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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE SEGA MEGA DRIVE (16-bit)


Un robot-alien a un rencard et ce n'est pas 48 niveaux qui l'arrêteront.

B.O.B.

B.O.B.

スペースファンキー ビー・オー・ビー (Space Funky B.O.B.)
Suppléments:

Plan des Trois Planètes

 Mega Drive

Concepteur:
Gray Matter

Développeur:
Foley Hi-Tech Systems

Editeur:
Electronic Arts
Genre:
Action

Joueurs:
1P

Dates de sortie
19.11.1993 Japon
1993 USA
07.1993 Europe
trop dur Difficulté:

75%Graphismes
82%Animation
81%Son
76%Jouabilité
84%Durée de vie

73%73%
Trucs et astuces

Mots de passe:

Voici tous les mots de passe de B.O.B pour chacune des trois planètes. Chose intéressante, tous ces codes fonctionnent aussi avec la version Super Nintendo !

Niveau 1-1: 171058
Niveau 1-2: 950745
Niveau 1-3: 472149

Niveau 2-1: 672451
Niveau 2-2: 272578
Niveau 2-3: 652074
Niveau 2-4: 265648
Niveau 2-5: 462893
Niveau 2-6: 583172

Niveau 3-1: 743690
Niveau 3-2: 103928
Niveau 3-3: 144895
Niveau 3-4: 775092
Niveau 3-5: 481376

B.O.B. est un adolescent comme les autres. Sauf qu'il y a des points entre les lettres de son nom, comme s'il s'agissait d'une abréviation. Si c'en est une, la signification en a été perdue depuis longtemps. En tout cas, il faut l'appeler Bé-o-bé, et non pas Bob, ni Bobby, encore moins Robert, Bobo ou Robot, auquel il ressemble d'ailleurs. Mais pour faire simple, nous l'appellerons quand même Bob durant ce test. Voilà. Nah.

Bob, donc, est un adolescent comme les autres. Il écoute à peine ses parents lorsqu'il prend, un soir, la tire du paternel pour aller à un rencard. "Ouais, ouais. Mm-mmm. (Cause toujours tu m'intéresses)" Enfin il s'échappe. Il roule à toute allure sous les étoiles, prenant ses virages serrés. Trop serrés, car tout d'un coup, c'est l'accident ! Il rentre dans un rocher. La voiture est bousillée et tombe dans le vide, boum, sur une planète hostile. C'est ce qu'on appelle une soirée ratée !

Précisons tout de même que, si Bob est en effet un adolescent comme les autres, c'est aussi un extra-terrestre.
Précision importante, me dit-on ! Comment ? Ce n'était pas clair ? Bon, reprenons depuis le début alors.

Bob (toujours lui) est un extra-terrestre comme les autres adolescents. Pendant que son papa l'abreuve de mises en garde en remuant ses antennes sur le seuil de leur space-mobile-home, lui est déjà dans la voiture volante pour partir à un rendez-vous. Il s'envole dans l'espace, zigzaguant insouciamment entre les astéroïdes. Mais soudain, c'est la collision ! La voiture tombe, détruite, et Bob avec, sur une planète peuplée d'aliens inhospitaliers. Heureusement, Bob ne sort jamais (même pour un flirt) sans son canon laser. Avec les trois mondes qui le séparent de sa nana, il aura le temps d'en faire bon usage.

B.O.B. était dès le départ un jeu multi-supports. Ce n'était pas aussi fréquent à l'époque que cela l'est aujourd'hui. Le concept en était encore à ses balbutiements mais était déjà une stratégie privilégiée par les Anglo-Saxons (Virgin, EA, THQ, Acclaim...). Moins de créativité, plus de fric ! Tout un état d'esprit. B.O.B. sortit donc quasiment en même temps sur Mega Drive et Super Nintendo et sur les trois marchés mondiaux. Les deux versions sont identiques (jusque dans leurs mots de passe !), chacune évidemment s'adaptant un peu aux capacités de sa machine. Mais pas beaucoup.

Quelle est la meilleure des deux versions ? Inutile de créer le suspense, nous pouvons répondre tout de suite: la plus belle est celle de la Super Nintendo, mais la meilleure est celle de la Mega Drive, qui est plus accessible, autant en termes de difficulté que de gameplay. Mais attention, cela ne veut pas dire pour autant que cette version soit facile, ou réussie !

Bob traverse une succession de niveaux labyrinthes entrecoupés de combats de boss et de courses de fusée, elles aussi dans des dédales de couloirs et pas folichonnes. Le dos de la jaquette parle de plus de 45 niveaux, il y en a exactement 48, tout compris. Ils sont répartis sur trois planètes, où c'est l'occasion de renouveler décors et ennemis, mais pas le gameplay, immuable du début à la fin. Quand vous aurez fini la première, ne vous attendez pas à jouer à quoi que ce soit de neuf dans les suivantes, c'est tout pareil. Niveau, fusée, boss — le métro, boulot, dodo de l'espace.

Heureusement, les ennemis extra-terrestres et les dits niveaux ont juste ce qu'il faut d'originalité pour ne pas nous ennuyer complètement. On a donc quand même envie de poursuivre, alors on s'accroche et on s'amuse un peu, aidé en cela par le personnage de Bob. Bob est un alien mais c'est en même temps une espèce de robot. Il est assez sympathique. Comme personnage, il aurait pu avoir de l'avenir, et on s'étonne un peu que son jeu n'ait jamais eu de suite. Il est bien animé, possède des mimiques rigolotes, notamment quand il meurt, et en même temps se bat énergiquement. Avec ses deux gros yeux blancs façon cartoon et son parler d'ado (des années 90), il devient assez vite attachant.

En outre, il manie bien l'artillerie lourde. Il peut accumuler 6 armes et 6 gadgets, plus son poing, extensible, la seule arme qu'il possède à tout moment. Détail intéressant, les armes sont classées par ordre de puissance. Laser simple, triple, lance-flammes, missile, éclair, vague. C'est très important car la différence entre elles est considérable, en particulier pour les deux dernières. Si vous conservez celles-là jusqu'aux boss, vous n'en ferez qu'une bouchée. Deux coups généralement suffisent à détruire chacune de leurs phases ! Mais quoiqu'en apparence difficiles, les boss peuvent aussi s'éliminer avec les armes qu'on nous donne sur le moment.

Les six gadgets quant à eux sont rangés dans le désordre: l'ampoule, qui pétrifie les ennemis avec un effet de distorsion impressionnant; le bouclier d'énergie, qui a des utilités secondaires qui vous sauveront la vie; le parapluie, pour ralentir sa chute, ce qui donne lieu à quelque phases tendues; le ressort, que l'on peut enchaîner pour s'élever très haut; l'hélice, pour voler brièvement; et la bombe à minuterie. Leur usage est assez malin mais quelque peu déraillé par la fragilité de ceux qu'on utilise le plus. Le ressort est fugace, l'hélice se volatilise si on se cogne la tête, le parapluie si on pose les pieds, et dans les deux cas, c'est la chute.

Et là, nous commençons à entrer dans les défauts de B.O.B. Il y en a tellement qu'il est difficile de les éviter; c'est d'autant plus dommage que la plupart sont des fautes de game design, c'est-à-dire juste de mauvais choix. Restons avec les armes et les gadgets. On les obtient en ramassant des bonus et leur quantité est limitée à 99 pour les premières, 9 pour les seconds. C'est assez restrictif. La distribution n'est pas très généreuse et on se retrouve souvent à court de munitions si l'on y prend garde. Mais il y a bien pire: lorsque Bob meurt, il perd TOUT. On lui redonne juste le laser de base à 50 et un gadget, généralement le ressort, à 3. En d'autres termes, le jeu vous empêche de faire des provisions, ce qui est incroyablement frustrant et tue une partie de l'intérêt. De même, les mots de passe, offerts sporadiquement, ne sauvegardent rien d'autre que la position.

Sans avoir la possibilité d'emmagasiner des munitions, faire le jeu d'une traite relève du cauchemar. La perspective pourtant n'aurait pas nécessairement été déplaisante, malgré le manque de variété des nombreux niveaux.

Bob a un autre énorme désavantage. Lorsqu'il tombe de trop haut, une animation le montre étourdi et on ne peut bien sûr plus rien faire. Mais cela tourne au scandale quand on réalise que l'on est malgré tout vulnérable ! C'est-à-dire que si l'on s'échoue sur une plaque de feu, pendant tout ce temps notre barre de vie diminue. La raison à ça est que Bob ne possède aucune invincibilité temporaire, celle que les autres jeux nous donnent après que l'on a reçu un coup, justement pour éviter que les dommages s'enchaînent à une vitesse surnaturelle ! Cette ineptie conjuguée à la précédente et on se retrouve avec un héros plus fragile qu'une fourmi (il en a des faux airs, d'ailleurs).

"Il ne faut pas tomber, il ne faut pas se cogner, il ne faut pas mourir, on ne peut rien faire dans ce putain de jeu !!", dirait sans doute le Joueur du Grenier. Il n'aurait pas tort.

Et pour en rajouter une couche, dites-vous bien que la barre d'énergie baisse bien moins vite que sur Super Nintendo. Comme si cela ne suffisait pas, Bob, ce pauvre Bob, souffre d'une autre tare: il est un peu bigleux. Pour le joueur, cela se traduit par deux difficultés majeures: grimper aux échelles et sauter sur les plates-formes. Pour les premières, il faut être bien en face. Pour les secondes, le saut est si guindé qu'il est difficile de se rétablir. Au début, ça ne dérange pas trop, car B.O.B. ressemble plus à un jeu d'action qu'à un jeu de plates-formes. On se dit qu'avec un gameplay aussi pourri approximatif, les concepteurs vont s'abstenir de nous servir beaucoup de phases comme ça. Ils ne sont pas si bêtes. Nooon. Eh bien... vous devinez la réponse. Dès la seconde planète, on nous demande d'enchaîner les sauts d'échelle en échelle, d'échelle à plate-forme, de mini-plate-forme en mini-plate-forme.

Vous en voulez encore ?? Mais si, voyons ! Au second niveau, on découvre avec stupeur que les blocs et les boules géantes nous tuent immédiatement. On se demande vraiment ce qui nous vaut cet honneur. Et les puits dont on ne peut pas sortir à moins d'avoir un ressort... et les ennemis punchers qui nous envoient valdinguer d'un bout à l'autre sans qu'on puisse réagir... (certains gadgets permettent quand même de casser le mouvement) et le temps limite... Ah, le temps limite ! Ca mérite qu'on s'arrête un instant. Tous les niveaux doivent se jouer dans un temps imparti, souvent très serré, qui nuit considérablement à l'exploration. Que voulez-vous faire dans un immense niveau quand vous n'avez que trois minutes pour en voir le bout ? La répartition du temps est mal pensée, on se demande même si elle a été pensée du tout ou s'ils ont juste dispersé les minutes au vent comme des pétales de fleurs.

Les auteurs ont quand même fait un bon choix. Une fois détruit, un ennemi ne revient plus... mais les bonus non plus ! Ah, on ne peut pas tout avoir, hein ! Cela signifie que si l'on a épuisé tous ses ressorts et ses hélices, et dieu sait qu'ils s'épuisent vite, avant de réaliser une ascension, eh bien, on est bloqué, et il n'y a plus qu'à attendre la mort le coeur résolu (et en regardant le compteur, car on ne peut pas dire qu'elle vienne vite quand on a besoin d'elle !).

Comme vous le voyez, le constat n'est pas brillant. L'accumulation de fautes graves de game design fait de B.O.B. un invalide, qu'on plaint plus qu'on ne le hait (même si c'est nous qui sommes le plus à plaindre). Il énerve sérieusement mais on a souvent envie de persévérer. La raison à cela tient aux niveaux, qui sont assez bons dans l'ensemble, aux ennemis, plutôt variés, à Bob lui-même bien sûr, et puis, à l'action: les tirs sont puissants, les robots se désintègrent, les monstres explosent dans une bouillasse violâtre. Il y a une énergie positive qui se dégage de ses mésaventures, et elle n'est pas sans évoquer les classiques du jeu d'action, comme Super Probotector.

Cette maigre réussite doit pour beaucoup à la réalisation. Il y a de bons bruitages, pas nécessairement convaincants mais fun, comme pour l'armement et les explosions. Les musiques sont très années 80, pas de la période des jeux vidéo mais du style synthétiseur de ces années-là, comme on l'entendait à la télévision. Rappelons quand même que nous sommes alors en 1993, le jeu a donc une bande son bizarrement rétro, d'une mode trop courte. L'animation des sprites est fluide, même si elle entraîne des ralentissements ici et là. Alors que le graphisme, jamais impressionnant mais toujours correct, a quelques occasions de se démarquer, notamment par ses jeux de couleurs et l'agencement de ses motifs, en particulier dans les cavernes de lave de la seconde planète.

Peut-être le meilleur conseil que l'on puisse vous donner est de commencer par la version Super Nintendo. Bavez-en autant que vous pourrez, aussi longtemps que vous le supporterez, et puis passez à la version Mega Drive. Peut-être la trouverez-vous beaucoup plus facile en comparaison... si ses propres défauts ne vous rendent pas chèvre ! Car non, il n'existe pas de bonne version de B.O.B., chacune contient son lot de vexations. Pour en revenir à la Mega Drive, les siennes sont telles qu'on a franchement du mal à s'en rappeler comme d'un bon jeu. On passe trop de mauvais moments. Et tout tient, finalement, à si peu de choses: en retirant ne serait-ce qu'un des mauvais choix du game design, si on ne perdait pas tout son équipement en mourant par exemple, le jeu en serait déjà bien meilleur.

Encore un cas flagrant de jeu mal testé. En supposant qu'il l'ait été... car contrairement à l'autre version, rien n'indique dans son générique que quelqu'un ait été assigné à cette tâche. Pas de bol, Bob ! Il n'y a pas que ton rencard que tu aies manqué. Mais rappelez-vous, Bob n'est qu'un adolescent comme les autres, alors on lui pardonne pour cette fois.

le 17 septembre 2014
par sanjuro



Jeu testé en version européenne
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