Comme l'année 2002 était celle de l'homme-araignée, il paraît que 2003 sera celle du géant vert. Mais non, pas celui qui se promène dans les champs de maïs en s'exclamant "oh, oh, oh" (sweet 80's), mais celui qui attrape les méchants en leur broyant les os et en s'écriant "grum harr beuar !!". Enfin, tout ça au ciné, parce que le héros plus-vert-que-moi-tu-pousses a déjà tout cassé sur Megadrive. Quand le cinéma a un métro de retard sur les jeux vidéo, ça donne Hulk (notez que c'était la même chose pour Spider-Man, huh !).
Incroyable Hulk ! Pour les fans de comics, Hulk est un super héros comme un autre aux côtés de stars Marvel telles que Captain America, le Surfeur d'Argent ou Thor; pour monsieur tout le monde, Hulk restera sans doute cette sympathique série télé avec Bill Bixby dans le rôle de l'homme et Lou Ferrigno dans celui de la bête (re-sweet 80's). Pour les autres enfin, ceux qui ont raté les sweet 80's et ne sont pas nés d'aujourd'hui, Hulk leur rappellera peut-être ce jeu Megadrive. A condition quand même d'avoir été accroc, car ce Hulk sur Megadrive n'a guère de quoi marquer les mémoires.
Si ce n'était son personnage principal et ses gros biceps verts qui lui valent quelques idées amusantes mais hélas trop rares, on serait tenté de le définir comme un banal jeu d'action. Pas toujours linéaire mais bien trop souvent ennuyeux. Les niveaux manquent autant de style que d'inspiration, on passe son temps à monter des échelles, prendre l'ascenseur et taper sur des ennemis aussi identiques que des robots (qui d'ailleurs sont des plus communs). La laideur générale n'aide pas non plus à s'immerger. Les graphismes ne sont pas si mal fichus, mais leur manque de vie, leur trop grande répétitivité et une énorme faute de goût les rendent vite déplaisants. Ils ne s'accordent pas du tout avec la BD, certains éléments tels que des ennemis et des statues semblent avoir été partiellement digitalisées, malheureusement ça n'est pas approprié. Les jeux Spider-Man ont mieux saisi l'esprit Marvel.
Cela est valable aussi pour le déroulement du jeu. Après avoir tapé sur son quarantième robot et entré dans son vingtième couloir on se dit que décidément les concepteurs ont raté quelque chose. Tous les niveaux sont bâtis sur le même modèle. Si encore ce modèle était intéressant... mais il est loin de l'être et se compose du même genre d'errance ponctuée d'un ou deux croisements, de leviers à baisser, d'un passage secret étroit fait pour l'homme et de la rencontre de deux boss, le premier étant toujours le même. Allez comprendre... Entre chaque niveau, un écran fixe qui mérite bien le qualificatif de "merdique" (cf. niveau 3-4, un écran tout blanc: "Hulk est ébloui" - sans commentaire), tente de nous rappeler qu'il s'agit là d'une BD.
En plus, c'est dur: les ennemis sont résistants. On se demande à quoi ça sert alors d'être si grand, si fort et si vert de rage, quand bien même chaque tir vous fige sur place et qu'une demi-douzaine de coups de poing est nécessaire pour casser de la ferraille ou aplatir un idiot en jupette. Qu'est-ce qui pourrait bien nous sortir de ce miasme sinon la poigne d'acier de Hulk ? C'est bien lui en effet qui sauve la mise. A l'inverse des ennemis plutôt ratés, le sprite de Hulk est beau et impressionnant car riche en animations. Il faut le voir crier sa fureur face au joueur ou hurler de douleur lorsqu'il perd ses pouvoirs. Lorsque sa barre d'énergie atteint son niveau minimum, il reprend sa forme humaine et est alors extrêmement vulnérable, plus encore qu'on ne le serait réellement, le moindre tir le tue net et sa seule défense est un pistolet laser à deux coups. Il peut aussi ramper, ce qui, en dépit de toute forme de bon sens, le protège contre n'importe quelle attaque et lui permet de trouver des cachettes !
Inutile de préciser qu'on se sent plus à l'aise dans le caleçon du haricot vert, il dispose d'une bonne palette de coups, qui étonnent toutefois par leur faiblesse, avec laquelle il peut frapper, projeter, piétiner, broyer, mettre en boule (!) ses ennemis. Certaines techniques ne peuvent cependant être exécutées qu'à un moment précis, lorsque Hulk a ingurgité une pilule bicolore qui accroît ses capacités. Le personnage de Hulk a été soigné, on le voit bien à des détails comme par exemple le bruit à chaque fois qu'il retombe. Question bruit, la musique s'y pose plutôt que de s'y imposer; fade et pauvrette, elle est en adéquation avec les niveaux insipides.
Avec sa transformation tape à l'oeil et ses manière bourrines, Hulk est un personnage qui se prête bien à l'action des jeux vidéo. Malheureusement, non content de ne pas avoir du tout saisi l'esprit du comics, US Gold nous sert un jeu manquant cruellement d'attrait. Il n'est pas mal réalisé, aucun défaut technique flagrant, mais il souffre d'un mauvais style. Un peu comme si d'honnêtes ouvriers avaient exécutés la construction d'un mauvais architecte. Bref, si vous avez raté The Incredible Hulk sur Megadrive, vous n'avez pas raté grand chose.
le 6 décembre 2003
par sanjuro