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TEST · REVIEW · CRITIQUECONSOLE NINTENDO FAMICOM (8-bit)


Au pays des têtes d'oeuf, les p'tits Lolo sont rois.

Eggerland

Eggerland

エッガーランド
 
 Famicom
 Disk System

Développeur:
HAL Laboratory

Editeur:
HAL Laboratory
Genre:
Réflexion

Joueurs:
1P

Dates de sortie
29.01.1987 Japon
très dur Difficulté:

68%Graphismes
69%Animation
66%Son
91%Jouabilité
93%Durée de vie

91%91%
Trucs et astuces

Choix du niveau:

A l'écran titre, éjectez le disque et remettez-le de nouveau face A. "Now loading..." puis "Please set side B" apparaissent. Appuyez maintenant sur A, B, Haut, Bas, Droite, Gauche. "Round 00" s'affiche. Sélectionnez 01 puis appuyez sur Start et commencez une partie normalement. Une fois dans le niveau, sur la seconde manette, appuyez sur A pour faire apparaître le round select, toujours sur la seconde manette, changez de niveau avec Gauche / Droite ou par groupe de dix avec Haut / Bas, validez avec A.

La boule, quel noble objet ! C'est elle qui renferme les meilleures parties du corps humain. A commencer par la tête, bien évidemment. Ca tombe bien, à Eggerland, on n'a rien besoin d'autre. Enfin si, quand même: deux petites mains pour pousser les blocs et deux petits pieds pour marcher à travers les nombreuses salles qui s'étendent sur ce vaste domaine. Ce sera le boulot du vaillant Lolo (boule bleue) à la recherche de la malheureuse Lala (boule rouge) kidnappée par le perfide roi Egger (gros tas verdâtre). Et il va falloir qu'il s'accroche parce qu'aussi mimi soit-il, Eggerland est lui impitoyable !

En Europe, on connaît ces personnage sur NES dans la fameuse trilogie des Adventures of Lolo. Mais en réalité, tout a commencé bien avant le jeu de 1989. A la base, il y a Eggerland, deux softs de 85 et 86 sur MSX, l'ordinateur très populaire au Japon sur lequel beaucoup de titres ont débuté avant de devenir des hits sur NES. C'est justement ce qui arriva à Eggerland, que HAL porta sur Famicom (la NES japonaise) dans trois jeux: Eggerland (adaptation du second titre MSX), Eggerland: Meikyuu no Fukkatsu et Eggerland: Souzouhe no Tabidachi (celui-là est un peu un add-on).

Pour résumer la situation, il existe une trilogie Eggerland comme il existe une trilogie Lolo. Mais si le principe reste le même, le contenu lui n'est plus tout à fait pareil. Ce n'est pas surprenant évidemment: il y a deux ans d'écart entre Eggerland et Adventures of Lolo, HAL en a donc très certainement profité pour améliorer la formule. Eh bien, étonnamment, non, c'est l'inverse qui s'est produit: avec Adventures of Lolo, HAL a en fait simplifié le jeu, peut-être parce qu'il était destiné au marché occidental, peut-être parce qu'il était sur cartouche au lieu d'une disquette Famicom Disk System, toujours est-il qu'en passant de l'un à l'autre on note des changements significatifs et pas dans la direction attendue.

Pour rappel, Adventures of Lolo avait un déroulement ultra-linéaire, typique de ces jeux de réflexion: on terminait une salle, on passait à la suivante, comme de gravir des échelons, avec un mot de passe si l'on mourait. Dans Eggerland, pas de linéarité; au lieu d'avoir une seule porte, les salles en ont souvent plusieurs. C'est parce qu'ici le château forme une grille dans laquelle on peut circuler librement dès que le problème de la salle où l'on se trouve a été résolu. Adventures of Lolo avait 50 niveaux, la grille d'Eggerland est de dix salles par dix, plus quelques autres cachées dans le sous-sol et à la fin. Total: 120 niveaux; plus du double !

Il existe d'ailleurs un plan, qu'on appelle avec B; encore faut-il le trouver puisque lui aussi est caché (un indice: c'est dans une salle pas très loin du point de départ). Toujours au rayon des différences, FDS oblige, Eggerland possède une sauvegarde. L'un des seuls domaines où Lolo fait un peu mieux que son aîné est le graphisme. Eggerland se joue sur fond noir dans un décor sans relief et son intro est moins impressionnante techniquement. Mais les deux jeux n'étant ni l'un, ni l'autre des oeuvres d'art, cela n'a au fond guère d'importance. De même, il a plusieurs musiques, mais la principale prend très vite la tête.

Ce qui compte évidemment, c'est le challenge, et celui d'Eggerland est rudement bien fourni. Le concept, le mécanisme de jeu, tout est identique à Lolo. Pour déverrouiller les portes, on doit s'emparer de la clef qui se trouve dans le coffre, mais celui-ci ne s'ouvre qu'une fois tous les coeurs collectés. Pour atteindre les coeurs puis la clef, Lolo doit s'ouvrir un chemin en poussant des blocs et surtout en faisant attention aux créatures qui viennent en de nombreuses variétés. Il y a les limaces, inoffensives, les monstres dormeurs, qui s'éveillent une fois le coffre ouvert, les monstres bloqueurs, qui peuvent nous coincer, et les monstres tueurs, mobiles ou immobiles.

Les statues avec les cheveux ébouriffés par exemple nous tuent net dès qu'on traverse leur ligne de mire, il faut donc se débrouiller pour les bloquer ou les contourner. Les armadillos rouges eux s'agitent nerveusement et nous pourchassent. C'est l'un des adversaires les plus pénibles, car ils sont difficiles à éviter et changent le jeu de réflexion en jeu d'adresse, encore que le rythme soit moins dramatique que dans Lolo: les ennemis ne sont plus tous aussi rapides et précis. Les crânes, souvent nombreux, restent inactifs jusqu'à l'ouverture du coffre, après quoi ils déambulent comme des revenants. Lorsqu'on se retrouve coincé, on peut se suicider avec Select. Et il ne faut pas se gêner pour en abuser, puisque les continus infinis nous raniment de la même façon que nos 5 vies.

De surcroît, Eggerland commence fort, avec des salles difficiles dès le début. Il met moins l'accent sur la progression que sur la diversité. Le style des salles, malgré le ton sobre, varie beaucoup. Certaines sont vraiment complexes et demandent de connaître toutes les règles et particularités du jeu sur le bout des doigts. Le petit détail auquel vous ne prêtez pas attention d'habitude peut être celui qui vous sortira de ce problème apparemment insoluble. Et puis il y a une quête cette fois-ci, avec des clefs magiques à récupérer et des personnages à retrouver. Lolo peut également naviguer, en suivant le courant, sur un radeau ou un des oeufs qu'il peut parfois créer.

Eggerland a quand même un défaut substantiel. A la barre d'affichage, en bas à droite, il y a une case avec un point d'interrogation au-dessus. Lorsqu'elle est remplie, cela signifie que la salle a un secret lié à l'élément représenté. Ce qu'il faut faire avec cet objet nous est complètement inconnu. Parfois, c'est simple, il suffit juste de tirer dessus ou de le bouger, mais d'autres fois, il faut effectuer une manipulation que seul le hasard ou une aide de jeu pourrait nous révéler. L'introduction du hasard dans une épreuve fondée sur les facultés intellectuelles est une faute d'appréciation, d'autant qu'il est indispensable de percer le secret pour pouvoir continuer.

On se retrouve dans un cas de figure assez similaire à la fin, lorsqu'on ne parvient pas à franchir la première des salles menant au boss, pourtant toute simple. C'est qu'il nous faut d'abord dénicher quatre personnages cachés dans les salles où l'on atterit via les tunnels téléporteurs. Peut-être cela est-il expliqué dans la notice, mais dans le jeu même, pas le moindre message ou indice. A moins d'avoir dévoilé une de ces cachettes sur un coup de génie ou de chance, comment peut-on espérer comprendre ce genre de procédé ? Toutes ces finasseries auront heureusement disparu d'Adventures of Lolo. Quant au boss, rien d'insurmontable, on l'affronte au "janken", pierre-papier-ciseaux, après quoi Lolo lui distribue une volée de coups digne de Sangoku ou Yusuke.

Pas de doute, si vous avez aimé Adventures of Lolo sur NES, vous aimerez Eggerland sur Famicom. C'est la même chose mais avec un peu plus de choix et de surprises et deux fois plus long. Bonne chance pour le trouver par contre ! Si vous arrivez à mettre la main sur ces Lolo-là, vous êtes assurément habiles de vos doigts.

le 30 mars 2014
par sanjuro



Jeu testé en version japonaise
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