Certaines expériences tournent plus mal que d'autres. Celle-là a très mal tourné. 20XX = SLUM, comme l'explique ostensiblement la démo. A cause de cette expérience, en 2000 quelque chose (mais pas 2020, sot !), la ville n'est plus qu'une zone ravagée et dangereuse hantée par des groupes d'individus mutants. Le savant, clairement fou vu sa tronche, responsable de tout ce mal n'a pas payé pour son crime. Mais prends garde la science, il n'est jamais trop tard pour régler les comptes à tes mauvais calculs !
Allez savoir pourquoi deux jeunes hyper branchés et donc hyper ringards décident de faire de cette situation catastrophe leur croisade (peut-être que le chef des mutants est leur prof de bio ?), toujours est-il qu'un blanc et un noir costauds descendent dans les rues faire le ménage. Et ils balayent sec avec leurs poings et leurs pieds plus quelques coups spéciaux génétiquement modifiés. Les commandes ne surprennent pas, un bouton pour frapper qui sert pour toutes les formes d'attaque et un autre pour sauter. Mutation Nation s'abstient des techniques compliquées: un uppercut en combinant les deux boutons, prise et enchaînement auto, coups spéciaux qui varient selon l'une des quatre balles collectées, A à D, comme dans un shoot'em up et que l'on utilise en chargeant le bouton d'attaque. Il y a également un coup par défaut si aucune balle n'a été collectée qui consomme deux gros carrés d'énergie.
En face, les monstres n'ont pas eu autant de chance avec les mutations qui les ont rendu surtout très laids plutôt que forts. Les designers de SNK ont été assez inspirés sur ce coup avec des hommes à têtes de molusques, des hommes-coléoptères entrevus, des robots à l'apparence humaine, des rat-garous aux couleurs radioactives, et d'autres infortunés aux formes grotesques qui ont toutes leur chance dans le prochain Cronenberg. Dommage que tout ne soit pas si bon. Le jeu donne un peu l'impression d'avoir vidé ses munition dès le départ avec un premier niveau plus inspiré que le reste. Par la suite, on retrouve trop souvent les mêmes créatures, notamment l'humanoïde et l'homme-insecte. Les boss aussi sont sympas, très différents les uns des autres, mais par rapport au thème et aux autres monstres, ils manquent sans doute d'originalité.
Avec six niveaux assez courts, Mutation Nation est un petit jeu aux dimensions de l'arcade. La différence est qu'on peut choisir son mode de difficulté parmi quatre dont facile. Un mode bienvenu quand on connaît la difficulté des beat'em up et qui semble en effet bien fonctionner dans les premiers niveaux. Seulement, mode facile ou pas, les derniers sont vraiment coriaces, les ennemis communs sont nettement plus agressifs, et ce sont une fois encore les mains de l'expert qui en viendront à bout. Par exemple, le dernier niveau vous invite à affronter tous les boss l'un après l'autre avec pratiquement aucune recharge d'énergie. Heureusement, il y a toujours la possibilité de jouer à deux et, le cas contraire, de se servir des vies et continus, au nombre de trois, du second joueur.
La Rolls des consoles roule à vitesse de croisière avec Mutation Nation. On a vu mieux et plus impressionnant, mais on n'a pas à se plaindre non plus. Les graphismes sont très détaillés comme d'habitude. Les décors de fond sont riches avec beaucoup de choses à voir, souvent dans le style futuriste post-apocalyptique: voitures calcinées, buildings et salles détruits, souterrains complètement mécanisés. Le dernier niveau, un immeuble en ruine est un paysage savoureux. Des personnages sont moins réussis, les protagonistes surtout, mais aussi quelques monstres. Quelques petits effets sympas viennent se glisser ici et là, transformations, explosions, etc., hélas pas assez souvent pour être significatifs. Les musiques enfin sont bonnes, tout à fait dans le style de l'action.
A moins d'exposer la cartouche à du plutonium et d'obtenir quelques modifications de sa structure interne, Mutation Nation n'est pas un titre exceptionnel. C'est un "bon petit beat'em up", ce terme affectueux qu'on aurait envie de donner à une centaine de titres du genre. Il se démarque légèrement par son thème et son design, sans toutefois aller suffisamment loin dans une voie ou l'autre pour être remarquable. Vu que c'est un produit de bonne facture, avec une maniabilité conviviale, il laisse une bonne impression, mais un regret aussi, son mode easy mensonger, plus adapté aux mutants qu'aux humains sans doute.
le 6 décembre 2003
par sanjuro