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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SEGA MEGA DRIVE (16-bit)


Les lecteurs de 1UP ont parlé ! Et ils ont choisi:

Castle of Illusion starring Mickey Mouse

Castle of Illusion starring Mickey Mouse

アイラブミッキーマウス ふしぎのお城大冒険
(I love Mickey Mouse - Fushigi no Oshiro Daibouken, trad: "La Grande Aventure du Château Mystérieux")
 

 Mega Drive

Développeur:
Sega

Editeur:
Sega
Genre:
Plates-formes

Joueurs:
1P

Dates de sortie
21.11.1990 Japon
1990 USA
1990 Europe
bonne Difficulté:

92%Graphismes
87%Animation
91%Son
93%Jouabilité
90%Durée de vie

90%90%

I only hope that we don't lose sight of one thing —
that it was all started by a mouse.

Walt Disney


Pour effectuer subtilement la transition d'un héros vieillissant (Alex Kidd) à une nouvelle mascotte cool et impétueuse (Sonic the Hedgehog), Sega eut recours à un intermédiaire externe, un professionnel respecté avec soixante ans d'expérience et un dossier irréprochable: Mickey M. On ne lui demandait pas grand chose, tout juste de tenir occupés les joueurs — et les amoureux de jeux de plates-formes en particulier — pendant la période d'ajustement. Mais monsieur M n'étant pas réputé pour faire les choses à moitié, il apparut dans trois jeux, trois bombes, sur autant de consoles Sega différentes, provoquant l'admiration égale des joueurs et des critiques. L'opération Castle of Illusion avait été un succès total.

La version Mega Drive et la version Master System virent le jour à peu près en même temps, en hiver, pour nous tenir chaud et remplir la hotte du Père Noël. Alors qu'elle pourrait passer pour une conversion de la première, Castle of Illusion 8 bits est en réalité un jeu à part entière avec ses propres atouts. Sur 16 bits, Mickey fut lui l'une des cartes maîtresses du lancement français de la Mega Drive. Il jouissait d'un avantage important par rapport à ses autres jeux: il venait tout juste d'arriver au Japon. Entre la sortie de la console sur l'archipel et dans l'hexagone, deux ans s'étaient écoulés, et, exception faite de Castle of Illusion, les jeux qui allaient sortir étaient déjà anciens, accusant leur âge, en particulier du point de vue visuel. Cette différence permit, de manière fortuite, de mettre en valeur la primeur et la beauté des aventures de Mickey.

La beauté justement est l'un des thèmes du scénario. L'affreuse sorcière Mizrabel a kidnappé la souris Minnie, la gentille compagne de Mickey, afin de lui voler sa beauté, opération dont Minnie ne devrait pas ressortir indemne. Bien sûr, c'est surtout un prétexte pour visiter le Château des Illusions, où elle la garde prisonnière, mais pas seulement ! Nous y reviendrons en fin d'article avec quelques observations sur le dénouement de l'aventure. Mickey doit retrouver des joyaux aux couleurs de l'arc-en-ciel qui lui permettront d'accéder à la tour de Mizrabel. Ils sont au nombre de sept et sont cachés dans des salles très fantaisistes, de toute évidence les fameuses illusions qui donnent leur titre au jeu.

Il n'y a cependant pas autant de niveaux qu'il y a de pierres précieuses: on en traverse cinq, chacun avec son boss, les deux derniers contenant simplement deux pierres au lieu d'une. Ils peuvent se le permettre; plutôt que d'être un seul long parcours, chaque salle est en fait un assemblage de niveaux de moyenne longueur très différents les uns des autres, soit par le graphisme, soit par le gameplay. Cela permet de garder le joueur en éveil et intéressé car il n'a jamais l'impression de rester trop longtemps au même endroit. Les habitués de la version Master System seront quand même tentés de faire deux reproches: qu'à l'inverse de celle-ci, on ne puisse pas choisir l'ordre des niveaux, et que leur thèmes sont moins bien définis.

C'est vrai en particulier pour le troisième niveau, dont le motif récurrent est l'eau, sans qu'on saisisse bien ce qui relie une scène à l'autre, ainsi que pour le dernier, qui aurait bien mérité d'avoir ses passages dans le château et entre les rouages séparés en deux niveaux distincts. Les autres sont, dans l'ordre, la forêt, le monde des jouets et le salon, dont les grandes lignes servent aussi au Castle of Illusion de la Master System. Tous sont splendides, ce qu'on avait vu de plus beau à l'époque sur cette console, avec néanmoins quelques inévitables réserves sur les surfaces répétitives et la simplicité de certains décors. Il y a des inégalités, le superbe paysage sucré de la bouteille de lait côtoie des cavernes à la pierre photocopiée, car, aussi beau soit-il, il date de 1990 et aura été à son tour dépassé graphiquement par d'autres jeux Mega Drive.

D'une certaine façon, l'animation est un autre exemple de cette magnificence imparfaite. Il n'y a quasiment rien à lui reprocher, tout est fluide, la vitesse est constante, l'eau, qui est représentée sous des formes diverses (vagues, marée, filet, cascade...), est bien rendue. Les plans sont peu animés, mais c'était assez prévisible. La seule chose qui coince, c'est le cas de le dire, est la façon de marcher de Mickey. On dirait qu'il ne sait pas mettre un pied devant l'autre, et quand il court, ses grandes jambes le font ressembler à la souris Mortimer. Ce n'est qu'un détail bien sûr, on finit par passer outre, mais à ce niveau ce genre de détails ont de l'importance. Les autres ennemis, eux, n'ont pas ce problème, peut-être parce que leur animation est plus simple.

Un mouvement que Mickey réalise à la perfection est le coup de postérieur (ou "coup de cul mortel", sans l'auto-censure). Cela tombe bien parce que c'est l'attaque qu'il utilisera le plus souvent, un saut qu'une seconde pression de bouton change en frappe écrasante et qu'une troisième, bien placée, renvoie en super rebond pour atteindre des plates-formes haut perchées. Tout une gymnastique ! Il peut aussi lancer un objet, qui varie selon les niveaux, mais les quantités sont si limitées que ce n'est pas une arme sur laquelle il faut compter. Pourtant, avec les recharges d'énergie, c'est la seule raison que le joueur a de se donner la peine de dévier du chemin vers la sortie pour explorer et chercher. Il risque d'être déçu, car Castle of Illusion n'est guère un jeu à secrets.

C'est l'une des principales objections qu'on peut lui faire, qui le différencie notablement de la version Master System avec ses coffres invisibles, ses passages à demi-cachés, et le rapproche au contraire de sa suite, Quackshot. Quoi, Quackshot la suite de Castle of Illusion ? Allons donc s'exclame le lecteur indigné, la souris se serait-elle changée en canard ? Ma foi non, mais au Japon, ils forment une trilogie, comme les Magical Quest de Capcom, connue sous le nom de "I Love...": I Love Mickey Mouse (Castle of Illusion), I Love Donald Duck (Quackshot) et I Love Mickey & Donald (World of Illusion). On sent bien que c'est la même équipe qui a réalisé les deux premiers. Sur Mega Drive, Castle of Illusion et Quackshot partagent ce game design très beau mais un peu terre à terre, plus intéressé par la variété de scènes que par les choses cachées et une structure cohésive, qui les apparente finalement plus à des jeux d'action qu'à des jeux de plates-formes comme on les imagine.

Cela recoupe avec certaines remarques du test de Quackshot. A la différence près que Castle of Illusion fonctionne mieux, peut-être parce que la difficulté est plus adroitement échelonnée et que sa simplicité le sert bien; il est très agréable à jouer d'une traite, on se laisse prendre au jeu comme devant le spectable d'un illusionniste. Ils sont moins au fond les victimes d'un défaut que d'un choix organique, sujet aux sensibilités et aux points de vue de chacun, le nôtre étant qu'il empêche ces deux jeux d'atteindre un haut degré d'excellence. Mais la variété des scènes a aussi du bon, naturellement.

Chaque niveau renferme son lot de surprises: la grosse pomme roulante et les fantômes de la forêt, la redescente forcée et la vue renversée, pieds au plafond, chez les jouets, les dédales aquatiques et les dangers de noyade des douves, les cordelettes de lampes qui servent à se balancer et les récipients qui renferment des mondes cachés dans le salon à taille humaine (rappelant que Mickey n'est qu'une souris), les pièges impromptus et les mécanismes branlants derrière la dernière porte. Les auteurs n'ont pas manqué d'imagination. Pour la musique, ils ont fait appel à un vieux camarade, Bo, dont nous vous avons souvent parlé dans les tests Master System. C'est lui aussi d'ailleurs qui a composé la musique de la version 8 bits et l'on trouve par conséquent de nombreux morceaux en commun, généralement les thèmes principaux.

On pourrait supposer que dans ce domaine la Mega Drive fait aisément de l'ombre à sa petite soeur, et pourtant... Les musiques de Castle of Illusion sur Master System sont parmi les meilleures de la console, elle dont le son semblait un peu l'incorrigible point faible. On ne peut quand même pas pousser l'éloge aussi loin avec les musiques sur Mega Drive, car si la plupart sont très bonnes, quelques-unes sont moins recherchées, au point de faire un peu regretter l'orchestration de la version 8 bits. Mais il y a quand même et surtout de formidables moments de bravoure: la bouteille de lait sur un air de Charleston alarmé, la valse enlevée de l'intro qui donne envie de s'élancer en tournoyant dans sa chambre et puis la cadence énergique qui règle les combats de boss, où l'on retrouve le Bo virulent de Phantasy Star. Avec vingt-cinq morceaux de longueur variable, la Mega Drive dispose aussi de la force du nombre.

La conclusion du jeu est tout à fait intéressante. Premier point, un fait qui est souvent omis, pour ne pas dire ignoré: le personnage de Mizrabel n'a pas été spécialement créé pour le jeu, il s'agit en fait de la sorcière du premier film d'animation Disney, Blanche Neige et les sept nains de 1937, produit par Walt Disney en personne. Dans celui-ci, la sorcière n'est qu'un déguisement de la reine, personnage vaniteux et narcissique, qui est prise d'une jalousie meurtrière quand son miroir magique lui apprend que la beauté de sa belle-fille, Blanche Neige, surpasse désormais la sienne. Lors du combat final de Castle of Illusion, Mizrabel change d'apparence et prend en effet les traits de la terrible reine.

L'histoire même est dérivée de celle de Blanche Neige puisque la sorcière jalouse et envie la beauté de Minnie. Il y a aussi le premier niveau, qui se déroule dans une forêt et où on lance des pommes, sans doute un autre clin d'oeil aux décors sylvestres du film et à son fruit empoisonné. Voilà pour les références, mais les auteurs ont également leurs propres idées. Le but de Mizrabel, comme nous l'apprend au début du jeu le petit vieux sur le seuil du château, est d'échanger son apparence avec celle de Minnie. Ce n'est pas tout à fait logique mais peu importe, ce qui compte, c'est qu'en intervenant, Mickey interrompt l'enchantement: Minnie n'est pas changée mais Mizrabel reçoit bien sa beauté ! Regardez les images (celle-ci et celle-là), Mizrabel a désormais les traits de Minnie.

Que fait-elle alors ? Elle aide Mickey et Minnie à s'enfuir ! Pourquoi ? Et c'est là le point intéressant, la jolie morale de l'histoire qui est laissée à l'entendement des joueurs: Mizrabel a hérité de la beauté de Minnie, de toute sa beauté, autant extérieure qu'intérieure, c'est à dire aussi de sa bonté et de sa gentillesse. Voilà pourquoi, désormais devenue une bonne personne, elle les ramène chez eux. Une courte fin charmante, tout à l'honneur de l'équipe de Sega. Castle of Illusion, sur n'importe quelle console, est un jeu fantastique. Ce thème mystérieux des illusions lui réussit à merveille et est à l'origine d'un envoûtement qui opère mieux que dans les Magical Quest de Capcom, pourtant excellents. Il faut bien admettre que techniquement il a un peu vieilli, mais pour le reste, rien à redire: même en jeu vidéo, Walt Disney aurait été fier de son Mickey Mouse.

le 12 juin 2009
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
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