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Mega Drive Développeur: Sega Editeur: Sega
Genre: Action Joueurs: 1P Dates de sortie
25.11.1989 Japon
1989 USA 1990 Europe
très dur Difficulté:
69%Graphismes 82%Animation 70%Son 72%Jouabilité 60%Durée de vie 67%67%
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A priori, Mystic Defender pourrait être un jeu d'action quelconque sur Mega Drive, ce n'est pas la note que nous lui donnons qui inciterait à penser le contraire. Mais l'histoire des jeux vidéo est un peu comme un grand puzzle dont chaque pièce est elle-même un petit puzzle, aucun jeu n'est vraiment "quelconque", tous ont des origines, qu'il faut parfois chercher. Dans le cas de Mystic Defender, on peut déjà noter qu'il fait partie des premiers jeux de la console, sorti l'année après son lancement au Japon et dans les semaines suivantes ailleurs, c'est un jeu bien dans la veine des Revenge of Shinobi, Strider, Golden Axe: héros élancé, hordes de monstres, attaques et magies puissantes, et boss impressionnants. Si dans le titre japonais figure un "2", c'est parce qu'il est en fait la suite d'un jeu Master System assez connu, Spellcaster. Pourquoi Sega, en Occident, a préféré dissocier les deux jeux ? On n'en sait rien. Toujours est-il que notre héros qui s'appelait Kane dans Spellcaster s'appelle désormais Joe Yamato. Pourquoi les héros de Sega ont tendance à s'appeler Joe (cf. Shinobi) ? Ca aussi ca restera un mystère. Sa physionomie n'a pas changé, et rien qu'à cause de cela il est facile de lier les deux jeux. Mais cela va encore plus loin, ces deux titres sont unis pour une autre raison, ils sont adaptés d'un manga. On vous a bien dit qu'il s'agissait d'un puzzle. Le manga en question est Le Roi Paon par Makoto Ogino. Ne vous tracassez pas si vous n'en avez jamais entendu parler, il n'a jamais été traduit et seul l'anime existe en anglais. Le manga se divise en trois séries qui ont été dessinées durant chaque dernière décennie. La première a vu le jour en 1985 et s'est conclue en 1989, quand ce jeu Mega Drive est sorti, c'est donc celle qui lui sert de modèle. Bien entendu, à l'époque étriquée à laquelle nous vivions, en particulier aux Etats-Unis, Sega n'avait aucune intention de souligner le fait que le jeu avait un rapport avec les bandes-dessinées japonaises dont, de toute façon, personne ne se soucie, à part ces gosses bizarres trop bien informés que tout les publicistent détestent. Alors non content d'avoir renommé Kujaku, Joe, et d'avoir fait subir le même sort à d'autres personnages, ils firent modifier son costume. Fini la robe de moine Kōya Hijiri, il porte désormais un costume "quelconque" de héros, ce qui retire son sens au jeu. En effet, dans la version américaine de l'histoire, Joe est un "combattant aguerri expert en magie" qui doit délivrer Alexandra, la fille d'un dieu, retenue prisonnière au Japon dans le château d'Azuchi par Zareth qui veut se servir de son esprit pour ranimer son maître, Zao. Beaucoup de noms propres, peu de scénario, et surtout cette idée stupide d'avoir remplacé ce moine bouddhiste lancé dans une croisade infernale par une description "quelconque". Oui, grâce à ce travail d'asepsie, le mot trouve une place. Le fait qu'il s'agisse d'un moine justifie son style de combat, on voit qu'il n'utilise pas simplement de la magie mais qu'il joint les mains comme dans une prière, produisant des halos d'énergie. L'icône qui représente l'attaque de base est un vajra, un instrument du culte bouddhique. Le style de combat est assez particulier puisque Joe/Kujaku peut charger chacun de ses trois tirs, c'est même indispensable pour deux d'entre eux qui ne produisent aucun résultat autrement. Boules d'énergie, d'autres rebondissantes et un jet de flammes seront vos atouts pour vous tailler un chemin au milieu des monstres. La tâche sera ardue, les ennemis ont une fâcheuse tendance à réapparaître si vous vous éloignez ne serait-ce qu'un petit peu du bord de l'écran d'où ils arrivent. Cela oblige à aller toujours de l'avant, avec des pas mesurés pour pouvoir charger son tir. Ce n'est pas le genre de jeu où vous pouvez avancer tête baissée, ou vous ne tarderez pas à la voir rouler devant vos pieds. Oups, ce n'est pas la vôtre, mais celle d'une des monstruosités du second niveau. Le jeu est assez sombre et violent, ce n'est quand même pas Splatterhouse. Encore que... quand on voit ces grands poupons dodus, toujours dans le second niveau, éclatés en une masse de chair difforme et continuer de ramper grotesquement sur le sol, on se dit que papa Namco serait fier du fiston Sega. C'est en vérité l'atout majeur de ce Mystic Defender. Il est loin d'être un jeu réussi et agréable à jouer, mais visuellement il est très créatif, sans doute grâce à ses origines manga. Pour être précis, ce ne sont pas les décors, assez minimalistes, qui valent le coup d'oeil, mais, vous l'aurez compris, les monstres. Il y a par exemple un ennemi récurrent, qui apparaît pour la première fois comme boss dans ce fameux second niveau. Vêtu d'une robe marron, il ressemble à un moine chrétien du moyen-âge, si ce n'est... qu'il porte un masque d'argent, que ses yeux sont rouges et qu'à l'occasion il se transforme en une bête épouvantable à quatre pattes (non, pas un caniche). Il a d'autres tours dans son sac qui ne manquent pas de surprendre. Mystic Defender mérite l'attention du retrogamer ne serait-ce que pour son bestiaire et son atmosphère diaboliques, cependant, cela aussi est loin d'être parfait. Les deux premiers niveaux sont prometteurs mais d'une brièveté désarmante, on se demande quel est l'intérêt de faire des niveaux aussi courts où même les boss et demi-boss crèvent comme des mites. Le quatrième niveau, avec ses boyaux qui baignent dans de l'urine (ou de la bile, en tous cas c'est jaune), fait lui aussi partie des bons niveaux, et il a le mérite d'être plus long ! Malheureusement, son problème à lui, c'est d'être le niveau le plus pénible, une sentence de mort avec ses passages très frustrants au milieu. C'est le niveau où l'on coince, les autres étant généralement une question de savoir prendre son temps. Le troisième niveau donne lieu au septième; c'est plus long, il y a un nouveau monstre, une grosse larve qui ressemble à un cerveau en putréfaction, de vert et bleu on est passé à rouge et vert, mais à part ça c'est le même genre de niveau, fortement inspiré de l'architecture du film Alien; ça colle assez mal avec le reste, un peu trop futuriste. Le cinquième niveau est intéressant du point de vue du contenu, puisque c'est le repaire des moines fous furieux; le reste manque toutefois d'inspiration, en particulier ce décor de fond qui ne change pas du début à la fin. Quand aux deux derniers niveaux, c'est le parent pauvre des graphistes. C'est moche et ça ne ressemble à rien. Le huitième, qui ne dure que quelques pas jusqu'au boss final, un grand morceau de guimauve, n'est que la continuation du précédent. C'est un peu la farce de la belle blonde qui tombe dans l'escalier. Mystic Defender est l'exemple typique du jeu avec un style séduisant qui se gaufre parce que, pour une raison ou pour une autre, les concepteurs n'ont pas réussi à créer un résultat à la hauteur de l'imagerie. Il ne lui reste que des admirateurs pleurnicheurs ou rêveurs. Franchement, quels atouts a-t-il autre que son ambiance horrifique ? La jouabilité n'est pas fameuse, la difficulté est très mal équilibrée, les monstres qui reviennent sans cesse sont énervants au possible, l'animation manque de fluidité, la musique a une ou deux exceptions près est braillarde. Il n'y a que la nostalgie pour lui prêter des qualités qu'il ne possède malheureusement pas. Mais il ne faut pas sousestimer le style ! A lui seul, même le plus anecdotique des jeux peut prendre une dimension insoupçonnée et gagner des joueurs ce que d'autres jeux donneraient cher pour obtenir: du respect. le 28 septembre 2007 par sanjuro Jeu testé en version européenne
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