Allô ? C'est la Mega Drive qui vous parle. Comme vous le savez peut-être, j'ai pris le contrôle du site, notamment pour me venger de la Super Nintendo et de sa représentation excessive sur 1UP. J'ai attaché et bâillonné sanjuro (le clown qui s'occupe du site normalement) et je l'ai jeté dans un placard, sous une grosse peluche Sonic. Comme ça il nous laissera tranquilles. Donc, à partir de maintenant, c'est moi toute seule qui écrit les tests et je vous promets une objectivité 100% Sega. A bas Nintendo !

Pour mon premier test, j'ai décidé en toute logique de vous parler de mon premier né, mon fils chéri, Super Thunder Blade. Le petit fête ses vingt et un ans cette année 2009, le 29 octobre ! Snif, j'en ai la larme à l'oeil. Comme il a grandi ! Comme il a mûri ! Trop mûri au point de pourrir aux dires de certains, mais nous y reviendrons. A sa naissance, il n'était pas seul, il avait un frère pas vraiment jumeau bien que né le même jour, Space Harrier II. Deux jeux 3D pour le lancement, on se croirait sur Dreamcast, pas vrai ? Croyez-moi, j'en étais pas peu fière de mes bébés. Le mois suivant, j'enfantais Altered Beast et celui d'après Osomatsu-kun: Hachamecha Gekijou, un jeu de plate-formes tiré d'un dessin animé.

Voilà pour l'année 1988, l'année de mon lancement, quatre jeux seulement, mais j'étais une jeune maman. Durant l'année suivante, toujours au Japon, j'accouchais d'une vingtaine de bébés puis d'une soixantaine celle d'après, une vraie petite lapine ! Super Thunder Blade, vous le savez très certainement, c'est un shoot'em up en fausse 3D à bord d'un hélicoptère qui donne son nom au jeu. Le moteur d'animation rappelle les classiques Out Run et Hang-On, les objets ne zooment pas mais se rapprochent par saccades, et d'ailleurs, comme dans ces deux titres, on commence par survoler une route bordée d'herbe verte fluo. Mais c'est surtout à Space Harrier qu'on pense, pour les déplacements, la dynamique, et même certains environnements.

Durant les années 80, les hélicoptères étaient très populaires. Ne me demandez pas pourquoi, je ne suis qu'une console, mais entre Tonnerre de Feu, Supercopter et les Mi-24 Hind de Rambo III, ils étaient partout. Peut-être la faute à Apocalypse Now en 79. Quoiqu'il en soit, Sega aimant bien les véhicules qu'ils soient voitures (Out Run), motos (Hang-on) ou avions (After Burner), il fallait bien que l'hélicoptère y passe à son tour, et c'est ce que se proposait de faire le jeu d'arcade.

A ce propos, puisque j'évoquais des films, il paraîtrait que Tonnerre de Feu (Blue Thunder en anglais) avec Roy Scheider et Malcolm MacDowell est le modèle de Super Thunder Blade, d'où certaines ressemblances avec l'appareil principal et même cet écran titre qui semble tiré d'une photographie. Quant à Rambo III, son hélicoptère vedette que je mentionnais plus haut et qui partage l'affiche du film avec Stallone, est l'un des ennemis courants de Super Thunder Blade. J'avoue que ce "Super" me fait un peu frémir, il me rappelle l'autre, là, vous savez bien, la rivale. Elle mettait des "Super" à tous ses titres de jeux, mais vous voyez, c'est moi qui l'ai fait la première ! Comme bien souvent, Nintendo m'a piqué mes idées.

Malgré son "Super", ce Thunder Blade correspond à la version arcade qui marchait au gasoil. Elle avait été aussi adaptée sur ma soeur aînée, la Master System, mais la pauvre étant de nature chétive, cela avait donné un shoot'em up à scrolling vertical ressemblant au Tiger Heli de Taito agrémenté de phases 3D convulsives (certains osent dire que cette version est plus réussie ! si je les attrape ceux-là...). Bon, je l'avoue, ma 3D n'est pas particulièrement impressionnante non plus, mais après tout, ce n'était là que mon premier jeu ! L'écran est très chargé, entre les immeubles et les ennemis, tous de grande taille, arrivant tassés comme des acheteurs un jour de solde, et défilant à un rythme pas très fluide — ne m'en veuillez pas de l'euphémisme.

Le gameplay se moule autour de cette animation tremblotante qui donne parfois l'impression d'être assis au bord de l'autoroute. Le résultat est qu'on joue un peu n'importe comment, en faisant tourner son hélicoptère dans le sens des aiguilles d'une montre, non pas pour savoir l'heure, mais pour éviter les tirs ennemis qui pleuvent constamment. Ca dure longtemps, très longtemps, et ça se renouvelle peu, très peu. L'addition de "très longtemps" et "très peu" donne généralement une somme négative, celle de l'amusement. Et en effet, on ne peut pas dire que Super Thunder Blade soit l'un de mes meilleurs titres. On se souvient surtout de lui pour avoir été le premier.

Il n'y a que 4 niveaux, ce qui est tout de même mieux que trois, deux, ou un, nous sommes d'accord. Le second et le quatrième stages sont de loin les plus durs, tandis que les autres sont abordables. Ce sont les obstacles qui rendent ces deux-là particulièrement difficiles. Les ennemis sont toujours un agacement, surtout lorsqu'une ligne d'hélicos vous bombarbe, mais quand en plus vous devez vous faufiler entre des pics et des ponts qui arrivent à toute allure, cela tourne vite au cauchemar; le caractère souffreteux de l'animation, une fois encore, n'aidant en rien. Aux deux tiers du niveau, chose curieuse, on vous balance un boss. Tout aussi curieux, à la fin du niveau, on bascule en vue de dessus, à la façon d'un shoot'em up vertical, pour survoler une forteresse flottante où l'on doit survivre plutôt que de la détruire. La maniabilité y est assez épouvantable, on ne peut que se déplacer latéralement et nos tirs sont très courts puisqu'ils tombent plutôt que de filer droit.

Ca me fait mal de le dire, après tout ça vient de mes entrailles, mais esthétiquement Super Thunder Blade n'est pas bien séduisant. Les décors surtout sont tartes, comme souvent dans ces jeux en fausse 3D. Par moments le manque de détails dans le graphisme le ferait presque passer pour un jeu Master System dont l'image aurait été gonflée pour s'accommoder de ma résolution plus large. Les sprites sont plus réussis, certains ont un petit côté cel-shading avant l'heure pas déplaisant, seulement ils passent si vite que vous n'aurez le temps de les voir que dans nos photos d'écran (oui, j'ai posé nue). La musique est très vite oubliée elle aussi, mais pas les bruitages. Ceux-ci sont tellement mauvais et assommants qu'ils résonnent dans la tête comme un coup de gong même une fois qu'on m'a éteinte.

Voilà, je suis une console honnête, même si Super Thunder Blade est mon petit bébé de 20 ans, je n'ai pas essayé de vous cacher la vérité sur ce jeu très médiocre. Si j'avais menti de toute façon en disant que c'est fantastique, ce sont mes autres enfants, mes chérubins beaux, intelligents et nombreux qui auraient souffert du mensonge. Super Thunder Blade aura au moins le privilège éternel de demeurer mon premier jeu et celui à avoir pris le titre de "Super" avant l'autre gourde, là-bas, à Kyoto. Et à ce propos, un petit message avant de nous quitter.

Désormais, mes jeux sortent sur la Wii. J'en frémis d'horreur. Je sens la froide lame de métal percer ma coque noire, s'insérer sous elle pour aller couper ma chair, crever mes organes et libérer des flots de sang. On m'assassine, on tue Sega une seconde fois ! Vous aussi boycottez cette console débile fabriquée par les mains tordues et velues de ces démons d'Oni-ntendo et tournez-vous vers le retrogaming pur et mûr, celui que l'on reconnaît par son matériel d'origine. Merci de m'avoir entendue, c'était la Mega Drive.

Jeu testé en version européenne

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