre enfin de plain-pied dans l'histoire, la vraie, puisqu'il ne s'agit rien de moins que de notre icône nationale, Jeanne d'Arc ! Blonde comme le lys doré, elle porte épée et armure, telle qu'on la représente sur les statues, ce qui semble avoir aussi inspiré le personnage de la révolutionnaire Charlotte dans Samurai Shodown. La Pucelle d'Orléans est prête à en découdre avec les Anglais ! Malheureusement, ils sont absents du jeu, alors tant pis, n'importe qui d'autre fera l'affaire ! Il y a quelques références ténues au personnage historique. Par exemple, l'une de ses poses victorieuses consiste à lever le visage vers le ciel. Le suivant est un vétéran. Cela fait sept cent ans qu'il sévit, c'est Genghis Khan, le chef de l'empire mongol. Ici, il porte le nom de scène plus discret de J. Carn. On ne l'imaginait pas aussi patapouf, avec un derrière énorme qui lui sert à écraser ses victimes. Mais ce barbare dodu et casqué est aussi un guerrier efficace quand on s'en sert, grâce à ses mouvements amples. Il fait penser à Honda, de Street Fighter II, à Cheng, de Fatal Fury 2; c'est le gros bonhomme de service mais avec plus de souplesse dans la jouabilité. Son voisin lui nous ramène au présent, du moins le présent d'alors, 1992. Avec son crâne dégarni et sa moustache en barres, dite horseshoe, on reconnaît une vedette de la télévision: le catcheur américain Hulk Hogan, rebaptisé Muscle Power pour l'occasion. Sa panoplie de coups reprend celle de son sport, avec les suplex, coups de tête et autres. Le drapeau américain est ostensiblement imprimé sur son slip. Les Japonais aiment ce genre d'énormité. On les imagine hilares pendant que les Américains eux trouvent ça très patriotique. Les deux derniers combattants sont aussi très pittoresques. Le premier est un Allemand du nom de Brocker. Son uniforme est on ne peut plus clair, il s'agit d'un officier SS, d'un nazi. Mais ce n'est pas votre sale petit nazi commun de la Seconde Guerre ! Non, c'est un nazi cyborg, avec des membres métalliques extensibles et des bras armés, l'un d'un canon, l'autre de doigts-antennes électrifiés. Grâce aux réacteurs sous ses pieds, il peut même s'envoler. On avait déjà Ryu, Ken et Honda, lui ce serait plutôt Dhalsim. C'est aussi un bon exemple de steampunk dans un jeu vidéo. Le second n'est rien de moins que le moine russe pas si fou, j'ai nommé Raspoutine ! Le mystique a évidemment la peau dur et les attaques les plus impressionnantes du jeu, ses membres enveloppés d'énergie apparaissent gigantesques. Chacune de ses actions profite de ses pouvoirs, même en défense, où il crée une barrière inviolable. Mais c'est aussi un personnage un peu comique, World Heroes ne manquant pas d'humour, on l'a vu. Il fait voler sa robe comme un derviche tourneur (révélant un caleçon blanc et des jambes musclées), exécute des pas de danse cosaque et célèbre une victoire parfaite dans un bain de roses. Tels sont les huit combattants de base de World Heroes, et hormis le boss final, champion de morphing, il n'y en a pas d'autres. Cela en fait l'un des jeux de baston les moins bien fournis de l'époque. Il bénéficie d'une circonstance atténuante, il est vrai: sur Neo Geo, il n'est alors que le second jeu de combat un contre un après Fatal Fury. Le genre en était encore à ses balbutiements, et, on s'en rend bien compte, tous tenaient Street Fighter II comme le titre à copier. Le gameplay est ainsi assez direct avec tout de même une originalité au niveau des commandes: seuls trois boutons sont utilisés, un pour les prises et les autres pour les coups de poings et de pieds, la distinction faibles ou forts dépendant uniquement du temps de pression de ces deux boutons. L'idée n'est pas mauvaise, mais l'écart entre les dommages est tel qu'on se retrouve à donner des chiquenaudes si on ne fait pas attention. C'est également l'un des premiers jeux à proposer un mode Death Match. Son rôle cependant diffère de sa définition moderne. Tout, en fait, se déroule exactement comme dans le mode normal, mais au lieu des niveaux thématiques, on se bat dans des arènes piégées: certaines ont un sol miné et glissant, d'autres un grillage électrique ou enflammé, ou encore des pointes aux murs. Ca apporte un peu de variété mais pas beaucoup. A moins de savoir retourner la situation en sa faveur, se battre dans ces environnements périlleux n'est pas spécialement plaisant. Chose intéressante, il est possible de basculer d'un mode à l'autre après une défaite. Mais même sans cet extra, World Heroes est un jeu qui s'impose facilement auprès de son public. La jouabilité ne s'embête pas d'adjonctions inutiles et la prise en mains est naturelle. C'est de la baston des vieilles écoles, sans fioritures (zoom, combo, barres multiples et j'en passe). Il lui manque quand même la rigueur d'un Street Fighter: certaines attaques ne sont pas assez flexibles alors que d'autres au contraire semblent sortir trop facilement. Des petites choses ici et là. Mais Alpha Denshi sait compenser, par le graphisme ! Tous les personnages ont au moins un coup puissant, massif, qui en met plein la vue. Ils passent parfois très vite, comme les dragons quasi-subliminaux, mais ils sont bien réels ! Et puis il y a des showmen, comme Brocken ou Rasputin, dont chaque mouvement est presque un spectacle à lui seul. Alpha est plus téméraire esthétiquement que SNK. Leur character design est ouvertement fantaisiste et leurs personnages ne se contentent pas d'envoyer des vagues d'énergie avec leurs poings. En prime, World Heroes est aussi plus facile et donc beaucoup plus accessible qu'un jeu Alpha ordinaire. Cela surprend agréablement, et déroute un peu aussi. On se demande s'ils ne subissent pas l'influence bienveillante de SNK par moments. Mais l'influence est certainement mutuelle, et SNK aura aussi tiré des leçons de ce World Heroes, tel que le côté excessif, qu'ils mettront en avant plus tard dans certaines de leurs séries (Samurai Shodown, par exemple). Les niveaux de World Heroes ont aussi une longueur d'avance sur ceux de SNK, peut-être parce qu'ils sont exotiques et hétéroclites, SNK privilégiant les milieux urbains dans leurs productions d'alors. Tous ont un décor bien défini, voire incongru: Janne, allez savoir pourquoi, se bat au cirque ! On traverse aussi une base militaire en ascenseur, tente d'admirer une vue de New York grillagée, visite le beffroi d'une cathédrale russe et s'échange des baffes devant des tartares réunis autour de leur yourte. Ces environnements sont sobres; la foule y est absente, reléguée aux Death Matches. Leur secret vient peut-être de l'harmonie qui s'y crée. Harmonie entre cette sobriété et le rythme insufflé par les animations en arrière-plan et la musique, énergique comme de la Super Nintendo. Au niveau de Fuuma ou Dragon par exemple, les singes et les prêtres bougent presque en cadence avec elle. L'ambiance sonore est excellente grâce aussi à un bon usage des voix, très gutturales, et aux coups, efficacement marqués. Tout cela s'agrège pour donner aux combats une qualité inespérée. Il se produit des étincelles parfois, qui ne sont pas sans rappeler les joies de Street Fighter II, ce que finalement on attendait de SNK mais pas d'Alpha Denshi. Pour couronner le tout, la difficulté est bien espacée, du mode facile à MVS, c'est assez rare pour être souligné, et le joueur est récompensé par de vraies fins (à voir dans notre supplément). Ceux qui attendent avant tout de leur Neo Geo des expériences très arcade ne seront pas aussi satisfaits que les autres, pareil pour ceux qui privilégient l'abondance, mais le commun des joueurs, qui aime les plaisirs simples de la baston, y a trouvé et y trouvera son compte. Une minute pour vous parler en tête à tête. Je dois avouer qu'à l'époque, j'avais été insensible à ce premier World Heroes. Il m'avait paru incroyablement kitsch par rapport à ses camarades Fatal Fury et Art of Fighting. Le graphisme était vilain et grotesque, c'est comme ça que je le voyais. Je crois que cette fausse impression, qui m'a vite détourné du jeu, venait de l'apparence des deux héros ninjas et de l'aspect caricatural général. Le facteur cool était absent et c'est ce qu'on recherchait le plus alors dans les jeux de combat. Mes souvenirs m'avaient donc préparé à lui mettre une note moyenne. En y jouant pour ce test, j'ai finalement découvert un jeu assez classique mais sincèrement agréable, dans lequel il est plus facile de s'immerger que le premier Fatal Fury, qui imposait à la fois des restrictions et un nouveau système de duel. Les joueurs qui souhaitent commencer doucement avant de se lancer dans l'exploration du vaste monde de la baston sur Neo Geo trouveront en World Heroes des bases solides. Quant à son design pas toujours très attrayant, il est en fait assez représentatif du style singulier d'Alpha Denshi. Les rares humains de Magician Lord et Crossed Swords avaient eux aussi de drôles de visages aux formes pleines. L'ironie étant qu'avec le conformisme actuel qui règne dans le design de jeux, j'y vois désormais une qualité. le 24 septembre 2012 par sanjuro Jeu testé en version européenne
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